À Autrechêne, dans le Territoire de Belfort, Heidi Frottier et plusieurs habitants contestent la coupe d’un frêne séculaire, touché par un champignon.
La scène prend place dans un petit village terrifortain. Ce mercredi 10 novembre, il est sept heures trente à Autrechêne quand Heidi Frottier, 20 ans, décide de grimper sur un arbre. « C’était une décision impulsive, comme un dernier recours », répond l’étudiante en langues. La mairie souhaite abattre le frêne centenaire, situé juste en face de la maison de la jeune femme. Une décision prise après la venue de l’Office National des Forêts.
Le constat de l'organisation, c'est qu'un champignon a envahi quelques rameaux du frêne. Rendues plus fragiles, certaines branches pourraient alors se rompre et tomber sur les automobilistes et les passants. Voilà pourquoi la mairie souhaite abattre le frêne. Heidi Frottier évoque, avec émotion, la situation : « Cela m’attriste, car j’ai grandi ici. Je suis attachée à cet arbre, et je ne peux pas imaginer ne plus le voir. Et je ne suis pas la seule... »
Dialogue de sourds
Avec quelques habitants, la résistance s’organise. « Nous ne remettons pas en cause l’aspect de la sécurité, le fait que les branches puissent tomber, mais pourquoi vouloir l’abattre ? demande la jeune femme. D’autant plus qu’au départ, la mairie voulait seulement d’un élagage des branches, pour éviter que la maladie se propage. »
Avec le collectif d’habitants, Heidi réclame ainsi une autre expertise pour confirmer ou infirmer la décision de la mairie. D’après elle, les négociations n’ont pas pu aboutir : « Refus catégorique de l’élue. Même quand on se propose de payer cette expertise ! » Le dialogue de sourds s’est donc poursuivi en haut de l’arbre. « Les gendarmes ont joué les médiateurs. Je suis restée là, tant que les bûcherons n’étaient pas partis. »
Deux heures trente après avoir commencé sa manifestation, sous les coups des dix heures, Heidi est descendue de son arbre. L'échange avec la maire n'a pas abouti. Si la manifestation pacifique s’est arrêtée là, la jeune femme n’en démord pas. Sa lutte prendra une autre forme – « légale cette fois !, répond Heidi, via une association peut-être. On réfléchit encore. » La municipalité a, quant à elle, reporté l’abattage au mois de décembre.