L'épisode caniculaire que connait notre région n'est pas sans conséquences sur la vigne et le vin. Dans l'Yonne, les vignerons connaissent ces phénomènes pour la troisième année consécutive. Ils réfléchissent à des solutions pour limiter l'impact sur leur production.
Au cœur de sa parcelle de chablis premier cru à Beine (Yonne), Alain Geoffroy constate chaque jour un peu plus que la vigne souffre. Pour le vigneron, les conséquences de la chaleur et de la sécheresse sautent aux yeux : "[Les raisins] ont un peu de brûlure par le soleil et on les voit un peu flétris par le manque d'eau, de sève qui alimente la grappe".
L'irrigation est interdite. La vigne ne peut que subir les épisodes caniculaires. "Le raisin souffre du manque d'hydratation dans le sol. L'exposition au soleil, il a l'habitude. Là il faut bien qu'il s'y fasse, précise le viticulteur. C'est surtout le manque d'eau de réserve dans le sol qui va faire la maturité compliquée."
Faute de pluies suffisantes, volume et quantité seraient alors forcément restreints. Les étés secs et très chauds se succèdent. À terme, ils fragilisent exploitations et domaines.
"Ce sont des situations qui vont être de plus en plus vraies avec des récoltes qui risquent d'être impactées de manière plus systématique. On l'a déjà vu les années précédentes avec des pertes de 25 ou 30%. Au niveau des santés financières des entreprises, oui c'est une inquiétude", indique la viticultrice Nathalie Geoffroy.
Faire de l'ombre
Face au changement climatique, la profession cherche des solutions. Par exemple, laisser pousser la vigne. "Les pratiques viticoles qui existaient dans les années 1980, 1990 voire début 2000 ne sont plus obligatoirement adaptées. En particulier, ce qu'on cherchait en Bourgogne jusqu'à présent, c'était d'aérer les grappes, à les exposer au soleil pour garder un bon état sanitaire, indique Guillaume Morvan, responsable viticulture à la chambre d'agriculture de l'Yonne. Là, avec des températures comme on a, l'objectif est plutôt de mettre les grappes à l'ombre. Donc c'est totalement le contraire de ce qu'on avait l'habitude de faire. D'habitude, on faisait ce qu'on appelle des rognages, c'est-à-dire qu'on coupe ce qui dépasse"L'objectif est mettre les grappes à l'ombre, et puis avec le feuillage de garder un peu plus d'humidité.
Une autre solution serait de surélever les raisins pour les éloigner du sol et de la chaleur. "L'après-midi, plus les grappes sont proches du sol, plus elles sont au chaud. De manière extrêmement nette parce qu'on a facilement deux à trois degrés supplémentaires, voire cinq dans les cas extrêmes, ajoute Guillaume Morvan. Cela réclame des changements assez importants des vignes mais on pourrait envisager de les élever. Là, les grappes sont à trente centimètres de hauteur. Si on pouvait les mettre à cinquante centimètres ce serait déjà un petit peu mieux."
Mais pour l'heure, les vignerons s'en remettent surtout aux cieux. Tous espèrent la pluie avant le début des vendanges.