C'est une nouvelle forme de vente directe : dans l'Yonne, un couple d'éleveurs a créé "la vache à roulettes", un camion de vente itinérante de lait. Objectif : mieux rémunérer sa production.
► Comment mieux rémunérer la production de lait ? Cette question a été débattue pendant cinq mois lors des Etats généraux de l'alimentation et mercredi 31 janvier 2018, le gouvernement a présenté un projet de loi censé mettre fin à la guerre des prix entre distributeurs, et redonner un peu d'air aux agriculteurs. Ce projet de loi est le premier volet de sa "feuille de route" pour réformer le secteur de l'agroalimentaire français.
Le "projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine et durable" devrait aboutir "en septembre", a assuré le ministre de l'Agriculture, Stéphane Travert, à l'issue du conseil des ministres. Le deuxième volet, ce seront les plans de filière, un plan de sortie et de réduction des produits phytosanitaires, ainsi qu'un plan bio qui sera dévoilé au Salon de l'agriculture.
► Une grande partie de la loi vise à améliorer les relations commerciales dans le secteur agroalimentaire, en commençant par inverser la construction du prix payé aux agriculteurs. "La profession agricole c'est la seule que je connaisse qui ne facture pas et qui ne négocie pas son prix de vente", a expliqué M. Travert.
"Demain, grâce à cette contractualisation inversée, les agriculteurs qui seront réunis en organisations de producteurs avec des indicateurs fournis par les filières agricoles, pourront déterminer sur un bassin donné une indication de prix en deçà duquel ils ne pourront pas vendre leurs produits, car ils ne pourront pas vendre à perte".
► Réactions contrastées
La coordination rurale comme le Modef, deux syndicats agricoles minoritaires ont manifesté leur déception devant ce projet de loi. "Les engagements pris à la suite de l'opération de communication des EGA sont une fois de plus reniés", selon un communiqué de la coordination qui compte maintenant sur les parlementaires pour le transformer "en outil efficace et sauver ainsi les agriculteurs du naufrage".
En revanche, Serge Papin, le patron de Système U, s'est lui déclaré "très satisfait" du projet de loi car il "vise à la réconciliation, à dépasser le rapport de forces" entre distributeurs et agriculteurs.
► Pour être moins vulnérables face aux fluctuations des cours, de nombreux éleveurs imaginent d'autres circuits pour vendre leur production. La vente directe en est une. Dans l'Yonne, la famille Madélenat a même investi pour pouvoir vendre le lait de son exploitation de façon itinérante. "La Vache à Roulettes", c'est un investissement, mais c'est aussi une façon de reprendre la main sur le prix du lait.
Reportage à Auxerre et Ouanne, avec : Loic-Emmanuel Madélenat, éleveur laitier.