En Bourgogne, Jérémy Faillat et Nicolas Drouhin, tous deux photographes amateurs, capturent les paysages de l'Yonne et de la Côte-d'Or comme des pros. Le premier est ouvrier viticole, le second est inspecteur des sites classés pour la direction régionale de l'environnement. Pendant leur temps libre ils chassent les phénomènes météorologiques pour des clichés toujours plus spectaculaires.
En début ou en fin de journée, un orage gronde dans le ciel. Nicolas Drouhin et Jérémy Faillat guettaient ce moment pour dégainer leur appareil photo. Postés en Côte-d'Or ou dans l'Yonne, chacun de leur côté ils cherchent à immortaliser un bel endroit à un instant clé.
Pourtant, ce ne sont pas des professionnels. Tous deux travaillent à côté et prennent des photos par passion. Nicolas Drouhin (@nicodrouhin sur Instagram) est un autodidacte. "J'ai eu envie de prendre des photos comme beaucoup de personnes je pense : pour immortaliser les choses qui m'entourent", précise-t-il.
Depuis une dizaine d'années, cet inspecteur des sites classés pour la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement photographie des paysages dès qu'il a un moment. "Dès que je vois une source de lumière intéressante j'essaye d'en faire quelque chose, le top c'est au lever du jour ou au coucher de soleil." Et même sur ses heures professionnelles. "Je pratique ma passion au travail, assure-t-il. Je mets en valeur des sites protégés en les prenant en photo."
Pour Jérémy Faillat (@univers_de_jeremy sur Instagram) l'aventure a débuté il y a neuf ans. "J'ai commencé avec mon téléphone, explique-t-il modestement. J'ai un Nikon D500 depuis trois ans, j'ai toujours mon appareil avec moi dans la voiture." Passionné par les tempêtes et les orages, le jeune homme de 29 ans déteste le "ciel bleu et plat". "En ce moment, il y a pas mal de nuages. Je scrute les sites de prévisions météos et j'espère apercevoir des mammatus (des nuages assez rares en forme de boules)", appuie-t-il avec intérêt.
Véritable ennemi des appareils numériques, la pluie ravit l'Icaunais : "j'attends que ça se calme et je pars jouer avec les reflets de l'eau en ville." L'occasion pour lui de mettre en valeur des endroits symboliques de l'Yonne. Une motivation essentielle pour lui. "J'aime ma région, s'enorgueillit-il. En vacances, quand on me demande d'où je viens, je montre mes photos. On me dit 'c'est magnifique', ça me rend fier."
Au début, Nicolas Drouhin, comme tout novice, a été frustré par ses clichés. C'est ce sentiment qui a poussé cet habitant de Sennecey-lès-Dijon à progresser. "J'étais confronté à la frustration du résultat, se rappelle-t-il. Je trouvais qu'il y avait un grand décalage entre la réalité et ce que je voyais sur mes photos." Face à ce constat, Nicolas Drouhin est "monté en gamme" avec un changement de matériel dès qu'il sentait qu'il touchait les limites des capacités du boitier. "Aujourd'hui j'ai un Nikon D750, pour les photos que je veux faire c'est le top. J'ai économisé pendant un moment", rit-il.
Mais au-delà de la logistique, le Côte-d'Orien s'est "auto-formé" et s'est inspiré de plusieurs autres confrères présents sur le site infoclimat.fr, sur lequel il poste des photos de temps en temps. Jérémy a de son côté appris avec un mentor. "Mon ami Yann de La Calle m'a enseigné beaucoup de choses."
"Je rentrais du travail quand j'ai vu un superbe arc-en-ciel, j'avais mon appareil à côté de moi."
Jérémy Faillat
Le jeune Chablisien aime capter des moments rares. Comme sur cette route en fin d'après-midi. "Je rentrais du travail quand j'ai vu un superbe arc-en-ciel, j'avais mon appareil à côté de moi. Avec le coucher de soleil dans mon dos qui projetait mon ombre sur la route... c'est vraiment une photo spéciale pour moi."
À 37 ans, Nicolas Drouhin avait déjà eu la chance d'immortaliser des aurores boréales à Noiron-sur-Bèze (21) en 2015. Huit ans plus tard il a bien failli les manquer. "J'étais devant OM-PSG, sourit-il. Je savais que c'était des conditions qui pouvaient amener des aurores boréales, je me suis dit que j'étais en train de rater quelque chose." Le Côte-d'Orien visait toujours cet objectif : capturer une aurore boréale. Il est sorti dans l'espoir d'en trouver une. "Il y avait un vent de malade, j'étais gelé. Les réglages ont pris longtemps et je manquais de stabilité. À l'œil nu je ne voyais rien. Mais quand j'ai vu l'image s'imprimer sur l'écran, j'étais émerveillé."
Ci-dessous les deux clichés. À gauche, le premier à Noiron-sur-Bèze et à droite, le plus récent du 27 février 2023.
Jérémy Faillat n'abandonne pas complètement l'idée d'en faire son métier. "J'aime bien travailler dans les vignes, mais c'est un tue-l'homme. Peut-être qu'un jour je monterai ma micro-entreprise, mais je ne veux pas me forcer à photographier ce qui ne m'intéresse pas."
"Je prends des photos quand j'en ai envie, je ne me force pas."
Nicolas Drouhin
Une chose est sûre, la portée de ses œuvres sur les réseaux le marque encore aujourd'hui. "Je ne pensais pas que mes photos auraient autant de valeur. J'ai beaucoup de commentaires sur les réseaux, ça fait plaisir de savoir que des personnes voient ce que je fais."
Nicolas a "un peu mis en pause" la photographie pour se concentrer sur son enfant en bas âge. "Je prends des photos quand j'ai envie, je ne me force pas. J'ai envie de garder une part d'inspiration."
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La nature qui a bercé sa pratique est toujours là et au détour d'un "paysage tortueux" le photographe amateur ne se privera pas de capturer la lumière. Comme il l'explique : "Ce n'est que ça la photo, de la lumière..."