Le député Olivier Marleix (LR) avait saisi en janvier la justice pour qu'elle enquête sur les circonstances de la vente réalisée en 2014. Il a été auditionné. Le député émet l'hypothèse que la vente à GE aurait pu bénéficier à Emmanuel Macron pendant sa campagne.
Olivier Marleix a été entendu par les enquêteurs de l'Office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff) à la demande du parquet de Paris qui "souhaitait lui faire préciser les termes de sa dénonciation", selon une source qui confirme une information de l'Obs. "Son signalement et ses déclarations sont désormais en cours d'analyse au parquet qui étudie les suites à donner", a-t-elle ajouté.
Pourquoi Olivier Marleix a-t-il fait un signalement à la justice ?
Dans une lettre adressée en janvier 2019 au procureur de la République de Paris, Olivier Marleix ex-président de la commission d'enquête à l'Assemblée sur la politique industrielle de la France s'interrogeait sur les circonstances de la vente du pôle énergie d'Alstom à GE en 2014 et sur le rôle joué par Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie. L'élu s'étonnait que les autorités judiciaires françaises n'aient "jamais ouvert d'enquête" sur Alstom alors que l'entreprise avait notamment versé une amende à la justice américaine en 2014 pour des faits de corruption.
Il notait qu'Emmanuel Macron, alors à Bercy, avait "formellement donné l'autorisation" de la vente d'Alstom énergie et avait "également autorisé" d'autres cessions d'actifs "d'entreprises stratégiques françaises", citant celles d'Alcatel-Lucent au groupe finlandais Nokia ou de Technip à l'entreprise américaine FMC Technologies.
Il observait aussi que le candidat Macron avait bénéficié d'un "montant de dons records pour sa campagne" et estimait que "le fait que l'on puisse retrouver dans la liste des donateurs ou des organisateurs de dîners de levée de fonds des personnes qui auraient été intéressées aux ventes précitées" ne pouvait "qu'interroger".
Olivier Marleix émettait l'hypothèse que le "système" mis en place dans le cadre de ces cessions aurait pu bénéficier à l'actuel président de la République pendant sa campagne. "S'il était vérifié, un tel système pourrait être interprété comme un pacte de corruption", écrivait-il.
GE supprime 1.044 emplois en France
Cette audition d'Olivier Marleix intervient alors que le groupe américain GE vient d'annoncer 1.044 suppressions de postes en France dont l'essentiel à Belfort dans la division gaz issue du rachat du pôle énergie d'Alstom. Le gouvernement par la voix de Bruno Le Maire a demandé que le groupe revoit sa copie, jugeant ce plan innaceptable en l'état. Emmanuel Macron était d'ailleurs venu à Belfort en mai 2015 alors qu'il était ministre de l'Economie et des Finances pour garantir aux salariés d'Alstom et GE "l'avenir industriel" de la cité du Lion.