Farah Ziani, conseillère municipale de la ville d'Auxerre, fait partie d'un groupe de huit personnes accusées de trafic de drogue. Leur procès commence ce 4 avril au tribunal correctionnel de la ville icaunaise et durera trois jours. La défense crie à la "récupération politique".
"Blanchiment, dissimulation ou conversion du produit d'un délit de trafic de stupéfiant", "déclaration fausse ou incomplète pour obtenir d'un organisme de protection sociale une allocation ou une prestation indue", "altération frauduleuse de la vérité dans un écrit"... Les chefs de préventions contre Farah Ziani, conseillère municipale de la ville d'Auxerre, sont lourds. Les peines encourues aussi : jusqu'à 5 ans de prison ferme.
À partir de ce mardi 4 avril, l'élue icaunaise comparaît devant le tribunal correctionnel d'Auxerre dans une vaste affaire de trafic de drogue, accompagnée devant les juges par 7 co-prévenus, six hommes et une femme, qui résident tous dans le département.
Un réseau de trafic d'héroïne, cocaïne et cannabis démantelé
Les faits remontent à la fin d'année 2020. "À l'origine, c'est une dénonciation d'un petit revendeur qui nous a mené jusqu'à ce réseau de trafic, actif dans l'Yonne et en Côte-d'Or" révèle Hugues de Phily, procureur de la République d'Auxerre. "Les gendarmes de la brigade de recherche d'Auxerre ont ensuite mené l'enquête, ce qui les a amenés à resserrer leurs recherches sur huit personnes, dont Mme Ziani et son compagnon, Jérémy C."
Le 14 décembre 2020, les forces de l'ordre procèdent donc à l'interpellation de tous les suspects et à la perquisition de leur domicile. Ils trouvent chez un des prévenus, domicilié à Beine (Yonne) "1,6 kg d'héroïne". Dans plusieurs autres maisons, "de l'argent liquide" est découvert, toujours selon le parquet d'Auxerre. Chez l'élue icaunaise, aucune présence de produit stupéfiant n'a en revanche été signalée. Un réseau de trafic d'héroïne, cocaïne et cannabis est ainsi démantelé.
Farah Ziani principalement accusée de blanchiment d'argent sale
Présentée une première fois devant le tribunal correctionnel d'Auxerre en janvier 2023, Farah Ziani est placée sous contrôle judiciaire, comme six autres prévenus. Seul Jérémy C., son compagnon, est placé en détention provisoire, soupçonné d'être "la tête du réseau" par les forces de l'ordre.
Quel rôle a joué Farah Ziani dans cette affaire ? Pas le plus important, c'est une certitude. Elle n'a ainsi pas été accusée de l'"acquisition, de l'offre ou la cession, le transport et la détention de stupéfiants", l'ensemble des infractions caractérisant le trafic de drogue, contrairement à son compagnon. Lui est reprochée en premier lieu par l'accusation d'avoir encaissé deux chèques douteux de 2 000 et 9 000 euros.
Ma cliente dénonce l'interférence, voire la récupération politique dans cette affaire judiciaire
Me Gaëlle Dumont,avocate de Farah Ziani
La prévenue, elle, nie en bloc. Farah Ziani va même plus loin. Mardi 4 avril, lors du premier jour d'audiences, elle déclare "n'avoir rien à voir avec un quelconque trafic de stupéfiant". "Monsieur le juge, il n'y a pas eu de produits stupéfiants chez moi, il n'y en a jamais eu et il n'y en aura jamais" ajoute-t-elle.
Son avocate, Me Gaëlle Dumont, confirme : "ma cliente conteste fermement, depuis le début de la procédure, les faits qui lui sont reprochés. Mme Ziani déplore, dénonce, l'interférence, voire la récupération politique dans cette affaire judiciaire". Le tribunal sera-t-il sensible à ces arguments ? Réponse mercredi 5 février.
Farah Ziani n'a pas démissionné de ses fonctions politiques et figure encore officiellement au sein du conseil municipal d'Auxerre. Conseil qu'elle avait intégré après les dernières élections municipales de juin 2020, au sein du groupe d'opposition "L'assurance d'une transition sereine", formation réunissant écologistes, socialistes et marcheurs.
Pour rappel, ce n'est pas le premier démêlé judiciaire auquel est confrontée Farah Ziani. En octobre 2020, l'élue avait déjà été condamnée par le tribunal correctionnel d'Auxerre, en première instance, à quatre mois de prison avec sursis et cinq ans d'inéligibilité pour escroquerie. Elle était accusée d'avoir détourné 10 000 euros à une cliente, lorsqu'elle était agent immobilière. Farah Ziani a fait appel de cette décision. La date du nouveau procès n'est à ce jour pas encore connue.