Prêter ses bijoux de famille ou des trésors de guerre pour une courte durée et contre de l’argent : cela attire de plus en plus de monde. Il s'agit des prêts sur gage : une pratique mise en place dans les agences du Crédit Municipal. À Belfort par exemple, les particuliers sont de plus en plus nombreux à y recourir, avec la crise économique et la hausse du coût de la vie.
À Belfort dans le Territoire-de-Belfort, le Crédit Municipal ne connaît pas la crise. En ce moment, les prêts sur gage sont en augmentation. Il s’agit pour les particuliers de confier des biens de valeur à l'établissement public, pour une courte durée. Il peut s'agir « de bijoux, de montres, de tableaux, de instrument de musique ou de tout autre objet de valeur », selon le site Service-Public.fr. En échange, le Crédit Municipal accorde une somme d'argent. Elle dépend de la valeur des objets confiés. À Belfort, il y a 5 nouveaux dépôts par jour. La tendance s’est accélérée depuis la fin des confinements.
Une ultime solution
« Je travaille dans la restauration. En ce moment, je suis sous-payé et le coût de la vie augmente. J’essaie donc trouver l’argent là où je peux », explique Corentin. Cet habitant d’Hérimoncourt (Doubs) a deux enfants. Il n’a pas hésité à faire les 30 kilomètres qui le séparent du Crédit Municipal de Belfort. Dans ses affaires, il a ramené un casque de soldat ainsi que des timbres de la Première et de la Seconde guerre mondiale. Son objectif : prêter pendant quelques jours ou quelques mois ses découvertes du grenier à l’établissement public, pour recevoir un peu d’argent.
Avant de pouvoir peut-être recevoir quelques billets, ses objets doivent être examinés par un commissaire-priseur. Malheureusement, Corentin ne peut pas espérer grand-chose de ses souvenirs. « Le casque est entièrement repeint et refait. Il n’y a plus de garniture à l’intérieur, donc il ne vaut plus rien. Il faut vraiment qu’il soit dans un état impeccable », tranche Florian Dufrèche, commissaire-priseur à Belfort.
D'autres ont plus de chance. Sur sa balance spécialement conçue pour les bijoux, Yann Py pèse des colliers en or remis par un autre particulier. « Ici, il y a 35,42 grammes d'or. Actuellement, le taux de conversion est fixé à 20 euros par gramme d'or. La personne qui nous a remis ces colliers va donc recevoir 710 euros », assure Yann Py, responsable d'agence au Crédit Municipal de Belfort.
Affluence au Crédit Municipal
Le cas de Corentin n’est pas isolé. Depuis deux ans, le Crédit Municipal de Belfort voit davantage de monde passer. « On a remarqué des gens qui avaient récupéré des bijoux à la fin du premier confinement, quand il y avait un peu moins de difficultés. À cette période, il y avait moins d’occasions de dépenser de l’argent parce que les restaurants étaient fermés, par exemple. Maintenant, ces mêmes personnes reviennent nous voir pour déposer de nouveau ces objets, car la situation est en train de s’inverser avec la crise économique et l’inflation qui augmente », détaille Yann Py.
D'après le responsable d'agence au Crédit Municipal de Belfort, il ne faut pas s’attendre à ce que la situation s'améliore. Les prêts sur gage sont un moyen de contourner les refus des banques d'accorder des prêts traditionnels : c'est ce qui les rend populaires. Ils peuvent normalement s'étendre sur deux ans, mais en ce moment, le Crédit Municipal doit s'adapter. « On voit aussi des gens qui rencontrent des difficultés pour payer leurs prolongations sur les contrats existants. Donc on les aide, on accorde des délais », complète Yann Py.
Le Crédit Municipal est un établissement public. Il ne tire pas de bénéfice de ces prêts sur gage. En revanche, les particuliers doivent tout de même payer des intérêts, lorsqu'ils récupèrent leurs objets.