Le 2 août 1914, le caporal Peugeot était tué d’une balle devant la maison de la famille Daucourt où il était posté. Premier mort français de la guerre, deux jours avant même qu’elle n’ait commencé, il devint vite un symbole. Une victime de l’agressivité allemande qu’il fallait honorer au plus tôt.
Souscription nationale
Dès 1915, une souscription mondiale est lancée pour financer la construction d’un monument sur le lieu du drame, à Joncherey.C’est le secrétaire général de la mairie de Montbéliard qui en est à l’origine, soutenu par les élus locaux et nationaux. Car c’est l’occasion d’asseoir un sentiment anti-allemand auprès du grand public. Ainsi au côté de l’appel de fonds peut-on lire en 1916 dans les journaux « Il s’agit moins de glorifier un homme, que de flétrir, devant les âges futurs, la scélératesse boche…. » (cf.Petit Comtois 21 juillet 1916)
Une inauguration en grandes pompes
Le monument, en pierre jurassienne, arbore le portrait de marbre blanc du caporal Peugeot ainsi qu’un haut relief. On y voit une Teutonne casquée aux longues tresses poignarder un homme droit et serein. Accompagné d’une phrase : « pour la liberté et pour le droit ». Cette colonne est inaugurée le 16 juillet 1922 en grandes pompes par le président du conseil Raymond Poincaré. Un homme prénommé Henri, grand mutilé de guerre, lui remet à cette occasion des fers à cheval. Ce sont ceux qu’il a dérobés par hasard le 2 août 1914 au cadavre d’un soldat allemand: celui du lieutenant Mayer, meurtrier de Jules-André Peugeot.Le 27 juillet 1940, dès leur arrivée dans la région, les Allemands dynamiteront le monument hommage au caporal. Il sera réduit à un socle surmonté d’une croix, devenue croix de Lorraine à la libération. Il faudra attendre 1959 pour que soit érigé un nouveau monument en grès des Vosges, plus grand et plus imposant. Mais aussi beaucoup plus sobre, évoquant seulement le premier sang versé par l’Allemagne impériale et royale, trente heures avant le début du conflit.
Source archives :
- Collection Botelli
- Archives départementales du Territoire de Belfort
- Bibliothèque Municipale de Besançon
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Remerciements : Jean-Christophe Tamborini, archives départementales du Territoire-de-Belfort