À peine ouvert, Toujust fermé : pourquoi le magasin qui se voulait moins cher que Lidl se retrouve en liquidation judiciaire

Toujust est en liquidation judiciaire depuis le mercredi 22 novembre. L'enseigne qui se lançait dans la grande distribution en début d'année avait l'ambition de concurrencer les hard discounts. Mais ses cinq magasins en France doivent mettre la clé sous la porte, dont celui de Monéteau (Yonne).

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Les employés de la nouvelle chaîne de distribution ne s'attendaient pas à baisser le rideau aussi rapidement. Et pour cause, le magasin Toujust était le petit nouveau du quartier, arrivé à Monéteau au mois de mars 2023.

Une fermeture qui fait suite aux difficultés financières rencontrées par l'entreprise. Une offre de reprise avait pourtant été déposée par les fournisseurs de l'enseigne, mais elle n'a pas convaincu le tribunal de commerce de Créteil. 

Le PDG de Toujust, Fabrice Gerber, a du mal à entendre cette décision. "L’offre n’a pas été assez bien étudiée et pas assez prise au sérieux. Il y a eu un grand manque de temps pour que ce soit bien pris en compte", regrette-t-il.

La volonté de concurrencer Lidl et Aldi

Pourtant, Toujust est arrivé sur le marché de la grande distribution avec ambition. L'entreprise promettait de concurrencer les hard discounts en proposant des prix au moins 10% en dessous de ceux de Lidl ou Aldi. Fabrice Gerber assurait qu’on pouvait vendre moins cher en supprimant les intermédiaires, et en allant chercher les produits à la source. 

Fabrice Gerber devant le magasin Toujust à Monéteau (Yonne). © France Télévisions

C'est dans cette idée que l'enseigne ouvre cinq magasins en France : Alès (Gard), Rivery (Somme), Proville (Nord), Lempdes (Puy-de-Dôme), et donc Monéteau dans l'Yonne. L'entreprise comptait 120 employés et une centaine de fournisseurs.

"Si on veut combattre la problématique du pouvoir d'achat et de l'inflation, commençons déjà par baisser nos marges ! Nous pouvons prétendre à un litre d'huile à 1,69 euro parce que nous avons supprimé tous les intermédiaires : on va directement à l'usine chercher l'huile", déclarait Fabrice Gerber au micro de France 3 Bourgogne lors de l'ouverture du magasin à Monéteau en mars 2023.

"Nous n'avons pas les produits de grandes marques qu'on connait mais un différentiel de prix très importants, parfois entre 30 et 40% moins cher."

Fabrice Gerber, mars 2023

PDG de Toujust

Des prix vraiment moins chers ?

Mais l'arrivée du nouveau groupe n'a pas fait l'unanimité dans l'Yonne. Sur Google, on trouve de nombreux avis négatifs concernant le magasin situé à Monéteau. "Une arnaque, les prix ne sont absolument pas 15% moins cher que les autres…" "Des rayons vides dès la première semaine, encore pire en fin de mois, certainement des fournisseurs qui ne sont pas payés." Le magasin récolte la maigre note de 2.7/5 sur Google. 

Mais Fabrice Gerber maintient que des efforts financiers importants ont été réalisés. "Quand les gens attendent des -30% et des -50% sur un prix déjà très bas, c’est quelque chose qui n'est forcément pas réalisable. On a toujours expliqué qu’on était sur un produit de qualité et pas un produit premier prix. Sur la durée, la promesse aurait pu être tenue."

Quelles sont les raisons de cet échec ?

Malheureusement pour l'enseigne, au début du mois d'octobre, Toujust est placée en redressement judiciaire. La raison ? Des promesses non tenues de nombreux fournisseurs et investisseurs. "Le pouvoir de grands groupes a joué. Ils ne voulaient pas que les fournisseurs travaillent avec nous, sous peine de sanctions commerciales", accuse le PDG de l'entreprise.

Il y a un sentiment de non aboutissement.

Fabrice Gerber

PDG de Toujust

Selon Fabien Gerber, l'entreprise avait besoin de 20 magasins pour avoir un équilibre financier. Il fallait par conséquent une avance des investisseurs extérieurs dans un premier temps. Cependant, dans une émission sur BFM, le PDG de Toujust confiait que les actionnaires étaient arrivés au bout de ce qu'ils pouvaient mettre.

Mais Fabrice Gerber n'abandonne pas. Il est persuadé que son modèle peut fonctionner. "Heureusement que j’y crois encore. Je pense qu’il y a de l’avenir quand on se préoccupe du pouvoir d’achat et des fournisseurs."

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