C’est un nouveau mode d’hébergement pour personnes âgées. La colocation. Deux maisons dédiées ouvriront à Champignelles (Yonne) le 20 juillet prochain. Elles s’offrent comme alternative aux Ehpad et se multiplient en Bourgogne Franche-Comté.
C’est une première dans le département de l’Yonne. Deux maisons dédiées à la colocation entre personnes âgées en perte d’autonomie ouvriront le 20 juillet prochain à Champignelles. « La ville répondait à tous nos critères, avec des services médicaux tels que des médecins ou des infirmières » explique Julien Comparet, de la société Ages et Vie, à l’origine du projet. Ces maisons de 380m² pourront accueillir 8 personnes chacune. Les colocataires seront accompagnés 24 heures sur 24 par six auxiliaires de vie, logés sur place.
Une alternative pour rompre l’isolement
Conçue pour les personnes ne pouvant ou ne voulant plus vivre seules, cette alternative entre leur domicile et l’Ehpad (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) permet aux colocataires de garder une part d’autonomie et de liberté, tout en profitant d’une aide au quotidien pour les repas, le linge, la toilette, le ménage, les déplacements... Ces maisons de colocation sont pensées pour rompre l’isolement et proposer un cadre de vie convivial.
Ce que voulait les dirigeants d’Ages et vie, c’est trouver un endroit où eux avaient envie de vieillir.
La liberté est laissée aux colocataires de participer ou non aux tâches du quotidien comme la cuisine ou le jardinage. Les colocataires pourront également apporter leurs propres meubles s’ils le souhaitent, choisir leur rythme de vie, les visites qu’ils reçoivent ou encore d’y vivre en couple ou avec un animal de compagnie. Un seul objectif : qu’ils se sentent comme chez eux explique Julien Comparet. « Ce que voulait les dirigeants d’Ages et vie, c’est trouver un endroit où eux avaient envie de vieillir. Ils se sont inspirés un peu d'avant, où tout le monde vivait sous le même toit. Ils voulaient que ça reste à taille humaine. »
Les habitants peuvent continuer de vivre à Champignelles. Ça permet aux gens de maintenir une vie sociale.
Cette initiative a été très bien accueillie par Eric Pauron, maire de Champignelles. Avec près de 1 000 habitants, la commune ne compte en effet pas d'Ehpad. « C'est un nouveau service pour ne pas perdre la population. Les habitants peuvent continuer de vivre à Champignelles. Ça permet aux gens de maintenir une vie sociale, alors qu'en maison de retraite, ils sont davantage bloqués, notamment avec les horaires » explique l'élu.
Moments de vie à la colocation Ages &Vie de Frotey-lès-Vesoul. #HabitatInclusif #bienvieillir pic.twitter.com/Ug3QnaiKTR
— Ages & Vie ? (@Ages_et_Vie) June 1, 2021
Une offre plus économique ?
L’un des avantages de ce mode de logement serait également financier, selon la société Ages et Vie. Pour un logement en Ehpad, le prix médian du loyer en France s’élève à 1 977 euros par mois sans aides, avec des grandes disparités en fonction de la ville notamment. Le tarif de la colocation se situe quant à lui entre 2 200 et 2 400 euros par mois. « Avec les aides perçues par les colocataires, le loyer se situe en moyenne à 1 600 euros par mois » ajoute Julien Comparet.
Selon la société Ages et Vie, les colocataires peuvent en effet prétendre à trois aides :
- L'allocation APA, pour les personnes en perte d'autonomie, de 60 ans minimum. Elle est calculée en fonction du revenu et de la dépendance des personnes.
- Le crédit d'impôt pour l'emploi d'une auxiliaire de vie à domicile, représentant 50% des dépenses annuelles d'aide à domicile.
- L'allocation logement.
En Ehpad, les pensionnaires peuvent également bénéficier d'aides financières, mais celles-ci sont différentes. C'est le cas notamment de l'Allocation sociale à l'hébergement (ASH), mais qui est versée sous critères de revenus.
Entre vie en communauté et liberté
Les maisons sont munies d’un espace commun composé du salon, de la salle à manger et de la cuisine. Les espaces privatifs de 30m² environ comprennent une chambre, une salle de bain et une entrée privative donnant sur une terrasse. Les logements peuvent leur être adaptés en fonction de leur besoin (barre d’appui, lit médicalisé…) promettent les concepteurs.
Un dispositif qui a déjà fait ses preuves en Bourgogne-Franche-Comté
Ces maisons partagées se sont déjà implantées dans une quarantaine de ville en Bourgogne-Franche-Comté, comme à Déchaux (Jura), à Saint-Léger-sur-Dheune (Saône-et-Loire), à Luzy (Nièvre) ou encore à Perrigny-les-Dijon (Côte-d’Or).
René, un résident d’une maison en colocation de Saint-Léger-sur-Dheune, s’est tout de suite plu dans sa nouvelle demeure : « j’ai quand même tenu trois maisons avant d’arriver là. Mais c’est là que je suis le mieux. » Comme lui, de nombreux seniors ont décidé de se tourner vers cette option. C’est le cas également de Colette, colocataire de René, à Saint-Léger-sur-Dheune : « quand vous avez un peu le cafard, vous venez vers les autres colocataires et ça remonte le moral ! »
Dans l'Yonne, une porte ouverte aura lieu le mercredi 9 juin sur rendez-vous pour faire découvrir le concept et les maisons au public. Les réservations sont ouvertes en priorité aux habitants de la commune.