Déconfinement : le difficile retour des visites dans les Ehpad de l'Yonne

Dès ce vendredi 5 juin, un assouplissement des conditions de visites familiales entre en vigueur, en accord avec la mise en place de la deuxième phase du déconfinement. Mais entre les besoins des familles et les recommandations sanitaires, l'équation est compliquée pour les directeurs d'Ehpad. 

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Les personnes âgées hébergées dans des Ehpad vont dès ce vendredi pouvoir plus facilement recevoir la visite de leurs proches. Selon le communiqué publié par le ministère de la santé, lundi dernier, quand "la situation sanitaire le permet", les ehpad auront notamment la possibilité de faire venir des mineurs, d'organiser des visites à plusieurs en extérieur et d'autoriser les visites avec deux personnes maximum dans les chambres. 

Mais l'application de ces nouvelles règles est laissée à l'appréciation et à la responsabilité des directeurs d'établissements qui ont donc la lourde tâche de les mettre en place. 

On marche sur des oeufs. Philippe Wattecamps

Philippe Wattecamps codirige la résidence Mémoires de Bourgogne, située à Perrigny, juste à côté d'Auxerre. Pour lui, "on marche sur des oeufs. D’un coté, on nous demande de déconfiner avec les familles, et de l’autre, de rester vigilant car le risque est latent."

Cependant, il a accepté dès ce weekend mettre en place les règles d'assouplissement dans son établissement mais "au cas par cas", notamment en ce qui concerne les visites des familles dans les chambres. 

Il faut faire preuve de bon sens. Philippe Wattecamps

Si Philippe Wattecamps reconnait qu'avec l’assouplissement, "il va y avoir des risques car les familles nous demandent d’aller en chambre", il veut "essayer de faire au mieux pour satisfaire le plus grand nombre. Le risque zéro n'existe pas."

"Il faut faire preuve de bon sens et d'intelligence. On va s’adapter en fonction des situations", reconnait-il. "Pour toutes les personnes âgées valides et qui peuvent se déplacer, on va organiser les rencontres dans les salons. On a des espaces agréables. Après, on peut comprendre aussi que les gens veulent avoir de l’intimité."

Une autorisation exceptionnelle pour les visites en chambre

Aurélie Colletto gère la résidence de la vallée de l'Ouanne, située à Charny-Orée-de-Puisaye. En ce qui concerne les visites dans les chambres, cela se fera sur autorisation exceptionnelle. "Les visites en chambre, on ne les prévoit que pour les résidents qui ne peuvent pas descendre." 

Le reste des visites se fera comme auparavant à l'extérieur de la résidence. "Les familles arrivent et restent à l’extérieur", explique la directrice. "On ouvre une baie vitrée et le résident reste à l’intérieur. Mais maintenant avec l'assouplissement, on laisse ouvert la baie vitrée avec une table entre le résident et sa famille. Et il n'y a plus de téléphone pour discuter.

On ne sait pas trop comment faire. Betty Brent

Betty Brent est gouvernante de la résidence Flore à Saint-Agnan. Dans cet établissement, pas de déconfinement prévu avant la semaine prochaine. "Concernant les visites dans les chambres, cela devrait être mis en place la semaine prochaine mais on attend les recommandations plus précises de l'ARS."

Elle reconnait être un peu désamparée sur la mise en place de ces nouvelles règles. "On ne sait pas trop comment faire et il faut être vigilant. On est à l'abri de rien." 

Une attente des familles et des résidents

Après trois mois de confinement, le besoin de visite se fait beauoup sentir notamment pour le moral et la santé psychique des résidents. "On a envie qu'ils reprennent une vie normale mais ils restent fragiles", témoigne Betty Brent.

Depuis 15 jours, Philippe Wattecamps constate les effets positifs du déconfinement. "On voit bien l'impact de la vie sociale. Si on avait continuer à mettre en place les mesures de confinement extrêmes, on aurait eu plus de décès lié à l’isolement dans les chambres que du covid."

Dans l'ensemble, "les familles comprennent qu'on assouplisse progressivement", témoigne Aurélie Colletto. "Ils sont dans l’attente mais ils ne remettent pas en question nos choix de protéger les résidents."

Des visites extérieures en famille mais à combien ? 

Sa seule crainte, les visites en famille à plusieurs en extérieur. Avec l'assouplissement des règles de visite, les résidents peuvent désormais recevoir des visites de plus de deux personnes à la fois lorsque la visite n'est pas faite en chambre.

Des familles veulent venir à 10 ou 20 personnes. Aurélie Colletto 

"Des familles veulent venir à 10, 15 ou 20 personnes mais avec ce nombre, on ne peut pas faire respecter la distanciation entre les personnes" explique Aurélie Colletto. "On va quand même essayer avec plus de deux personnes mais il faut que cela puisse se faire en toute sécurité." Elle compte donc bien autoriser les visites à plusieurs mais toujours limitées à une heure.

Des règles sanitaires strictes à respecter

Dans son communiqué, le ministère de la santé rappelle que le lavage des mains, la distanciation physique et le port du masque chirurgical restent obligatoires pour tous les visiteurs.

Avec l'assouplissement, Philippe Wattecamps lui veut aller plus loin pour limiter au maximum le risque de contamination. Pendant le confinement, il a mis en place un sas de désinfection à l'entrée de la résidence "avec un lave-main, un sèche-main".

Mais avant chaque visite, dans sa résidence, il demande aux familles de remplir un questionnaire et de s'engager à l'écrit qu'ils n'ont pas de problème de santé. "On fera en plus un contrôle systématique de la température avec l'obligation de se laver les mains. Un masque chrirugical sera donné ainsi qu'une surblouse pour la famille." 

Des visites organisées à moyen constant

Chaque directeur d'Ephad décide de l'assouplissement des visites dans son établissement selon ses moyens humains ou ses structures et va adapter au mieux les directives nationales.  C'est pour cela qu'à la résidence de la vallée de l'Ouanne, il n'y aura pas de visite organisée ce weekend. "On ne peut pas faire de visite le weekend faute de personnel", regrette la directrice, Aurélie Colletto.

On sort d'une crise de trois mois où tout le monde est fatigué.

Chaque établissement se voit dans l'obligation d'organiser ces visites à moyen constant. Ce que déplore Philippe Wattecamps. "On sort d’une crise de trois mois où tout le monde est fatigué, où il faut planifier et organiser les congés d’été, et entre les deux, il faut gérer les visites. Des gens se retrouvent avec 20 jours de récupération. Ils ont besoin de repos."

Pour lui, les personnels des Ehpad sont "en train de panser leurs plaies mais en même temps les familles disent : on a été privé de nos familles pendant trois mois, et ils n’ont pas tort. Je pense qu’il n’y a pas de place à la polémique. Il faut faire preuve de bon sens et d’intelligence."

Un week-end attendue avec la fête des mères 

L'objectif de cet assouplissement était avant tout de permettre aux personnes âgées d'être entourées de leurs proches à l'occasion de la fête des mères. Forcément, les visites ont été très demandées. "Le calendrier est plein", atteste Philippe Wattecamps."Cela va être un weekend dense."

A la résidence de la Flore, les familles seront exceptionnellement autorisées à venir dimanche après-midi. "On autorise les gens à venir sans prise de rendez-vous pour ceux qui veulent venir pour la fête des mères", annonce Betty Brent.  

Redoubler de vigilance  

D'après le minstère de la santé, près de 45% des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes déclarent encore au moins un cas de Covid-19.

Pour l'Agence régionale de Santé (ARS) Bourgogne Franche Comté, il est donc important de toujours faire preuve de vigiliance. "Il ne faut pas baisser la garde car le virus est toujours présent et dans tous les départements", déclare Lauranne Cournault, en charge de la communication à l'ARS. "On reste sur des populations fragiles avec pour certains un état de santé précaire". 

De nouveaux assouplissements attendus le 22 juin

La crainte pour Philippe Wattecamps reste toujours la même depuis le début de la pandémie, "c'est de voir rentrer le virus. Il faut mettre en place ces règles de manière posée, consciente mais avec une extrême prudence.

D'autres mesures d'assouplissement pourraient être annoncées par le Ministère de la Santé le 22 juin prochain. C'est ce qu'espère Aurélie Colletto. "On a donné rendez-vous aux familles au 22 juin pour voir les nouvelles recommandations. Se dire que peut-être dans quelques semaines, les règles vont être plus assouplies. Cela aide à tenir."

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information