Une ancienne salariée de l’HNFC près de Belfort a-t-elle drogué certains de ses collègues au sein du service réanimation ?. Une dizaine de plaintes ont été déposées en 2019. Me Stéphane Giuranna, l'un des avocats des victimes exhorte la justice de dire où en est l’enquête.
L’affaire a éclaté début septembre à la une de la presse régionale. De façon brutale, car les victimes n’ont depuis 14 mois aucune nouvelle de leurs plaintes.
Inacceptable pour Me Stéphane Giuranna qui défend une des présumées victimes.
Elles ont constaté avec effroi qu’une de leurs collègues introduisait avec une seringue un produit X dans leurs boissons qui s'avérera peut-être être un neuroleptique
“J’ai une cliente qui m’a expliqué des faits extrêmement graves. Elle travaillait dans un des services de cet établissement de soins. Elle se sentait mal, elle se sentait mal. Elle ne comprenait pas pourquoi. Elles étaient plusieurs à se sentir mal. Elles ont donc fait leur enquête en interne en essayant de filmer, le local de repos où leurs boissons sont entreposées. Elles ont constaté avec effroi qu’une de leurs collègues introduisait avec une seringue un produit X dans leurs boissons qui s'avérera peut-être être un neuroleptique” explique l’avocat.
“Les faits ont été dramatiques. Notamment pour ma cliente qui a eu un accident de la circulation grave, elle s’est endormie, elle a eu un état de santé dégradée, ça a duré des mois” ajoute Me Giuranna.
Cette femme a déposé plainte le 4 juillet 2019 peu de temps après les faits. Depuis, plus aucune nouvelle de la justice. “C’est inadmissible, on ne sait pas ce qui est en cours. Je sais qu’il n’y a pas d’information judiciaire ouverte. Je ne sais pas ce que le parquet fait, je l’ignore. 14 mois après, c’est ce que je dénonce, qu’aucune information, aucune communication des autorités judiciaires ne soient intervenues. Vous avez des victimes laissées dans l’ignorance”.
Joint par France 3 Franche-Comté, lundi 31 août, le procureur de la République de Belfort nous a indiqué que l’enquête pour administration de substance nuisible est toujours en cours. Il n’en dit pas plus.
A ma cliente, on répond que c’est long à cause du Covid, indique Me Giuranna. Dans ce dossier, le défenseur ne comprend pas que la justice n’aille pas plus vite. “”C’est contraire au principe du contradictoire, c’est aussi contraire aux déclarations du garde des Sceaux qui a souhaité que les enquêtes préliminaires ne s’éternisent pas” explique Me Giuranna. “On ne peut pas en 2020, laisser des gens dans l’ignorance, d’autant plus que les répercussions ont été graves en matière de santé” précise l’avocat.
L’aide-soignante mise en cause n’exerce plus à l’hôpital de Trévenans
La direction de l’hôpital du Nord Franche-Comté, a précisé dans un communiqué que l’établissement “a porté plainte contre l’agent suspecté, qui a été écarté sans délai de l’hôpital et exclu de l’établissement sur la base des éléments dont il disposait. Les soignants concernés par les faits ont été accompagnés par l’hôpital dans leur dépôt de plainte et sur le plan psychologique pour ceux qui le souhaitaient. L’hôpital reste dans l’attente de la suite donnée par la justice.”
La mise en cause exerce-t-elle aujourd’hui dans un autre établissement de soins ?
L’avocat Me Giuranna se pose cette question. “Ma cliente aurait appris que la mise en cause travaillerait aujourd’hui à nouveau, dans un établissement privé. Imaginez si c’est exact, c’est-à-dire que le silence du ministère public, l’absence de réaction, peut actuellement faire courir un risque à d’autres personnes, on ne ne peut pas continuer ainsi” lance agacé l’avocat lorrain, qui défend également à Besançon des victimes présumées de l’anesthésiste Frédéric Péchier, soupçonné de 24 empoisonnements de malades, dont 9 mortels.
L’avocat souhaite que la justice dise rapidement où est l’enquête concernant l’hôpital de Trévenans. “Il est temps que le principe du contradictoire soit respecté et que les plaignantes comme la mise en cause puissent faire valoir leur argumentation” conclut l’avocat.
Dans cette affaire, des prélèvements capillaires ont été réalisés sur la salariée que défend Me Giuranna. Les victimes veulent savoir quel produit aurait été administré à leur insu, probablement un puissant neuroleptique, estime l’avocat.
Une autre plainte doit arriver sur le bureau de la justice
En janvier 2019, une aide-soignante de l’HFNC qui avait travaillé de nuit est morte dans un accident de la route dans le Territoire de Belfort. Sa voiture a chuté dans la rivière la Savoureuse. Cette femme travaillait dans plusieurs services dont un proche du service réanimation. Son mari, que nous avons pu joindre par téléphone, nous a indiqué qu’il avait le 2 septembre déposé plainte à son tour, contre X.
L’hôpital de son côté, n’établit pas de lien avec les faits qui font l’objet actuellement d’une enquête pour administration de substance nuisible.