Après trois nuits de gel, qui pourrait avoir touché 20% du vignoble, les viticulteurs du Chablisien faisaient vendredi matin l'inventaire des dégâts, dans une région déjà durement frappée l'an dernier par les températures négatives et la grêle.
"Il y aurait à peu près 1.000 hectares de touchés" sur 5.453, "mais on ne sait pas encore dans quelle proportion", a précisé à l'AFP une porte-parole du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB). "C'est un problème pour certains secteurs qui ont déjà gelé l'an dernier", même si "c'est à priori moins grave", a ajouté le BIVB.La nuit de mercredi à jeudi a été la plus froide, les températures descendant à -7 degrés par endroits. Daniel Seguinot, viticulteur à Maligny, l'un des secteurs qui ont le plus souffert, a passé une bonne partie des trois dernières nuits dans les vignes, à protéger avec ses filles ce qu'il pouvait de ses 25 hectares. "On estime qu'on pourrait avoir 70% de perte", se désole le viticulteur. "On a commencé, déjà hier, à avertir nos clients, surtout à l'export", ajoute le vigneron, qui envoie du prestigieux vin de Chablis jusqu'aux Etats-Unis, en Nouvelle-Zélande ou au Japon.
L'eau contre le gel
Une partie du domaine a pu être protégée grâce à un dispositif d'aspersion, projetant de l'eau sur la vigne et formant une fine coque de glace sur les feuilles et les tiges, une autre partie par un système traditionnel de bougies pour réchauffer l'air autour des ceps de vigne. "Déjà l'an dernier, la grêle avait détruit totalement la récolte", raconte M. Seguinot. Mais si "de mémoire d'ancien, la grêle on n'avait jamais vu ça", ce n'est pas le cas du gel. "Mes parents, dans les années 50, n'ont pas fait de vin pendant 12 ans à cause des gelées. Mais, à l'époque, tout le monde avait un peu d'élevage et de céréales" à côté de la vigne.
La quasi-totalité du Châtillonnais, petit vignoble de 300 hectares dans le nord de la Côte-d'Or, a aussi été fortement touchée. "Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de récolte", précise Thomas Nicolet, directeur de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne (CAVB). Selon les professionnels du secteur, le reste du vignoble bourguignon a été touché de manière très localisée, plutôt au niveau des bas de coteaux et des fonds de vallées, qui sont les zones les plus susceptibles de geler.