Neuf ans de prison pour avoir poussé son ex-compagne au suicide : "il a tout fait pour l'anéantir", le témoignage des proches d'Agnès G

Victime de violences conjugales physiques et psychologiques, Agnès G. s'est suicidée en juillet dernier. Son ex-conjoint a été condamné ce 28 novembre 2024, à Belfort, à neuf ans de prison pour harcèlement moral ayant conduit à cet acte de détresse. Les proches d'Agnès retracent le harcèlement qu'elle a subi, et sa "descente aux enfers"

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La délibération aura duré une heure pile, pour un jugement sans équivoque. Jeudi 28 novembre, aux alentours de 20h, David G a été condamné par le tribunal correctionnel de Belfort (Territoire de Belfort) à neuf ans de prison ferme pour harcèlement moral ayant conduit au suicide d'Agnès G, son ancienne compagne,qui s'est pendue en juillet dernier.

Les experts du suicide sont formels : cet acte désespéré résulte d'une trajectoire de vie tout entière. On ne peut lui attribuer de cause unique. Ceci étant dit, une rencontre fait parfois tout basculer. Et la responsabilité des hommes violents dans le suicide de leurs victimes ne peut être ignorée. 

Agnès G. a mis fin à ses jours en juillet 2024, après avoir subi les violences physiques et psychologiques répétées de son ex-conjoint pendant quatre longues années. Cet homme comparaît devant le tribunal de Belfort, ce jeudi 28 novembre. En amont du procès, la famille d'Agnès G. raconte ce qu'ils ont vu de sa "descente aux enfers"

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1000 messages en 48 heures

D'après son petit frère, Agnès G. avait "la joie de vivre" jusqu'à cette histoire d'amour malheureuse. "Je l'ai vue descendre très rapidement, moralement. Elle était à bout de souffle", témoigne Dimitri G. 

Quand son compagnon tente de la tourner contre ses enfants, Agnès G. perçoit le danger et le quitte. "Mais il a continué à lui écrire. Il l'a oppressée, tous les jours de sa vie", enchaîne l'une de ses filles, Elvire G. Il la suit jusqu'à son travail, infiltre son téléphone, contacte ses proches quand elle change de numéro, menace de publier des vidéos intimes enregistrées à son insu, jusqu'à lui envoyer plus de 1 000 messages en l'espace de 48 heures. 

"Omniprésent"

"Il n'y a pas d'autre mot que l'enfer" pour décrire ce qu'elle a subi, selon son frère. Les jours qui précèdent son décès, la détresse d'Agnès G. est à son paroxysme. 

Elle transpirait d'angoisse. Je ne la reconnaissais plus. Elle parlait comme si il était à côté et qu’il l’écoutait. Il a tout fait pour l'anéantir et qu'elle sente qu'il est omniprésent. 

Dimitri G.

Isolement et inaction judiciaire

Pourtant, difficile de mesurer "l'ampleur" de ses souffrances pour Dimitri. "On ne pensait pas qu’il avait une telle emprise sur elle". "Elle a essayé de nous protéger et de nous mettre à l'écart de cette réalité", interprète, de son côté, la fille d'Agnès G.

L'inaction judiciaire est une autre cause de son isolement. Agnès G. porte plainte à plusieurs reprises. Lui écope d'un sursis probatoire de deux ans. Malgré une interdiction d'entrer en contact avec la victime, le harcèlement se poursuit. Mais le juge d'application des peines ne révoque jamais le sursis. "S'il l'avait été [révoqué], nous ne serions pas là aujourd'hui", résume l'avocat de la famille, Richard Belin. 

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Un délit récent

En la faveur de l'avocat, des preuves tangibles : "de nombreux appels et SMS", "une pression constante qui s'est intensifiée juste avant le décès". L'histoire, elle, n'est pas du côté des proches endeuillés. Le suicide forcé est un délit depuis peu. En 2020, il fait son entrée dans le Code pénal comme circonstance aggravante du harcèlement moral.

Entre cette date et 2023, le média LesJours.fr estime qu'une vingtaine de dossiers similaires ont donné lieu à une condamnation, quand 773 femmes victimes de harcèlement moral par (ex)conjoint se sont suicidées ou ont tenté de se suicider en 2023. L'ex conjoint d'Agnès G. encourt dix ans d'emprisonnement et 100 000 euros d'amende. 

Le suicide n'est jamais une fatalité. Si vous avez des idées suicidaires, parlez-en à vos proches, contactez votre médecin traitant, ou le 3114 (numéro national gratuit 24h/24, 7 jours/7, écoute professionnelle et confidentielle). La permanence téléphonique de SOS Amitiés est aussi disponible 24h/24 au 0972394050.

Ecrit avec Stéphanie Bourgeot et Jean-Stéphane Maurice.

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