Le patron de l'Espacio Piscina vient d'être entendu par la police. Hier, son restaurant situé tout près du stade Abbé-Deschamps a été saccagé lors d'un affrontement entre supporters ultras marseillais et auxerrois. La police scientifique est sur place.
Un affrontement entre supporters rivaux dans un restaurant bondé à l'heure du déjeuner : comment de tels faits ont-ils pu se produire, alors que le match était censé être sous surveillance ? C'est la question que se pose Dimitri Quillin, le patron de l'Espacio Piscina. Ce samedi, quelques heures avant le coup d'envoi d'AJ Auxerre-OM au stade Abbé-Deschamps, la terrasse de son restaurant a été saccagée lors d'une bagarre entre supporters ultras marseillais et auxerrois. Nous l'avons contacté samedi après-midi (témoignage à lire ici), et sommes retournés le voir ce dimanche, au lendemain des faits.
Des clients "calfeutrés, cachés dans le restaurant"
"On a vraiment évité un drame, ça aurait pu être beaucoup plus grave. Ce matin, je suis revenu, j'ai bu le café tout seul sur la terrasse et j'ai revu ces images des gens calfeutrés, cachés dans les pièces à l'intérieur du restaurant", raconte le patron. À l'heure de l'affrontement, 120 personnes étaient attablées, dont des familles et des enfants.
"Il faut dédramatiser parce que ce n'était que du matériel au final, mais on aurait pu avoir un mort ou deux, sincèrement."
Dimitri Quillin
Ce matin, Dimitri Quillin "ne décolère pas". Il accuse les autorités de n'avoir rien fait pour empêcher cet affrontement, qui a selon lui impliqué entre 150 et 200 ultras marseillais et une trentaine d'ultras auxerrois qui les ont empêchés d'entrer dans le restaurant. Il explique avoir entendu des rumeurs, à la mi-journée, disant que des Marseillais allaient venir "pour en découdre". Il a alors appelé la police, qui lui a répondu que personne n'était mobilisable. "Ce n'est pas possible que la police ne soit pas venue nous aider sachant qu'1h30 avant la bagarre, j'avais appelé le commissariat pour prévenir !"
"On nous a laissé dans une totale insécurité"
Hier soir, la préfecture de l'Yonne, contactée par France 3, n'a pas répondu directement à cette accusation mais a confirmé que "des échauffourées ont eu lieu à 14h30 aux abords du stade entre les deux clubs de supporters" et que "l'intervention des forces de l'ordre a permis de rétablir le calme quelques minutes après l'incident".
"J'ai vu passer ce communiqué dans lequel la préfecture essaie de se protéger par tous les moyens, et je peux le comprendre", réagit Dimitri Quillin ce dimanche.
"Mais qu'on dise : "Le calme est revenu grâce à l'intervention des forces de l'ordre", c'est totalement faux ! On a pas le droit de dire ça."
Dimitri Quillin
"J'ai des dizaines de témoins. On a bien vu que le problème a été géré seulement par mes clients. On nous a laissé dans une totale insécurité."
Des prélèvements scientifiques en cours, les dégâts restent à chiffrer
Ce dimanche matin, la police technique et scientifique était sur place pour procéder à des constatations et des prélèvements. Des traces de sang ont notamment été retrouvées sur le panneau vitré du menu du restaurant.
Le restaurateur, lui, doit voir son assureur ce lundi. Les dégâts matériels sont conséquents. "Mes serveuses et ma cheffe de cuisine sont traumatisées, je pense qu'elles ne seront pas aptes à reprendre le travail ce lundi ni peut-être même cette semaine. On va se poser, prendre le temps de discuter tous ensemble. Par contre, je n'ai plus de vaisselle."
En effet, le restaurateur expliquait hier que les ultras auxerrois avaient utilisé les assiettes, verres, fourchettes, pour "repousser" les ultras du camp adverse.
"Il me manque trois quarts de ma terrasse, il y a du nettoyage à faire de partout, les enseignes sont cassées. Il y a de gros gros dégâts."
Dimitri Quillin
Le patron espère que cet événement "servira d'exemple". "Plus jamais ça ! Il faut absolument qu'on sécurise à l'avenir, quand il y aura d'autres gros matchs." Il dit notamment avoir retrouvé sur sa terrasse une chaise appartenant au bar des Stades, à 300 mètres de l'Espacio Piscina. "Comment cette chaise a-t-elle pu arriver jusqu'à mon restaurant sans que la personne soit interpellée ?"
"Comment a-t-on pu ne pas voir quelqu'un se promener avec une chaise pour la balancer sur mon troquet 300 mètres plus loin ? C'est aberrant."
Dimitri Quillin
Recontactée ce dimanche matin, la préfecture répète que "les forces de l'ordre positionnées dans le périmètre de sécurité sont intervenues rapidement et ont permis de rétablir le calme quelques minutes après le début du trouble. Le préfet condamne fermement les violences commises par les supporters." Elle ajoute que le match de Ligue 1 s'est bien déroulé, sans autre incident à signaler.