Situé à Guillon, sur le chemin de randonnée reliant Vézelay à l’abbaye de Fontenay, le château de Courterolles est un lieu réservant de nombreuses et belles surprises pour les visiteurs. C'est un endroit singulier où se mêlent l'art du jardin et art contemporain.
Labellisé jardin remarquable en 2021, le jardin du château de Courterolles est un lieu incontournable pour les amoureux des plantes… et d’art contemporain !
Pascal et moi avons la chance de découvrir ce lieu incroyable en cette fin du mois de juillet avec, exceptionnellement ce jour, une météo plutôt clémente.
Le château de Courterolles est devenu la propriété d’Olivier Brenet et Philippe Parmenon en 2007.
Quand nous pénétrons par l’entrée principale, nous découvrons une belle cour entourée par la maison principale et des bâtiments annexes.
Depuis cette cour, une magnifique grille en fer forgé dessinée par le designer Franz Potisek et réalisée par Pierre Cluzel, artisan ferronnier installé dans le Morvan, nous invite à pénétrer dans le jardin. Mais ce n’est pas par cette entrée que Philippe décide de nous dévoiler le lieu.
Il nous avoue qu’au départ, Olivier et lui ne connaissaient absolument rien au jardinage quand ils sont arrivés, il a fallu tout apprendre !
Le projet d’aménagement du jardin a débuté il y a environ sept ans avec l’arrivée d’un jardinier qui travaillait auparavant au jardin botanique de Nantes.
Après son départ, Ludovic et Tatiana Delaire ont repris l’activité d’entretien du lieu. Ludovic est un jardinier expérimenté qui a travaillé dans de très grands jardins, notamment dans le jardin d’Eyrignac, situé au cœur du Périgord Noir. Il est aidé par Benjamin dans son travail car comme Pascal et moi allons le découvrir, le parc et le potager du château demandent beaucoup d’entretien.
Les propriétaires mettent également les mains dans la terre dès que leurs emplois du temps respectifs le leur permettent.
Le potager, élément majeur du domaine
Philippe, accompagné de Tatiana et de Ferdinand le chien de la maison, nous emmène tout d’abord en haut d’un escalier attenant à une dépendance pour visualiser une partie du potager. Nous sommes très surpris par le panorama qui s’offre à nous.
"Dans le potager c’est le règne de la géométrie" nous indique-t-il.
Des allées bien tracées délimitent de grands rectangles de gazon. Dans ces rectangles, ils ont installés d’autres formes géométriques comme des triangles, des losanges, des carrés. Dans ces carrés sont cultivées toutes sortes de légumes mélangés à des fleurs " on a un potager fleuri !".
Nous descendons ensuite dans ce potager pour le découvrir de plus près. C’est un vaste espace clos entouré de murs sur trois côtés.
Dans le fond se trouve le verger, proche de la rivière le Serein. Il est composé essentiellement de pommiers car ces fruitiers résistent bien à l’humidité.
Dans la partie la plus chaude du jardin se trouve l’orangerie. A l’intérieur se trouve une magnifique fontaine réalisée par le tailleur de pierre Raphaël Paingris. Cet élément permet d’apporter un peu d’humidité lors des fortes chaleurs. La fontaine est agrémentée d’un motif représentant un héron, animal très présent dans les différentes parties aquatiques du domaine.
Nous continuons notre découverte du potager par les multiples plants de légumes installés par Ludovic qui a planté notamment plus de 200 pieds de tomates de 107 espèces différentes.
Tatiana nous précise que chaque pied est issu des graines récoltées par ses soins et qu’il les répertorie soigneusement, comme pour la plupart des légumes et fleurs cultivés ici.
On se rend compte que lorsque l’on reprend les graines des productions précédentes, les plants vont mieux et se renforcent car ils s’habituent au climat.
Le potager est différent chaque année car les légumes ne sont jamais cultivés au même endroit. L’hiver, ils élaborent un plan de culture en reprenant les plans précédents afin de s’assurer d’une bonne alternance et d’une bonne association des différents végétaux.
Nous sommes sidérés devant la beauté de ce potager cultivé sans aucun apport chimique.
Dans un jardin, on ne veut surtout pas qu’on s’ennuie ! On peut être plus ou moins intéressé par les végétaux, mais on trouve qu’il est important de l’agrémenter par des "curiosités"
Et on est bien loin de s’ennuyer avec Pascal !
Outre les différents plants de légumes, les zones fleuries et les multiples essences d’arbres, les propriétaires ont sélectionné des objets issus de l’artisanat pour l’embellir.
Férus d’art contemporain, ils ont confié à Pierre Cluzel la création de fleurs en fer forgé.
Dans la partie verger s’élève une monumentale structure en métal sur laquelle grimpe un rosier liane, c'est la fontaine des roses. Elle a été dessinée par Franz Potisek et réalisée par le ferronnier avallonnais Jean de Saint-Phalle. " L’idée était d’avoir un élément de verticalité dans ce potager."
La transition avec le parc s’effectue par deux grandes plates-bandes fleuries. C’est là que se trouvent de nombreuses pivoines qui passent le relais de la floraison à différentes vivaces (gauras, verveines de Buenos Aires…)
Passé cette allée fleurie, nous arrivons devant la maison où s’étend un magnifique parterre dont les floraisons s’étalent de mars à novembre. De belles tâches bleues-violettes produites par des calaminthas ponctuent harmonieusement l’ensemble. " Un jour je me suis amusé à compter le nombre de plantes différentes qui constituent cette plate-bande…il y en a une cinquantaine !" nous indique Philippe.
Sur le côté de la maison se dresse un magnifique et gigantesque platane, c’est le grand arbre du domaine. C’est avec la complicité des célèbres pépiniéristes Adeline que les premiers arbres ont été plantés dans le domaine. Ces professionnels ont évalué l’âge du platane à plus de 250 ans. " On dit toujours en plaisantant qu’il a connu Marie-Antoinette qui aurait fait un détour par Courterolles en allant à Varennes !" ajoute Philippe.
Le parc du château, un lieu riche en découvertes
En tournant le dos à la propriété, nous découvrons le parc ouvrant sur une grande prairie sauvage. La prairie est fauchée courant août ce qui permet de conserver un bon écosystème et de préserver l’humidité. En cet été pluvieux, l’espace est très vert !
Face à cette prairie, Pascal et moi avons du mal à imaginer qu’aux abords se cache un jardin, riche en surprises botaniques et artistiques !
Nous débutons notre visite et changeons complètement d’ambiance. Sur l’un des côtés de la prairie, nous découvrons deux allées, l’allée des volières et l’allée des grenouilles, ouvrant toutes deux sur un jardin verdoyant. Philippe attire notre attention sur un arbre qui fait partie des beaux sujets du parc, un prunus serrula « Jaro » dont l’écorce acajou est exceptionnelle.
Dans ces chemins, c’est une véritable diversité de feuillages qui s’offre aux visiteurs avec les feuilles au panachage poudré d’un deutzia, les feuilles rouges d’un berbéris, ou celles marginées de blanc d’un cornus controversa Variegata (cornouiller des pagodes). De nombreux acers palmatum (érables du Japon) complètent ce tableau végétal.
Les platebandes sont organisées autour d’espèces remarquables, et si le potager est très géométrique, les allées du parc sont dessinées avec des courbes.
A chaque détour de la promenade, une nouvelle fenêtre s’ouvre sur un tableau inattendu car caché par la végétation.
Sous les grands arbres, en approchant de la rivière, s’épanouissent des plantes d’ombres comme les hydrangeas qui nous accueillent avec leur opulente floraison.
Nous traversons ensuite un petit pont en bois qui nous amène sur l’île. Un arbre implanté dans cette allée éveille notre curiosité, il s’agit d’un noisetier tortueux. Nous arrivons ensuite au bord de l’étang où un banc en pierre sculpté par Raphael Paingris offre une vue imprenable sur l’eau et invite les visiteurs à une pause bucolique.
Nous poursuivons notre balade jusqu’à la rivière Le Serein qui borde la propriété. Une magnifique allée de marronniers offre une fraîcheur naturelle aux promeneurs.
Pascal et moi continuons la visite par le petit arboretum qui regroupe une partie importante de la collection d'arbres et arbustes. De nombreux conifères très particuliers ponctuent le lieu. L’un d’eux retient notre attention, c’est le sapin de Corée nain "Kohout’s Icebreaker" dont le dessous des aiguilles recourbées a une couleur argentée. Une vraie découverte !
Difficile de retranscrire notre déambulation dans son intégralité, chaque circonvolution de notre parcours apporte son lot de découvertes et d’ambiances différentes (la baignade, les volières, la butte de l’étang, le marais…)
Nous terminons le tour du parc par le grand arboretum. Cette partie du jardin est sillonnée par plusieurs allées délimitant des petits espaces. 3 cairns (buttes de terre recouvertes par des pierres) de différentes tailles font échos à 3 mares installées en bordure de l’arboretum. De nombreux rosiers botaniques animent les parterres mêlés à des arbustes de feuillages différents. Sous les arbres, des tâches de couleurs sont apportées notamment par différents buddleias, un arbre à perruque et un gleditsia (févier d’Amérique) dont le feuillage passe au rouge en automne.
Quand l’art contemporain s’intègre harmonieusement avec l’environnement
Philippe et Olivier ont réussi le pari d’associer des œuvres contemporaines en résonnance avec le cadre naturel du château.
Le principe des œuvres d’art ici n’est pas de faire une collection, c’est d’avoir des choses totalement intégrées au paysage, il y a une connexion extrêmement forte... Les artistes avec lesquels on travaille ont tous une conscience environnementale très forte.
Pour eux, chaque œuvre doit produire une expérience, on ne doit pas rester passif face à ces œuvres.
La première œuvre à avoir trouvé naturellement sa place dans le domaine est Rocking, une sculpture de Gabrielle Conilh de Beyssac.
Rocking est une sculpture que l’on peut balancer. Son mouvement de balancier sur la dalle de béton résonne comme un chant.
Un peu plus loin, dans l’allée des grenouilles s’ouvre une clairière où se trouve La Constante d’ Ulysse Lacoste, un artiste installé dans la région de Semur-en-Auxois. Cette sculpture totem géométrique de 4 mètres de hauteur est la première d’une série de trois. Les deux autres colonnes viendront prochainement la rejoindre dans ce lieu.
En revenant vers le centre du parc une fine cabane en bois sur pilotis est installée au milieu de bouleaux avec de belles écorces. C’est l’œuvre de Sara Favriau. Cette cabane, difficilement visible en plein été car cachée par les feuillages, donne le plaisir de découvrir par sa transparence, de nouvelles perspectives sur le parc et le château.
Dans le petit arboretum, Pascal et moi découvrons My Golden Friends, un ensemble de 31 glands en terre cuite brute ou vernissée installés au pied d’un chêne. C’est l’œuvre de Laure Mary-Couégnias.
Juste après le petit arboretum, nous débouchons sur l’allée de La Main Courante, une réalisation de Nicolas Müller. Véritable détournement d’un élément urbain (une main courante d’escalier) elle est personnalisée par les empreintes des mains des propriétaires et de leurs amis.
Nous rejoignons ensuite le fond du parc et arrivons sur une autre œuvre de Gabrielle Conilh de Beyssac : le Labyrinthe Autoparallèle , le joyau architectural du parc nous précise Tatiana. Si la plupart des labyrinthes des grands jardins sont constitués habituellement par de hautes haies végétales, ici le labyrinthe est minéral et se trouve au sol. Libre aux visiteurs de parcourir cette œuvre en se tenant la main puis de se poser en son centre et d’écouter "l’écho du labyrinthe"… une expérience qui nous a beaucoup troublés.
Sur une petite butte, nous découvrons l’installation Les œufs de dinosaures en pierre réalisés par Raphaël Paingris. Ces œufs sont entourés de cornouillers dont les branches rouges constituent un nid de feu.
Cette année, "L'échiquier" de l'artiste Nicolas Daubanes a trouvé sa place dans le jardin.
D'autres projets sont en maturation entre les propriétaires et les artistes, l'important étant que chaque oeuvre trouve sa place dans cet écrin de nature.
Lorsque Philippe nous confiait lors de notre arrivée: un des principe du jardin c'est qu'il doit se découvrir et ne pas s'imposer à nous, Pascal et moi étions loin de nous imaginer à quel point cette phrase entrerait en résonnance avec l'expérience de cette visite. Nous sommes allés de surprise en surprise durant les 3 heures de promenade dans ce domaine tant les changements d'ambiances et la diversité des plantes et arbustes se succédaient. Philippe, secondé par Tatiana, est un guide passionnant qui allie facilement l'aspect botanique à la découverte des oeuvres contemporaines installées.
Les infos pratiques
Le site du château de Courterolles
Le parc est ouvert aux visites toute l'année sur rendez-vous au 06.52.40.80.59 ou par mail : tatiana.delaire.89@gmail.com
Tarif visite individuelle : 8 euros par personne, 4 euros pour les moins de 12 ans.
Tarif visite guidée pour les groupes d'au moins 10 personnes : 6 euros par personne (forfait de 60 euros si le groupe n'atteint pas ce nombre)