Dans le Territoire de Belfort, au 15 septembre, 5 à 10% des pompiers n’avaient pas présenté de pass sanitaire selon le SDIS 90. Parmi eux des professionnels comme des volontaires.
Brice Schott est sapeur pompier depuis 16 ans. D’abord volontaire puis professionnel dans le secteur de Belfort. Ce responsable du syndicat autonome déplore l’obligation vaccinale faite aux pompiers à partir du 15 septembre. Selon lui, de nombreux pompiers ont craqué face à l'obligation de se faire vacciner, et ont été arrêtés par leur médecin. “Ce sont des gens qui sont à bout. Ils avaient déjà du mal avant avec ce que le métier engendre. L’obligation vaccinale, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase… on n’arrive pas à comprendre qu’on puisse obliger un sapeur-pompier qui a 20 ans de service, qui a dévoué toute sa vie à secourir, aider les gens... et du jour au lendemain, on le met à la porte, sans salaire, car il est obligé de se vacciner, avec un vaccin qui n’empêche pas d’attraper le covid ou de le transmettre !” confie le pompier.
Selon Brice Schott, “au moins 16 pompiers professionnels du Territoire de Belfort ne sont pas vaccinés sur une centaine d’actifs à monter dans les camions”. Chez les sapeurs-pompiers volontaires, ils seraient une vingtaine voire une trentaine selon lui.
Une grande majorité des sapeurs-pompiers sont vaccinés
Au groupement de pompiers du Territoire de Belfort, les chiffres sont transparents. Au 15 septembre, le colonel Philippe Pautigny, directeur départemental des services d'incendie et de secours 90 affirme : “Aujourd’hui, une grande majorité des sapeurs-pompiers sont vaccinés, on est à la marge en terme de pompiers non vaccinés. Cela représente entre 5 et 10% au plus sur l’ensemble des 556 sapeurs-pompiers du département”.
Des pompiers non vaccinés, quel impact sur la chaîne des secours ?
Pour le SDIS 90, pas d’inquiétude à avoir pour les citoyens du plus petit département de France. La chaîne des secours est assurée. “L’organisation a su s’adapter. On a une complémentarité entre sapeur-pompier professionnel et volontaire pour répondre aux besoins de la population. Nous faisons face, la population est secourue convenablement à ce jour” assure Philippe Pautigny. Le colonel ne nie pas que la charge de travail va se reporter forcément sur les non vaccinés. “S’il y a trop d’absents, ça repose sur les gens présents de manière à assurer la permanence. Mais c’est à la marge, il y un bon état d’esprit collectif” assure le pompier. Brice Schott redoute lui des conséquences sur le fonctionnement des secours, avec des équipes réduites du fait du pass sanitaire.
Les premières suspensions, Nicolas dans le Jura ne peut plus exercer comme pompier volontaire
Ici et là, les suspensions de contrat commencent à tomber. "Quelque 3.000 suspensions" ont été signifiées à des personnels de santé non vaccinés contre le Covid-19 après l'entrée en vigueur mercredi de l'obligation vaccinale, a annoncé jeudi le ministre de la Santé Olivier Véran.
A Champagnole dans le Jura, Nicolas, pompier volontaire a reçu par mail sa suspension de contrat. Non vacciné, il s’attendait à cette mesure. Mais elle fait mal. “J’ai 17 ans de service, du jour au lendemain, on nous enlève notre passion, ce n'est pas correct” estime ce pompier volontaire. L’homme espère que le pass sanitaire va vite disparaître pour pouvoir retourner à la caserne. La suspension de contrat n’aura pas de grandes conséquences financières sur ses revenus, il travaille ailleurs. “Je n’ai pas voulu me faire vacciner juste pour ma passion. Le risque, on le prend tous les jours, sur les feux, sur la route comme l’accident de Loriol” dit. Ce pompier volontaire du Jura s’estime suffisamment protégé lors des interventions. “Le covid touche des personnes à risque, je ne vois pas l'intérêt pour un pompier de se faire vacciner… On devrait avoir le choix sur ce vaccin” lance-t-il. Nicolas espère que l’obligation vaccinale pour les personnels de santé sera levée au 15 novembre.
En Franche-Comté, les pompiers ont globalement bien adhéré à la vaccination, même si pour certains le choix fut contraint. La Haute-Saône compte 100% de vaccinés chez les professionnels, 96% chez les volontaires. 15 personnes ont été suspendues.
Dans le Doubs, 99% des professionnels ont leur pass sanitaires, 90% chez les volontaires, soit 250 personnes qui devraient être suspendues.