A Sens, le Rassemblement National est arrivé en tête de l'élection européenne 2019. C'est la première fois que l'extrême-droite remporte une élection dans la cité sénonaise. De son côté, Auxerre est la seule ville de l'Yonne où le RN n'arrive pas en tête du scrutin.
Coup de tonnerre à Sens au moment du dépouillement. Le Rassemblement National arrive en tête des suffrages pour l'élection européenne. 1711 électeurs sénonais ont donné leur voix au parti de Marine Le Pen. C'est la première fois que l'extrême droite remporte une élection à Sens.
La liste de Jordan Bardella, le candidat du Rassemblement National, recueille 26,44 % des suffrages et devance de 300 voix la candidate de la majorité Nathalie Loiseau.
La ville de Sens n'est plus une forteresse imprenable pour l'extrême droite
Le nord de l'Yonne est depuis plusieurs années une terre conquise pour le Rassemblement National. Pourtant, même si l'ex "Front National" réalisait de très bons scores dans la cité sénonaise, ses candidats n'avaient jamais réussi à s'imposer lors d'une élection. Mais cette fois-ci, la ville de Sens n'est plus un rempart face à l'extrême droite. L'abstention serait-elle en cause ? Pas forcément. Pour cette élection européenne, les électeurs sénonais ont été plus nombreux que lors du précédent scrutin de 2014 (42,58 % de participation contre 34,93 % en 2014). Il reste toutefois à noter que la participation à Sens est moins forte qu'au niveau national (51,1%) ou départemental (53,3%).Julien Odoul, président du groupe Rassemblement National en Bourgogne-Franche-Comté y voit un symbole d'implantation : "C'est le fruit du travail de labourage réalisé depuis des années par le Front National, puis par le Rassemblement National. Mais j'y vois surtout un effondrement de la droite traditionnelle. L'électorat bourgeois de droite vote désormais pour LREM, alors que les électeurs sincères de droite votent pour nous."
Marie-Louise Fort, maire LR de Sens, constate l'échec de la liste de François-Xavier Bellamy : "C'est un échec, il faut le reconnaître. Depuis 2017, la droite comme la gauche ont explosé. Une partie de la droite s'est reportée sur la liste LREM. Ce constat doit nous amener à refonder la droite, en retournant à nos valeurs fondatrices. L'émergence d'Europe Ecologie Les Verts montre aussi que l'écologie est une question importante pour les Français ".
Auxerre résiste encore et toujours au Rassemblement National
Alors que le parti de Marine Le Pen gagne du terrain dans l'Yonne, Auxerre est la seule ville du département à ne pas avoir placé la liste de Jordan Bardella en tête de l'élection européenne. Mais l'écart est très mince : Nathalie Loiseau (LREM-Modem-Agir) s'impose avec 22,9% des suffrages contre 21,9% pour la liste Rassemblement National. La victoire de la liste Renaissance ne s'est jouée qu'à 96 voix. En étudiant les résultats de chaque bureau, on s'aperçoit que les quartiers populaires ont placé la liste RN en tête du scrutin.
L'Yonne, un bastion du Rassemblement National
Avec 38 355 votes pour le Rassemblement National, l'Yonne est le département où l'extrême-droite a réalisé ses meilleurs scores dans la région.
Avec 31,85% des suffrages, la liste de Jordan Bardella devance très largement celle de Nathalie Loiseau (LREM-Modem-Agir) qui n'a convaincu que 18,24% des électeurs icaunais. Pourquoi l'Yonne est-elle si tentée par le vote Rassemblement National ? Pour Julien Odoul : "l'Yonne est le symbole de la France des oubliés. Elle est le symbole de la fracture territoriale, de la désertification médicale. Ce sont des Français qui se se sentent mis de côté par les élites politiques et qui n'en peuvent plus".
Ces résultats aux élections européennes donnent de l'espoir au président du groupe RN au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté. En ligne de mire, les prochaines élections municipales : "l'objectif va maintenant être de rassembler les abstentionnistes et les convaincre de voter pour nous aux prochaines élections, ce qui nous permettra de gagner des villes dans le département, en faire des bastions du Rassemblement National et montrer ce que l'on sait faire pour gagner en crédibilité" conclue Julien Odoul.