Un chêne écarlate des Pays-Bas, implanté ce mercredi 13 décembre dans la cour de la mairie dans le cadre d'une opération de végétalisation, indigne l'opposition écologiste. En cause notamment, son coût. La mairie, elle, défend son choix.
Il est arrivé debout, en équilibre sur sa remorque, place du Maréchal Leclerc. Un chêne massif, 13 mètres de haut pour 9 de large, a été tracté dans les rues étroites et médiévales d’Auxerre, ce mercredi 13 décembre. Vers 10h30, une grue l’a donc érigé à son emplacement définitif : dans la cour de la mairie d’Auxerre, sur la place rénovée.
Sa présence suscite une nouvelle polémique dans les rangs de la municipalité. Commandé et transporté depuis les Pays-Bas, ce chêne écarlate de 30 ans s’inscrit dans le cadre de la végétalisation de la place du Maréchal Leclerc, qui n'était jusqu'à présent qu'un parking entièrement bitumé.
L’enveloppe d’aménagement a été votée il y a un an et demi à la majorité, avec le soutien "unanime" de l’opposition écologiste. Aujourd’hui, elle déchante : "On a appris que ce serait un chêne importé il y a deux semaines. On savait qu’il y aurait un arbre dans la cour de la mairie, mais on n’aurait jamais imaginé ça", fustige la conseillère municipale Florence Loury.
Aux côtés des membres de l’association Auxerre Ecologie Solidarités et d'une soixantaine de riverains ce mercredi matin, elle assiste atterrée à l’arrivée du chêne. "Il est très fin, tout en longueur, un peu rabougri… pour une action d’embellissement, ce n’est pas une réussite, commente-t-elle. Au-delà, déraciner un arbre adulte pour venir le mettre ici… Ça nous fait plutôt penser à un enterrement qu’une plantation."
Autre élément qui fait enfler la polémique : le coût de l'opération. 70 000 euros TTC pour l’acquisition du chêne (6000 euros), son transport, la plantation, les sondes, l’arrosage, le revêtement… Trop élevé pour l’opposition. "Il y a tant à faire dans la ville d’Auxerre, dans d’autres quartiers, dans les cours d’école… regrette Florence Loury. Avec ce budget on peut faire autre chose que planter un arbre dans la cour de la mairie !".
On a quand même transformé un espace bitumé en un espace qui demain sera arboré
Nordine Bouchrouadjoint au maire d'Auxerre, chargé de l'urbanisme
Adjoint au maire (LR) en charge de l’urbanisme, aux travaux et à l’accessibilité, Nordine Bouchrou se défend : "Cela fait partie d’une enveloppe de 1 600 000 euros pour l’aménagement de la place du Maréchal Leclerc. Il n’y a pas que ça : on a déjà planté 500 arbres à mi-mandat, on va replanter 143 arbres début janvier, on végétalise des cours d’école… c’est un plan d’action global."
Favoriser l'humidité et la biodiversité
Justement, l’opposition écologiste reproche à la mairie l’usage fait de l’enveloppe "végétalisation" : "Nous, on a voté pour la végétalisation de la place, c’est-à-dire planter des micro-forêts urbaines qui permettent de favoriser l’humidité du sol et la biodiversité. Pas pour un chêne des Pays-Bas dans la cour de la mairie !"
En face, la majorité répond. "On ne va quand même pas consulter quand il faut aller acheter un banc ou un arbre, il y a une enveloppe pour ça, tacle Nordine Bouchrou. À nous de faire en sorte de faire tenir l’ensemble du projet. On a quand même transformé un espace bitumé en un espace qui demain sera végétalisé, arboré." La mairie campe sur ses positions. Le projet du chêne, qualifié d’ambitieux et avant-gardiste, plairait aux Auxerrois. Quant aux écologistes, ils estiment la bataille de la place du Maréchal Leclerc perdue… mais incitent les habitants à demander plus d’espaces verts, partout à Auxerre.