Jeudi 20 mai, Crescent Marault, maire (LR) d'Auxerre a dévoilé les grands projets phares de son mandat, plus d'1 an après son élection. "Enfin !" clament aujourd'hui les élus d'opposition. Cependant, certains projets interrogent notamment sur le calendrier et leur faisabilité.
Plusieurs fois reporté, il a enfin été dévoilé. "Transformons l'Auxerrois". Ceci n'est pas l'intitulé d'un programme électoral mais celui du plan de mandature que Crescent Marault a dévoilé, jeudi 20 mai, d'abord en conseil communautaire puis en conseil municipal. Ce projet de territoire est axé autour de quatre grandes thématiques, "un territoire attractif, libéré, ouvert et fier." Près d'un an après avoir fait basculé la mairie, le nouveau maire a plusieurs fois été accusé de ne pas avoir de programme.
Réclamé à plusieurs reprises par l'opposition qui a vu dans ces 11 mois d'attente une absence de vision, cette feuille de route fixe un plan d'actions non pas pour les six années du mandat mais jusqu'en 2031. Il permet aujourd'hui d'en savoir un peu plus sur les ambitions du maire d'Auxerre et président de l'agglomération de l'Auxerrois. Un plan qui se veut ambitieux, puisqu'il sera doté de "200 millions d'euros d'argent public, en moyenne 20 millions d'euros par an", a annoncé Crescent Marault, en préambule de la présentation vidéo.
La ville moyenne de demain : les projets très écolos de Crescent Marault
Selon Crescent Marault, ce projet de territoire entend dessiner à Auxerre la ville moyenne de demain.
- Un écoquartier
Ce plan porte également une ambition environnementale très prononcée avec plusieurs projets phares comme la construction d'un écoquartier sur les dix-sept hectares de la friche Batardeau Montardoins. Celui-ci doit mêler des logements, des activités économiques, des commerces et loisirs.
- Hub multimodal autour de la gare
L'ambition de la municipalité est également de faire de la gare et ses abords un hub multimodal imaginé comme le pôle d'entrée du territoire
- Végétaliser les boulevard et piétonniser le centre-ville :
La municipalité souhaite végétaliser les boulevards pour y créer un "jardin sans fin" côtoyant une voie verte aménagée pour les piétons et les cyclistes. Le stationnement serait réparti en sept parkings relais dont un installé porte de Paris pour ainsi piétonniser une grande partie du centre-ville. Cette ville de demain s'appuierait également sur un campus connecté et sur un pôle d'animation en rive droite dont la locomotive pourrait être un casino.
Un pôle hydrogène et un éco-pôle de traitement des déchets
Alors que sa poursuite avait été un temps incertaine, le développement de la filière et du pôle hydrogène, dont l'aménagement a débuté avenue de la Turgotine, devient dans ce plan un projet phare avec notamment le parc d'activités H2 des Mignottes. Ce projet initié par l'ancienne majorité sous Guy Férez comprend l'achat de cinq bus et la construction d'une station de production. A l'horizon 2024, la circulation des premiers trains à hydrogène est aussi prévue entre Auxerre et Laroche-Migennes.
Il s'agit, sur ses 15 hectares, de faire de l'agglomération "un acteur régional du déploiement des solutions hydrogène", dans une logique d'économie circulaire. Pour le maire d'Auxerre, "on est en train de créer une dynamique à l’échelle du territoire avec rayonnement national voir international."
Cette même logique prévaut pour la création envisagée d'un écopôle à Venoy, sur 40 hectares, près de l'échangeur autoroutier. L'idée est de valoriser les déchets produits à l'échelle du territoire.
Un territoire autonome en énergie
L'agglomération ambitionne de devenir un territoire "autonome" en énergie. "On va explorer toutes les pistes" a déclaré Crescent Marault en détaillant les projets liés à l'hydrogène, mais aussi au photovoltaïque avec l'installation de quatre centrales solaires, à l'hydroélectrique avec la construction de deux centrales sur la rivière Yonne, ou encore à la biomasse
Un autre volet présenté par Crescent Marault comprend un projet alimentaire territorial qui doit s'articuler sur les filières agricoles de proximité, dans une logique de développement des circuits courts. "Si on arrive à faire tout ça, on pourra dire qu'on est fier de l'Auxerrois", a conclu hier matin le président devant les conseillers de l'agglomération. Car c'est la particularité de ce plan, très peu d'échéances ont été fixées.
Le contournement sud d'Auxerre
Enfin, autre projet phare de ce plan hérité de la précédente municipalité, le contournement sud d'Auxerre. Crescent Marault souhaite désenclaver le centre-ville. Selon le maire d'Auxerre, cela permettra de revoir le plan de circulation de la ville, améliorer la qualité de l’air, "et si on associe à une troisième sortie d’autoroute, réduire la dangerosité du passage à niveau de Jonches."
Une opposition qui émet des doutes
Mais au lendemain de cette présentation, tous les élus d'opposition sont dubitatifs concernant la faisabilité de ces projets notamment en terme de financement. Mani Cambefort, élu PS d'opposition, a interrogé lors du conseil municipal Crescent Marault sur un plan pluri-annuel d'investissement. Sans succès. "Je m’interroge fortement sur la capacité de la ville et de l'agglomération à porter ces projets. Ce plan de mandature est un peu un catalogue de promesses et de bonnes intentions mais on n'a aucune certitude aujourd’hui que cela va être mis en oeuvre."
Même son de cloche du côté de Maud Navarre. Pour l'élue d'opposition (EELV), ce ne sont que des effets d'annonce. "C'est un bel affichage écologiste mais on n'a pas une idée précise de ce qu'il veut faire. Ce n'est pas budgété. On a juste une estimation globale de 200 millions d'euros. Cela ne correspond pas aux premiers éléments budgétaires qu'il nous a déjà donnés", précise l'élue.
Si certains projets semblent intéressant sur le papier selon l'opposition, celle-ci pointe le fait que des sujets manquent dans ce plan de mandat. "Pas un seul mot sur le sport, sur la vie associative, sur la proximité, sur l’animation culturelle. On n’en parle pas. Pas un mot sur la politique sociale. Ce sont des pans entiers qui sont laissés de côté," regrette Mani Cambefort.
Quant aux élus écologistes d'opposition, Françoise Loury et Denis Roycourt, ils regrettent également l'absence d'agenda ou du chiffrage précis. Ils attendent également d'avoir le plan de financement. Florence Loury évoque pour le moment des "projets démesurés. Il y a des bonnes choses mais j’ai la crainte que ce soit difficilement réalisable. C’est quand même beaucoup de communication."
Sollicitée pour avoir des précisions sur ce plan de mandature, la mairie nous fait savoir que Crescent Marault ne souhaite pas répondre en dehors d’une invitation sur le plateau du journal de France 3.