Une enquête ouverte début septembre par le parquet de Paris. C'est Delphine Batto, députée de Génération Ecologie qui avait signalé une possible prise illégale d'intérêts dans ce dossier de la part de l'ancien membre du ministère de l'économie.
General Electric fait décidément parler de lui. Le groupe américain a annoncé au mois de mai la suppression de 1.050 emplois en France dont près de 800 à Belfort dans la division turbines gaz.
Depuis avril 2019, Hugh Bailey est le patron de GE France. Il fut entre 2014 et 2016 conseiller pour les affaires industrielles et le financement à l'export auprès d'Emmanuel Macron à Bercy alors que ce dernier était ministre de l'Économie. Il avait rejoint le groupe GE en novembre 2017.
C'est à cette période, en 2015 que Emmanuel Macron a dirigé le rachat de la branche énergie d'Alstom par le géant américain General Electric. Lors de ce rachat, GE s'était engagé à créer 1.000 emplois en France, et n'a jamais tenu ultérieurement sa promesse. Le groupe américain a dû payer 50 millions de pénalités.
Comment ce proche d'Emmanuel Macron a-t-il été nommé à la tête de GE ? La députée écologiste des Deux-Sèvres avait fait un signalement à la justice. Elle dénonçait la nomination de Hugh Bailey alors que ce dernier avait eu à traiter des dossiers relatifs à cette entreprise quand il travaillait au ministère de l'Économie. La députée mentionnait notamment le fait qu'une "aide de 70,3 millions d'euros" ait été accordée par Bercy à General Electric Energy Product "pour l'achat de 4 turbos alternateurs pour une centrale à cycle combiné à Bazian en Irak, au premier semestre 2016".
Philippe Petitcolin, de l'intersyndicale du site de Belfort a appris cette ouverture d'enquête en début d'après-midi. Pas vraiment surpris. "Hugh Bailey ne devrait pas être aujourd'hui le patron de GE France" dit-il. Selon lui, Hugh Bailey a travaillé avec le groupe GE lorsqu'il était à Bercy et que le groupe cherchait à négocier des cautions pour plusieurs de ses projets. Cette ouverture d'enquête ne changera rien pour nous dit-il. "Mais cela confirme les liens serrés à l'époque entre GE et le gouvernement français. N'importe quel gouvernement censé n'aurait pas vendu la branche énergie d'Alstom à ce groupe !" ajoute-t-il.
Cette ouverture d'enquête intervient à la veille de la première réunion du comité de suivi sur le dossier General Electric. Elle a lieu mercredi 11 septembre à Paris et sera présidée par Bruno Le Maire, ministre de l'Economie.
Fin juillet, l'intersyndicale du site GE de Belfort avait adressé à Bruno Le Maire une "mise en demeure" réclamant "une analyse +robuste+ permettant de vérifier la réalité des engagements pris" par le groupe depuis 2014.
L'enquête préliminaire, sera confiée à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales (OCLICCF). Fin juin, GE avait affirmé que "ces allégations" sur Hugh Bailey étaient "infondées". M. Bailey "se réserve le droit de prendre toute mesure légale nécessaire contre ces déclarations diffamatoires et pratiques calomnieuses", avait précisé son avocat Benjamin Van Gaver.