La présidente de région Bourgogne Franche-Comté vient d'écrire à Bruno Le Maire. Elle se dit inquiète pour les fournisseurs des sites GE de Belfort et Bourogne (Territoire de Belfort). Le groupe américain leur a demandé de baisser les prix de 20% en raison de la pandémie de coronavirus Covid-19.
C'est un courrier en date du 20 avril qui a mis le feu aux poudres. GE a demandé à ses fournisseurs de la branche gaz de baisser leurs prix de 20% sur les contrats en cours et à venir.
Le groupe américain fait valoir que ses clients "subissent une pression sur les financements et les coûts" et lui demandent eux-mêmes "des réductions de coûts significatives".
Nous "avons besoin de votre soutien pour rester compétitif dans cet environnement difficile", assure le groupe à l'adresse de ses fournisseurs. "Compte-tenu de la situation actuelle, nous attendons de vous une réduction de 20% de vos prix", poursuit-il, leur demandant de la confirmer "avant le 1er mai 2020".
Ce courrier du groupe américain avait déjà suscité le tollé. "C'est un scandale", s'était insurgé Louis Deroin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) du Territoire-de-Belfort. "Demander à nos entreprises de baisser leurs prix de 20 % pour cause de Covid-19 relève d'une attitude économiquement meurtrière pour nos PME", estime-t-il.
Marie-Guite Dufay demande à l'Etat d'intervenir auprès du groupe américain
Cette fois-ci, c'est la présidente de la région Bourgogne Franche-Comté qui monte au créneau. Elle vient d'écrire à Bruno Le Maire, ministre de l'Economie. Elle rappelle que dans sa région, 366 000 salariés sont actuellement en activité partielle soit 52% des salariés du territoire. Toutes les entreprises sont en difficultés, petites comme grandes.
Dans son courrier au ministre, Marie-Guite Dufay précise : "L’épisode du Covid19 met en exergue de nombreuses difficultés à travers le pays dont celle d’un site industriel du Nord Franche-Comté pour lequel vous vous êtes personnellement investi. Sans une nouvelle intervention de votre part, le compromis entre General Electric et l’intersyndicale du 21 octobre 2019, et qui a démontré la détermination de toute une région pour sauvegarder emplois et compétences, risque d’être profondément remis en question.
Les tensions sont palpables et ne seront qu’accrues dans les jours qui viennent. Fragilisés depuis 2018, les 270 fournisseurs de l'usine de Belfort et de Bourogne s'apprêtaient à se diversifier pour garder la tête hors de l'eau. Or, le courrier de General Electric Power Gas du 20 avril leur demandant de baisser leur prix de vente de 20% est une provocation qui ne peut rester sans réponse de votre part. La médiation avec GE France et la saisine du médiateur des entreprises sont de natures à rassurer les entreprises."
Mettre la pression sur le prix dans le contexte actuel relève du suicide économique et industriel
"Mettre la pression sur le prix dans le contexte actuel relève du suicide économique et industriel et cela démontre la volonté de la firme de Boston d’externaliser les activités belfortaines sous prétexte du contexte sanitaire. Les informations en ma possession confirment un redémarrage de l’activité délocalisée en Hongrie, voire en Arabie Saoudite ou à Greenville.
C’est une remise en cause totale du projet industriel qui a été travaillé de concert entre les salariés et la direction locale et celà depuis plusieurs mois. Il s’en dégageait 10 axes de développement dont un projet de relocalisation des cycles courts de fabrication. Ces investissements rentables à court et moyen terme ne semblent plus la priorité du groupe tout comme la diversification. GE ne juge non plus opportun de poursuivre la piste de l’aéronautique en raison des difficultés de sa division aviation suite à l’arrêt total du trafic aérien mondial.
Pire encore. Jugeant le site de Belfort moins compétitif que d’autres sites européens, GE prend comme prétexte l’absentéisme et la diminution temporaire de l’activité liée à la pandémie de Covid19 pour accélérer une délocalisation vers son usine de Hongrie. Avec un an d’avance, certaines pièces à faible valeur ajoutée sont transférées mais d’autres fabrications suivent comme les aubes directrices qui ne font pas partie de l’accord de 2019" écrit au ministre la Présidente de région.
La président de région veut alerter le Gouvernement. Et demande au celui-ci d'interpeller rapidement les dirigeants de GE "afin de retrouver l’esprit des accords d’octobre 2019".
GE supprime 10.000 emplois supplémentaires dans l'aviation
Le groupe américain a annoncé ce lundi 4 mai qu'il allait procéder à 10.000 suppressions d'emplois supplémentaires dans sa division aviation en raison de la pandémie de Covid-19 qui décime le transport aérien et les commandes d'avions dont GE fabrique les moteurs.
En France, c'est la division gaz du groupe américain qui a fait l'objet de réductions d'effectifs ces derniers mois. Annoncé le 28 mai 2019, le plan social du groupe américain s'est soldé dans le Territoire de Belfort par 485 suppressions de postes sur les sites de Belfort et Bourogne qui fabriquent des turbines à gaz pour le monde entier. Le plan prévoyait au départ 792 suppressions d'emplois. 307 postes ont été sauvés lors des négociations.