Découvrez l'intégralité du plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes dans le Doubs et la réaction de Christine Perrot, présidente de Solidarité Femmes Besançon.
Joël Mathurin, préfet du Doubs, Christine Bouquin, présidente du Département du Doubs et Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon s'étaient donnés rendez-vous lundi 25 novembre dans les locaux de l'association Solidarité Femmes Besançon, pour la signature du plan départemental de lutte contre les violences faites aux femmes.
Le symbole était fort, puisque c'est cette même association qui s'est occupée de la protection et de l'accompagnement de Razia Akari, morte sous les coups de son mari en octobre 2018 à Besançon, malgré de nombreuses plaintes et une mesure d'éloignement prononcée à l'encontre de son époux. À l'époque, la stupeur dominait dans le milieu associatif et pour les acteurs locaux oeuvrant pour le droit des femmes, tant les alertes avaient été nombreuses auprès de la police et de la justice, en vain.
Lundi, les autorités compétentes étaient rassemblées pour exposer les différentes mesures prévues dans le plan départemental, initié à la suite du "Grenelle contre les violences conjugales", lancé début septembre pour endiguer le fléau des féminicides en France et pour que des histoires comme celles de Razia Akari ne se reproduisent pas.
Parmi ses mesures nationales, on retrouve par exemple l'amélioration de la prise en charge psychologique des agresseurs pour éviter les récidives, la saisie de leurs armes ainsi que le renforcement du numéro 39.19 désormais accessible 24/24 et 7 jours sur 7. Edouard Philippe, Premier ministre, veut également "offrir la possibilité aux médecins de déroger au secret médical" lorsque cela peut sauver des vies. Le bracelet anti-rapprochement, posé sous les 48h après le prononcé de la mesure, est également envisagé ainsi que la possibilité de suspendre ou aménager l’exercice de l’autorité parentale, lors de l’examen d’une plainte ou de la suspendre en cas d’homicide volontaire.
Écoutez Christine Perrot, présidente de Solidarité Femmes Besançon, réagir à ses mesures :
Au niveau local, les mesures déjà en place sur notre territoire ont été largement listées dans un document de 70 pages, à l'intérieur duquel de nouvelles mesures et un renfort de certaines missions des associations sont envisagées. À noter notamment la création de trois places en Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale pour les auteurs de violences à Montbéliard ainsi que la volonté de supprimer les nuits à l'hôtel pour les victimes de violences conjugales. Voici les principaux points abordés dans le plan départemental :
► Formation des acteurs et des personnels soignants.
► Éducation à l'égalité dès l'enfance dans les établissements scolaires.
► Mise en place d'un réseau territorialisé d'acteurs sur le Haut-Doubs.
► Accroîssement des missions d'accueil et d'écoute des femmes victimes de violence sur notre territoire grâce par exemple à une "permanence d’accueil à Pontarlier, sur rendez-vous, le premier mardi après-midi de chaque mois" ou encore une "permanence d’accueil à Morteau sur rendez-vous, le quatrième lundi matin de chaque mois."
► Evaluation personnalisée des victimes en collaboration avec France Victimes Besançon. Evaluation en 2 étapes :
- Une première évaluation générale et large est réalisée par les services enquêteurs pour déterminer les situations à risque
- Une seconde, approfondie est réalisée par FV 25 Besançon, sur réquisition du procureur de la République, avec l’accord de la victime.
►Création de 3 places d’Hébergement d’Urgence supplémentaires dans le Haute-Doubs afin d’éviter le maintien prolongé à l’hôtel, de proposer un accueil de qualité et sécurisé dans un logement adéquat pour donner aux personnes la possibilité de faire leurs propres choix.
► Suppression des nuits à l'hôtel pour les victimes : le fonctionnement des places qualifiées d’hébergement d’urgence ne permet pas un accueil 24h/24 et 7 jours sur 7. Il est nécessaire d'optimiser le recours sur le bassin bisontin à l’offre d’hébergement fonctionnant h24, à destination particulièrement des femmes victimes de violence.
► Renfort des actions de Solidarité Femmes 90.
► Lutte contre la fracture numérique, favoriser l’insertion sociale et professionnelle des femmes en difficulté sociale et éloignées de l’emploi.
► Proposition d'une solution intermédiaire d’hébergement (Sas d’environ 15 jours environ) entre la mise à l’hôtel et un hébergement d’urgence (ou le relogement), par le biais de la halte de nuit.
► Projet d’expérimentation d’une permanence de travailleurs sociaux de Solidarité Femmes au CHU de Besançon 1 jour/semaine dans le but "d'harmoniser les prises en charge des femmes victimes de violences au CHU sous forme d’un mode opératoire".
► Proposition de stage d'auto-défense via l'association Solidarité femmes et l'association PotentiELLE.
► Mise en place d’un dispositif d’accueil des auteurs de violences sur Montbéliard : création de 3 places en Centres d'Hébergement et de Réinsertion Sociale pour les auteurs de violences.
Consultez le plan départemental pour la lutte contre les violences faites aux femmes en intégralité :
Plan départemental pour la lutte contre les violences faites aux femmes - Doubs Le Premier ministre annonce qu'il reconduit quasiment à l'identique pour 2020 le budget alloué aux violences en 2019.
Au total, "le gouvernement consacrera l’année prochaine plus d’un milliard d’euros en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes dont 360 millions pour la lutte contre les violences faites aux femmes", a déclaré Edouard Philippe. Pour Caroline De Haas, militante féministe pour le droit des femmes et cheffe de file du mouvement #NousToutes, cette annonce n'en est pas une.
Plus largement, les associations féministes n'ont pas caché leur déception, même si certaines reconnaissent une prise de conscience globale."Il ne suffit pas de faire des annonces, il faut dire quels moyens on met pour que ce soit efficace", a estimé Marie Cervetti, directrice du centre d'hébergement et de réinsertion sociale de l'association FIT - Une femme un toit, dans les colonnes de FranceInfo. Marie Cervetti reconnaît que "le gouvernement est mobilisé dans pratiquement chacun des ministères." "Ce qui manque, c'est un cap beaucoup plus ambitieux", juge-t-elle néanmois.
Ils ne changent pas les politiques publiques. Les chiffres des violences ne baisseront pas.
Je suis dégoutée.https://t.co/BwEbB24zri