La famille de Bernard Tapie a annoncé ce dimanche 3 octobre la disparition de l’homme d’affaires des suites d’un long cancer. L’ancien entraîneur de l’AJ Auxerre, Guy Roux, nous raconte sa relation avec cette personnalité aux mille vies.
Après plus de 4 ans de lutte contre un cancer de l’estomac, Bernard Tapie est décédé ce dimanche 3 octobre à l’âge de 78 ans. Ce sont ses proches qui ont annoncé la nouvelle en début de matinée. "Dominique Tapie et ses enfants ont l'infinie douleur de faire part du décès de son mari et de leur père, Bernard Tapie, ce dimanche 3 octobre à 8h40, des suites d'un cancer", ont-ils écrit dans un communiqué.
Ministre de la Ville de 1992 à 1993, député français entre 1993 et 1996, acteur, chanteur, homme d’affaires, Bernard Tapie est également resté célèbre dans le monde du football pour son passage à l’Olympique de Marseille, d'abord en tant que propriétaire de 1986 à 1995 puis en tant que directeur sportif de 2001 à 2002. Club avec lequel il remporta la Ligue des Champions en 1993.
Bernard Tapie, une vie aux mille vies. pic.twitter.com/xGzsZVomTc
— franceinfo plus (@franceinfoplus) October 3, 2021
Guy Roux, l’entraîneur mythique de l’AJ Auxerre a côtoyé cette personnalité hors-du-commun. Il nous raconte ses souvenirs, ses engueulades et sa relation avec Bernard Tapie.
Comment réagissez-vous à l'annonce de la disparition de Bernard Tapie ce dimanche ?
Guy Roux : Je ne peux pas dire que je suis surpris. ll y a tellement longtemps qu'on décrit sa maladie... Mais à force de résister, il avait une sorte d'immortalité. Je suis à la fois choqué, triste et un peu malheureux. Je ne l'avais pas revu depuis le début de sa maladie. Il a gagné la Ligue des Champions avec l'Olympique de Marseille après avoir été en finale une première fois. Personne ne l'a fait !
Quel souvenir vous gardez des matches contre l'Olympique de Marseille à l'époque où il en était le président ?
Sur le terrain, c'était un vrai match. Un jour, ils jouaient le titre et ils devaient faire le même résultat que le Paris Saint-Germain. On faisait match nul, 0 à 0, Paris aussi. Moi j'étais sorti du banc qui était enterré dans ce temps-là. J'étais au bord du terrain et il me disait 'gros con, rentre dans ta niche !'. Vous voyez la nature de nos relations. Mais il y avait de l'humour. Lors d'une contre-attaque de notre part, Vercruysse qui était pris de vitesse au milieu du terrain a fait un croc-en-jambe à l'arbitre, ce qui est évidemment très rare. Ça a interrompu l'attaque. Et comme c'était la dernière minute, l'arbitre a sifflé la fin. Avec les années, j'ai un souvenir de gaieté, d'humour, de vie.
Combien de fois Bernard Tapie est-il venu à Auxerre ?
Il est venu 20 fois car il y a eu 20 matches ! Il arrivait avec son avion à 14h00. L'aérodrome était près de l'hôtel où venaient les joueurs. Il refaisait aux joueurs le discours que Raymond Goethals avait fait avant, mais à l'envers ! Goethals les prévenait 'n'écoutez pas Bernard, écoutez moi !'. C'était ça le fonctionnement de l'Olympique de Marseille. Ce personnage dans le football, pour le reste je suis un citoyen spectateur, était beaucoup dans l'action avec de l'humour derrière. Il m'a joué des tours mais je n'ai pas de rancœur, au contraire ! Ça a amusé ma carrière.
Quel regard vous portez sur le personnage Bernard Tapie dans le monde du football ?
Un matin, monsieur Mitterrand m'avait fait passer un message en me demandant de ce que je pensais de Bernard Tapie dans le monde du football. Je lui avais dit qu'il était très actif. Il me répond 'mais encore ?'. J'ai pensé qu'il voulait en faire un ministre. Il fallait que je trouve un mot alors j'ai dit 'prudence'. Le soir à 17h00 il était nommé ministre de la Ville !