Les frais d'obsèques varient du simple au double en fonction des régions. Une charge parfois trop lourde pour certaines familles. À Auxerre (Yonne), deux Icaunais ont lancé un collectif qui propose que la Sécurité sociale prenne en charge ces frais comme elle le fait déjà pour les naissances.
Aujourd’hui, la naissance est prise en charge par la Sécurité sociale. Tandis que la mort nous coûte très cher : entre 4 000 et 5500 euros en moyenne pour une crémation ou une inhumation.
Une prise en charge financière des funérailles
"Si la naissance c'est gratuit, pourquoi la mort devrait être un objet de commerce ?", s'interroge Jean-Loup De Saint-Phalle, cofondateur du collectif sécurité sociale de la mort. Le collectif veut dénoncer ce qu'il appelle le "capitalisme funéraire". Son idée, que la mort soit prise en charge par la Sécurité sociale. Deux des fondateurs du collectif sont originaires d'Auxerre. Ils militent pour la mise en place d'une cotisation qui financerait les obsèques et pointent la complexité du dispositif actuel.
"Il y a beaucoup d'aides différentes qui existent pour les obsèques, sauf qu'il faut encore les connaître. Elles ne sont pas attribuées automatiquement. Au final, on a déjà accepté qu'il fallait payer collectivement pour nos morts, mais nous n'avons pas encore mis les moyens nécessaires pour que ce soit appliqué concrètement", affirme Jean-Loup De Saint-Phalle. "Est-ce que l'on ne pourrait pas imaginer un système similaire à celui de la carte Vitale quand on va chez le médecin ? Un système automatisé, plus simple, plus doux pour les familles".
Il y a beaucoup d'aides différentes qui existent pour les obsèques, sauf qu'il faut encore les connaître. Elles ne sont pas attribuées automatiquement.
Jean-Loup De Saint-PhalleCofondateur du collectif sécurité sociale de la mort
Une simple cotisation sur les salaires
Estimée à 0,027% du salaire brut, cette cotisation suffirait, selon le collectif, à financer le coût global du funéraire en France. Lancé en 2022, le collectif compte une trentaine de membres actifs aux profils très différents. "On a des agents funéraires, on a aussi des représentants de familles d'endeuillés. Il y a aussi plusieurs membres de coopératives, les entreprises du funéraire qui travaillent sans nourrir l'actionnariat", précise Quentin Berzal, président du collectif.
Le collectif a publié une tribune dans la presse, à laquelle se sont associés plusieurs parlementaires. La députée de la Côte-d'OR, Océane Godard, soutient se combat. "C'était une idée des fondateurs de la Sécurité sociale de couvrir les frais funéraires en 1945. Malgré cette période très contrainte d'un point de vue budgétaire, il faut ouvrir la réflexion et le travail sur ce sujet".
Des professionnels du funéraire sont ouverts au projet
À la tête d'une maison funéraire à Auxerre, Pierre Grange verrait d'un bon œil une prise en charge forfaitaire pour tous. "Si on part sur la mise en place d'une prise en charge minimum par la Sécurité sociale de 3 000 ou 4 000 euros, on enlèverait déjà un poids aux familles qui n'ont pas les possibilités financières de faire les obsèques qu'ils souhaitent pour leur défunt".
Le marché des pompes funèbres est estimé à 2,5 milliards d'euros de chiffres d'affaires et emploie 25 000 salariés en France. En cas de ressources insuffisantes, les communes doivent prendre l'enterrement à leur charge.
► avec Alexis Gaucher et Audrey Champigny