Du 4 mai 2024 au 9 mars 2025, la Saline royale d'Arc-et-Senans (Doubs) accueille une vaste exposition du photographe animalier Vincent Munier, révélé au grand public par le film "la panthère des neiges". S'il a donné 70 de ses clichés, il a aussi donné carte blanche aux équipes du site qu'il ne connaît pas. Elles espèrent qu'il sera séduit.
C'est une exposition grandiose de grands formats dans un monument magistral. "À l'affût" déroule 70 clichés d'animaux dans la nature, jusqu'à trois mètres par cinq, du photographe vosgien Vincent Munier. Elle s'installe durant neuf mois dans trois salles de la Saline royale d'Arc-et-Senans (Doubs). Mais l'artiste n'en a encore rien vu.
"Nous avons proposé à Vincent Munier de réaliser une exposition originale à partir de ses photos, explique Isabelle Sallé, commissaire de l'exposition. Il a accepté, a sélectionné 70 clichés et nous a fait confiance pour les mettre en scène." Si le photographe animalier est connu pour son style épuré, ses lignes claires d'un œil ou d'un bec dans le blanc de la neige, la directrice culture et patrimoine de la Saline ne voulait pas d'un alignement classique de cadres noirs sur fond immaculé. "Je voulais un accrochage de style beaux-arts, sans vitres, avec une typographie particulière et des jeux de couleur, poursuit Isabelle Sallé. Les mésanges sont donc présentées sur une grande cimaise vert céladon et la panthère des neiges, dont le pelage est fait pour se confondre avec la pierre et le lichen, s'affiche sur rouge brun. J'espère que ça lui plaira."
Des formats immenses
Les photographies se déroulent pour la plupart en format 1,60 mètre par 2 mètres de haut. Certaines sont imprimées sur un tissu sans couture, très immersif. Le cerf de la forêt vosgienne, si cher à l'artiste, s'affiche même en trois mètres sur cinq.
Le parcours de visite commence d'ailleurs sur les terres natales de Vincent Munier, qui reçut son premier appareil photo à 12 ans, des mains de son père, lui-même naturaliste. On y croise le renard, le chevreuil ou le grand tétras. Puis, on glisse vers des contrées plus lointaines, lion du Kénya, grues du Japon et ours se baignant sur les côtes du Kamtchatka. La panthère des neiges nous fait glisser vers la deuxième salle et ses latitudes blanches qui ont fait la réputation internationale du photographe. Les loups arctiques, par lesquels il est un jour encerclé par -47 degrés, se détachent subtilement de la neige.
Par nature, je suis sensible aux brumes et aux glaces. Les grands draps de l’hiver m’émerveillent ; le blanc me fascine. Ce n’est pas une couleur mais la somme de toutes les couleurs. Ce n’est pas un voile sur le monde, mais un monde en soi. Avec des touches de vie sauvage là où on ne s’y attend pas...
Vincent Munierdans l'exposition "À l'affût"
Immersive et ludique
Puis c'est le face-à-face avec l'animal dans la troisième salle. L'exposition propose une confrontation d'œil à œil avec les sujets qui fixent l'objectif. Du regard d'un cygne à celui d'un ours, le visiteur devient partie prenante de ce dialogue avec la nature.
Il peut même se glisser dans la peau du photographe à travers son affût reconstitué. Et chercher comme lui, la bête fondue dans le paysage, confondue avec son milieu. Un petit jeu consiste à retrouver la présence de l'animal sur certaines photographies. Difficile alors de voir la panthère en sphinx au bord d'une falaise.
Ce qui m'a le plus plu dans l'univers de Vincent Munier, conclut Isabelle Sallé, c'est la patience avec laquelle il a attendu pendant des heures de voir les animaux dans leur élément, sur leur territoire et cela transparaît dans le cliché.
Isabelle Salé, commissaire de l'exposition
Le photographe, éditeur et cinéaste Vincent Munier sera en conférence publique "Partage d'aventures des Vosqes au Tibet le 14 mai 2024. Et cet été, dans le cadre de l’exposition temporaire "À l’affût", des projections immersives dans le Centre de lumières permettront de découvrir les photograhies de Vincent Munier en grand format, les 11, 12, 13, 18, 19, 20, 25, 26, 27 juillet et les 1er, 2, 3, 8, 9, 10 août.