C’est une des expositions incontournables de l’été en Bourgogne. Jusqu’au 30 septembre 2024, le palais synodal de Sens dans l’Yonne accueille un grand nom de la photographie contemporaine, Jean-François Spricigo.
Également comédien, dramaturge, cet artiste d'origine belge est aussi un infatigable et enthousiaste voyageur. Jean-François Spricigo écume le monde depuis de nombreuses années en réalisant des photographies essentiellement en noir et blanc d’une expressivité rare, aux contrastes poussés, où l’onirisme affleure.
Des animaux, des paysages, des visages peuplent son œuvre. “Je reconnais comme aussi étincelante la vie d'un lapin, d'un arbre ou d'un être humain. Célébrer le vivant, voilà ce qui m'émeut et m'émerveille. Car c'est le vivant qui nous rassemble, bien plus que la culture - comme cela nous a été vendu depuis que nous sommes petits ”, confie Jean-François Spricigo.
Du grain, du mouvement, de la poésie
Au fil des 120 clichés présentés à Sens, son univers se déploie. Il est fait de petits riens, de rencontres fugaces et de fragments de beauté. Ainsi, un chien croisé la nuit sur un parking prend une autre dimension.
Autour de lui, semblent danser des notes de musique. Ce sont en fait les lumières des réverbères. Elles sont simplement métamorphosées par le long temps de pose qu'implique un appareil argentique en basse lumière et le flou de bougé assumé qui s'ensuit.
“Jean-François Spricigo est à l’opposé des images d’aujourd'hui faites au boîtier numérique, très documentaires, très réalistes. Chez lui, c’est granuleux, avec du mouvement. Ce qui l’intéresse, c’est la rencontre”, observe Emmanuel Berry, commissaire de l’exposition et collaborateur des musées de la Ville de Sens.
Un travail récompensé
Jean-François Spricigo a reçu le prestigieux prix Nadar en 2023 pour son ouvrage "Nous l'horizon resterons seul".
Ce livre retrace la déambulation du photographe sur l’île de La Réunion, à Mayotte et en Guyane, à l'écoute de ses rencontres avec le vivant.
"Je me mets dans un état de disponibilité pour accueillir l'intensité de l'émotion quand elle surgit. Dans la nature, face à l'horizon, souvent ça lâche. Je ne dis pas : je crée mais ça crée. C'est d'ailleurs le seul sacré que je reconnaisse. Comme les animaux et les enfants, il s'agit de jouer. Je passe au jeu pour mieux me désencombrer du je", raconte l'artiste.
L'exposition "Toujours l'aurore" de Jean-François Spricigo, programmée par la ville de Sens en partenariat avec l'association Volonté d'art, est à découvrir jusqu'au 30 septembre 2024 au palais synodal.