A Geney, Sophie Rollet mène l’enquête pour éclaircir les circonstances de la mort de son mari. Chauffeur routier, Jean-Paul Rollet a été percuté par un poids-lourd dévié de sa trajectoire en 2014. En cause : l'éclatement d'un pneu "Goodyear". Le combat s'enclenche contre le géant américain.
Sophie Rollet se tient droite. Le regard franc, et la voix posée, la quadragénaire raconte son histoire, son enquête, son combat contre Goodyear, six ans après la mort de son mari. « Le décès de mon mari m’appartient, c’est une histoire personnelle, et ça devrait rester de l’ordre privé », rapporte-t-elle. Si la mère de famille évoque son histoire, aujourd’hui, c’est aussi pour mettre en lumière, les autres potentielles victimes.
Un éclatement de pneumatique
En 2014, un vendredi de juillet à Geney dans le Doubs. Dès l’aube, Jean-Paul Rollet part au travail, à bord de son camion-citerne. Le père de trois enfants est aussi chauffeur routier pour la Franc-Comtoise de carburants et combustibles (F3C).
Ce même jour, sur l’autoroute A36, un poids-lourd dévie de sa trajectoire, et provoque un carambolage. Devant son écran, face au journal télévisé, Sophie Rollet a un mauvais pressentiment. C’est le véhicule de son mari qui a été percuté. Il décède à 53 ans. Le chauffeur du deuxième poids-lourd trouve lui aussi la mort.
En cause ? Un éclatement de pneumatique. Depuis six ans, des dizaines d’accidents similaires s’accumulent, avec, bien souvent, comme constante, les pneus de la marque Goodyear. Sophie Rollet tente encore de rassembler les pièces du puzzle : « La question va être : est-ce qu’il y en aurait d’autres ? Ça a été le début du début, est-ce qu’on est sur la partie immergée de l’iceberg ? J’en ai bien peur …»
Seule face à Goodyear
En 2019, une expertise précise les circonstances de l’accident de son mari, et met en cause l’équipementier Goodyear. Philippe Courtois, avocat de Sophie Rollet, détaille : « Le pneu a été mal fabriqué et comporte des défauts qui le rend impropre à à sa commercialisation et donc à sa mise en circulation. »
Le manufacturier américain rejette toute responsabilité : « Les équipes techniques qui ont examiné le pneu ont trouvé des signes évidents de dommages par impact. Aucun défaut de fabrication n’a été constaté sur le pneu ». Seule face au géant américain Goodyear, Sophie Rollet souhaite qu’une enquête judiciaire soit menée.