VIDÉO. Proxidentaire à Belfort et Chevigny-Saint-Sauveur : des "actes de mutilation volontaires" constatés, selon l'ARS

L'Agence régionale de santé a annoncé lundi 26 juillet, avoir pris de nouvelles mesures de suspension à l'encontre des centres dentaires Proxidentaire à Chevigny-Saint-Sauveur et Belfort. La société dénonce un "acharnement".

"Aujourd'hui, je ne peux plus parler avec des gens, parce qu'ils ne me voient pas de la même façon. Mes propres enfants me disent aujourd'hui 'tu ressembles à un singe'. Mon fils me dit 'Papa, c'est quand que tu vas mourir ?' Tous les jours, j'ai droit à ça, parce que je n'ai plus de dents."

Romuald Aubrun est un ancien patient du centre Proxidentaire situé à Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon en Côte-d'Or. Il y a neuf mois, la vie de ce père de famille bascule. Il fait appel aux services de la société pour une rage de dent. Depuis, il accumule beaucoup de souffrance. On lui a remis un dentier, qui lui fait mal et l'empêche de parler. "Il n'est pas adapté à ma bouche, je ne peux pas le mettre", confie-t-il.

Comme lui, près de 140 victimes présumées se sont regroupées en association. Sur Facebook, elles dénoncent des soins défaillants et des dentistes aux pratiques douteuses.

Lundi 26 juillet, l'Agence régionale de santé (ARS) de Bourgogne-Franche-Comté a annoncé avoir pris de nouvelles mesures de suspension à l'encontre des cabinets dentaires Proxidentaire situés à Chevigny et Belfort (Territoire de Belfort).

Elle motive sa décision "compte tenu de la gravité des manquements à la qualité et à la sécurité des soins constatés". Selon son communiqué, "des actes de mutilation et de délabrement volontaires ont été effectués sur des dents saines ou sans pathologie notable et sans justification médicale".

"Cela veut dire que les soins qui ont été réalisés non seulement ne sont pas appropriés, mais sont en réalité néfastes pour les patients qui les ont subis. En tout cas, c'est ce que nous concluons. Nous sommes dans une procédure qui est également contradictoire", précise ce mardi 27 juillet le directeur général de l'Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté Pierre Pribile.

"Nous avions déjà révélé des manquements graves à l'hygiène dans ces cabinets dentaires. Sur les manquements relatifs à l'hygiène, les réponses que nous avons obtenu jusqu'à présent ne sont pas satisfaisantes", poursuit-il.

"Nous avons réalisé des investigations complémentaires, d'une part avec l'appui d'experts-médicaux, et d'autre part avec des investigations communiquées par l'Assurance maladie qui ont relevé de nouveaux manquements."

Les nouveaux manquements relevés concernent notamment "une organisation dont nous jugeons qu'elle est préjudiciable à l'indépendance professionnelle des dentistes qui exercent dans ce centre dentaire" et "une tenue des dossiers médicaux que nous jugeons incompatible avec les exigences de continuité des soins pour les patients", ajoute Pierre Pribile.

L'ARS avait pris des premières mesures contre le centre de Chevigny-Saint-Sauveur le 9 juin et contre celui de Belfort le 7 juillet pour "divers manquements de nature à mettre en cause la qualité et la sécurité des soins". Leur activité était suspendue dans l'attente d'une correction des dysfonctionnements relevés.

"L'ensemble de ces manquements nous conduit à considérer que ce centre doit rester fermé. Nous lui donnons une période de deux mois pour apporter des garanties suffisantes", précise le directeur de l'ARS.

Proxidentaire dénonce un "acharnement"

Les deux centres gardent porte close tant que les dysfonctionnements ne sont pas corrigés. Les patients concernés peuvent "en cas de difficulté particulière" contacter l'ARS au 0 800 807 107 de 8h30 à 12h et de 13h30 à 17h. Les deux centres Proxidentaire ont ouvert récemment, celui de Chevigny en 2020 et celui de Belfort en juin 2021.

Le gérants des centres Proxidentaire, Jean-Christophe Marie, a répondu mardi 27 juillet aux nouveaux éléments avancés par l'ARS. "Il semble effectivement que les centres Proxidentaire dérangent un certain nombre de professionnels, tout particulièrement l'ordre des chirurgiens-dentistes de Dijon, qui dépense beaucoup d'énergie pour essayer de nous mettre en défaut", a-t-il indiqué.

Ce sont des affirmations unilatérales, jamais dans le contradictoire, et qui reposent sur les seules affirmations des inspecteurs de l'ARS.

Jean-Christophe Marie, Proxidentaire

"Au démarrage, on nous a reproché les normes d'hygiène. Ce qui est totalement faux, on l'a démontré, constat d'huissier à l'appui. Ensuite, on nous a reproché de ne pas respecter les règles Covid […] On nous a même reproché de contaminer les gens au VIH, pour l'hépatite. À ma connaissance, il n'y a rien. […] On est dans de l'acharnement, dans de la persécution, et on prend des milliers de patients en otage", a ajouté le responsable des cabinets dentaires.

Comme Romuald Aubrun, plusieurs patients ont porté plainte pour violences suivies de mutilations. Près de 7 000 personnes fréquentes les centres de Chevigny et Belfort.

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