General Electric : les salariés votent pour le plan de sauvegarde de l'emploi de la direction

Les salariés de General Electric venus participer à l'assemblée générale organisée par la CFE-CGC et Sud à Belfort ont voté massivement pour le plan de sauvegarde de l'emploi présenté par la direction jeudi dernier. 307 emplois seront épargnés et 12 millions d'euros d'économie devront être réalisés.



Sur les 792 emplois que la direction de General Electric souhaitait initialement supprimer pour sa division Energy dans le Territoire-de-Belfort, 307 emplois seront épargnés en contrepartie d'un plan d'économie de 12 millions d'euros sur un an. Ce plan a été proposé à un millier de salariés ce matin dans les locaux de General Electric à Belfort lors d'un vote à main levée organisée par la CFE-CGC et Sud. Une très large majorité a voté en sa faveur. La CGT a refusé de participer à ce vote estimant ce PSE insatisfaisant. Une opposition exprimée lors de la manifestation de samedi dernier. Près de 3000 personnes avait défilé pour soutenir les salariés de General Electric. 

Six semaines de négociations vont commencer entre syndicats et direction pour préciser l'application de cet accord cadre. Dans un communiqué, la direction de General Electric "salue le vote des salariés et décale ainsi la date de fin de la procédure d’information-consultation relative au PSE au 29 novembre 2019" et souligne "le souhait partagé de construire un projet industriel robuste pour l’activité gaz à Belfort". 
 

Voici le contenu de cet accord : 
-Conservation de la ligne de fabrication des Stator-combustion du site de Bourogne "jusqu'à affectation effective du personnel sur de nouvelles productions, soit environ 12 mois". Cette ligne devrait être délocalisée en Hongrie. 
-Le maintien de 307 emplois (contre 111 dans le plan initial) est conditionné à un plan annuel d'économie de 12 millions d'euros prévoyant notamment : 
#suspension du jour de solidarité pendant trois ans.
#suspension du 4e jour d'ancienneté pour les cadres pendant trois ans (en option)
#pas de gel des salaires si gain de 5% de productivité sinon pas d'augmentation la 1ere année et 0.5% d'augmentation la 2e année
#aucune modificaton des primes de doublage, nuit, week-end, transport.
#possibilité pour l'entreprise de payer en heures supplémentaires les deux heures de 35 h à 37 h majorées à 10% au lieu du repos, soit une diminution jusqu'à 10 jours de rtt en echange d'une augmentation du salaire net. 
#suspension des équipes de week-end. 

Selon le syndicat Sud, ces économies sont réparties à 50% par l'entreprise, 34% par le 2e et le 3e collèges et 16% par le 1er collège. Dans son tract, le syndicat précise qu'il y aurait une possibilité "qu'il n'y ait à la fin de la procédure aucun licenciement sec grâce au cadrage de la seconde vague sur le projet industriel". 

Pour Philippe Petitcolin,  porte-parole de l'intersyndicale  CFE-CGC-Sud chez General Electric Energy à Belfort, cet accord est une réusssite : 

Les organisations syndicales ont réussi à imposer que l'on revoit le projet industriel. L'avancée majeure est que nous avons pu lié le projet industriel au PSE.
Il reste encore six semaines justement pour justement négocier cette articulation entre projet économique et volet social.

Pour SUD, cet accord est également un succès : 

On a sacrément progressé depuis dix jours, mais je n'ai jamais perdu confiance

a réagi Francis Fontana, responsable SUD.

Quant à la réaction de la CFE-CGC après l'éclatement de l'intersyndicale, Philippe Petitcolin estime que "la CGT a fait exploser en plein vol l'intersyndicale (...) Je pense que c'est une bonne chose qu'ils ne soient pas là ce (lundi) matin" lors du vote, a estimé le leader de la CGC-CFE.

La CGT entend mener des négociations séparées avec la direction, centrées sur le maintien des avantages sociaux. Selon M. Petitcolin la direction aura ainsi "deux fronts à gérer" avec "deux négociations" et des concessions à faire "aux deux camps" ce qui est "plutôt positif pour l'avenir des négociations".

Un dossier suivi par Bercy

Les effectifs vont ainsi passer, fin 2020,  à 1 275 employés. General Electric emploie quelque 4 300 salariés à Belfort, dont 1 800 dans l'entité des turbines à gaz. L'option qui a été votée par les salariés est le fruit de "discussions intenses" entre le gouvernement, General Electric et l'intersyndicale, conduites "depuis plusieurs semaines", avait souligné Patrick Mafféïs, vice-président des opérations industrielles de GE Power Europe.

Plaidant pour cette solution, il avait fait valoir que "l'activité gaz, mais aussi l'effort de diversification vers l'aéronautique et les autres activités mécaniques, devraient en profiter".

Le groupe américain avait annoncé en mai dernier un plan social prévoyant initialement la suppression de près de 1.050 postes en France, dont 792 à Belfort. Le dossier GE est surveillé de très près par Bercy, où une réunion a eu lieu mardi dernier afin de tenter de débloquer la situation. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a demandé à plusieurs reprises à la direction de mettre sur la table "un plan social moins important en terme de suppressions d'emplois". Deux jours plus tard, le plan qui vient d'être voté, a été présenté aux salariés. 

Des élus solidaires


De leur côtés, les élus du Territoire-de-Belfort et la présidente de la Région Bourgogne Franche-Comté, présents lors de la manifestation de samedi, rappelent dans un communiqué commun que 

le vote des salariés permet d'ouvrir une nouvelle période de négociations mais il reste du travail pour qu'un accord convenable pour les salariés soit trouvé. Durant 6 semaines, les organisations syndicales vont pouvoir améliorer ce plan avec pour objectif qu'aucun licenciement ne soit contraint.


Dans une interview à France Info, le maire de Belfort LR Damien Meslot, rappelle que sa collectivité a proposé à General Electric de racheter les bâtiments que le groupe occupe à Belfort pour alléger ses frais fixes. Si cette proposition se réalise, la ville supporterait une perte de 750 000 euros de revenus en provenance de la taxe foncière. 

Début octobre, l'intersyndicale avait déposé plainte contre l'État, pour non respect de l'accord signé en 2014 au moment du rachat d'Alstom. Une plainte reprise par la ville, le Département du Terriroire de Belfort et la Région Bourgogne-Franche-Comté. Dans leur communiqué, les élus, réprésentants différents partis politique, précisent qu'ils s'engagent à retirer leur recours devant le tribunal administratif "si des engagements forts sont obtenus : centre de décision, construction d'un projet industriel, nouvelles avancées pour les acquis sociaux". 

Restait un dernier point à régler pour que les négociations de ce PSE s'engage entre la direction et les syndicats : la fin du blocage des sites de Belfort et Bourogne. Depuis le 8 octobre dernier, la CGT avait organisé le blocage des accès aux sites de General Electric Energy Bourogne et de Belfort. En début d'après-midi, le syndicat a levé le blocage du site de Belfort et de Bourogne comme il s'y était engagé. Un déblocage "salué" par la direction de General Electric. 
 


 


 


 
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