Dans l’Ehpad de Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, dans l’Yonne, le personnel soignant est confiné… avec les résidents, depuis le 31 mars. Aucun cas de coronavirus n’a pour l’instant été détecté.
Dans la résidence Bois-Lancy, on pourrait presque croire que le temps s’est arrêté au début de l’année 2020, que le coronavirus et le confinement n’ont jamais existé. Dans des vidéos transmises par la direction de l’ehpad, il y a des scènes d’anniversaires fêtés avec tous les résidents, de danse, de soins, de repas pris en commun. Des images très éloignées de la situation actuelle dans la plupart des Ehpad de France, où les résidents ne peuvent souvent à peine sortir de leur chambre.
Mais pourquoi ce décalage dans cet établissement situé à Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes, dans le département de l’Yonne ? Depuis le 31 mars, les dix membres du personnel en contact avec les 72 résidents sont confinés avec eux. Ils ont été testés au Covid-19 avant d’y entrer, et restent 24h/24 dans l’Ehpad.
"C'était un peu une évidence"
“On a eu le temps d’y réfléchir. Mais c’était un peu une évidence, pour protéger les résidents qui sont des personnes fragiles. Ca n’a pas été fait du jour au lendemain, pour qu’on puisse s’organiser dans notre vie privée”, témoigne Christine Duarte, aide soignante, présente dans les locaux depuis le début.
Ce confinement avec les résidents est une idée de la direction. “Ça nous permet aussi de fédérer l’équipe autour d’un sujet qui est commun, de rappeler les missions et le sens que l’on donne à l’accompagnement. Mais aussi de pouvoir mieux se connaître : aujourd’hui je ressens une vraie cohésion d’équipe au sein de l’établissement” rappelle Sonia Vast, la directrice de la résidence Bois Lancy.
Pour les résidents, c’est donc une vie presque normale, alors que la France entière est confinée. Eux peuvent se balader librement dans l’Ehpad et même prendre l’air : l’établissement dispose d’une cour intérieure.
“C’est quand même impressionnant que le personnel pense à nous. Il n’est pas là juste pour gagner sa croûte, mais aussi pour rendre service”, se réjouit Norbert Charpies. Même son de cloche du côté de Marceline Hiver, résidente elle aussi : “C’est très agréable d’être avec les autres. Nous remercions tout le personnel, ils sont tous très gentils”
A la mi-avril, une seconde équipe va prendre le relais pour remplacer l’équipe actuelle. Cette initiative doit durer un mois, de fin mars à fin avril. La direction ne sait pas encore si elle prolongera l’expérience.
Le reportage de Guillaume DESMALLES, Christophe GAILLARD et Valérie JONNET