Emmanuel Macron doit s’adresser ce mercredi 31 mars à 20 heures aux Français. La fermeture des écoles est l'une des pistes privilégiées par le gouvernement pour ralentir la troisième vague de covid-19. A quel niveau se situent les contaminations chez les 0-19 ans ? On décrypte.
Quelle est la situation en Bourgogne-Franche-Comté ?
En France, la courbe des contaminations chez les jeunes est sur une pente ascendante depuis les vacances de Noël.
On compte au 27 mars :
- Au niveau national, 363 nouveaux cas positifs pour 100.000 jeunes de 0 à 19 ans.
- La Bourgogne-Franche-Comté est un peu en dessous de cette moyenne avec 302 nouveaux cas pour 100.000 jeunes. Ce chiffre est supérieur au seuil d’alerte fixé à 250.
Les 10-19 ans les plus touchés, c’est une certitude
Si l’on détaille les données, en Bourgogne Franche-Comté, le taux d’incidence des jeunes est fort chez les 10-19 ans : 431 nouveaux cas en une semaine au 27 mars pour 100.000 jeunes. Ce taux descend à 156 nouveaux cas pour les enfants de 0 à 9 ans.
Quels sont les départements où les jeunes sont les plus touchés ?
C’est le Doubs qui enregistre le plus fort ratio de contaminations chez les 0-19 ans. Le taux d’incidence dépasse les 451 nouveaux cas. Il dépasse même les 600 chez les 10-19 ans.
Les mineurs et moins de 19 ans de la Nièvre et le Jura sont ensuite les plus touchés.
Comment expliquer ce taux d’incidence chez les jeunes qui s’envole ?
Ce taux s’envole, il était dans la région de 99 à la mi-février, il a été multiplié par 3 en un mois en Bourgogne-Franche-Comté. Le phénomène a plusieurs explications.
Les dépistages ont été nombreux ces derniers jours chez les jeunes avec la mise en place des tests salivaires, et d’opérations de dépistage dans des établissements touchés par plusieurs cas de covid. On trouve ce que que l’on cherche dit l’adage. La contamination des jeunes apparaît au grand jour. C’est la partie immergée d’un iceberg qu’on ne voyait pas avant. Les jeunes sont plus touchés aujourd’hui que les plus de 80 ans chez qui la vaccination est engagée depuis trois mois déjà.
Dans le Doubs, qui caracole en tête des contaminations chez les jeunes, le département est rappelons-le touché par les variants britanniques, mais aussi sud-africains et brésiliens. Des variants plus contagieux qui malgré le protocole sanitaire mis en place dans les établissements scolaires peuvent propager l’épidémie. Le variant britannique est désormais majoritaire, un relâchement au niveau des gestes barrières engendre des contaminations. D’autant plus que les enfants sont souvent asymptomatiques.
Le 19 mars, le Préfet du Jura avait alerté sur la situation des jeunes et ce relâchement global lié à l’arrivée des vaccins et à une lassitude après un an d’épidémie. Selon le préfet et les données des équipes de contact tracing, “on a eu début mars dans le Jura une massification de cas de scolaires et mineurs au cœur des chaînes de contamination, à l’école, en extra-scolaire, puis entre jeunes, parents, grands parents". Le préfet citait quelques exemples remontés de la CPAM, la caisse d’assurance-maladie. Un goûter d’anniversaire qui regroupe une vingtaine de jeunes, et tout le monde se contamine. Un enfant de 10 ans qui invite des petits camarades dont un enfant identifié cas contact asymptomatique. Résultat, tous sont positifs.
Des jeunes à l’hôpital ? Oui mais peu
En France,128 jeunes sont actuellement hospitalisés pour des formes graves de covid-19.
- 83 ont entre 10 et 19 ans
- 45 ont entre 0 et 9 ans
En Bourgogne-Franche-Comté, 5 jeunes sont actuellement hospitalisés après avoir contracté le covid-19. Dont un en soins critiques selon les données de Santé publique France.
Les écoles sont un des lieux majeurs de contamination estime un médecin
Les écoles sont un "des lieux majeurs de la contamination" au Covid-19, estime le Pr Antoine Flahaut, directeur de l'Institut de santé globale de l'université de Genève, qui préconise leur fermeture dans le cadre d'un confinement "strict" de la France.
"Il n'y a plus beaucoup de lieux de contamination chez les adultes", avec restaurants et bars fermés, le couvre-feu, le télétravail etc, a déclaré le scientifique sur RTL ce mercredi 31 mars, quelques heures avant les annonces d’Emmanuel Macron. "Certes, il y a encore les cantines d'entreprise, mais les écoles représentent certainement un des lieux majeurs de la contamination aujourd'hui qui peut amener à avoir plus de 40.000 personnes contaminées chaque jour en France", a-t-il dit.
Selon le Pr Flahaut, "pour toutes les maladies virales respiratoires", les enfants "jouent un rôle très important". "Il y a beaucoup de promiscuité, ils sont dans des salles pas très ventilées, les gestes barrière sont plus compliqués pour eux à mettre en oeuvre", a-t-il détaillé.
Fermeture des écoles, un scénario repoussé depuis des mois
L'exécutif français a fait le choix de maintenir les écoles ouvertes en faisant appliquer un protocole sanitaire précis. Pour ne pas mettre en échec des jeunes déjà fragilisés par le confinement du printemps 2020, pour permettre aux parents de travailler, et à la vie d’avoir un presque retour à la normale sur ce plan là. La donne a changé, la France est entrée dans une troisième vague de l’épidémie avec des hôpitaux saturés dans les régions les plus touchées comme en Ile de France. Plus de 5000 personnes sont en réanimation. Le nombre de cas continue à augmenter malgré une campagne de vaccination qui doit s’accélérer au mois d’avril pour arriver à vacciner 10 millions de Français. Le conseil national de l'Ordre des médecins vient de réclamer dans un courrier adressé à Emmanuel Macron un "vrai reconfinement partout où c'est nécessaire", car la France a selon lui "perdu le contrôle de l'épidémie" de Covid-19. "Les patients de plus en plus jeunes, la contamination dans les écoles sont autant d'indicateurs marquants de cette dégradation continue de la situation depuis plusieurs semaines", estime l’Ordre des médecins.