Gendarmes de Joigny jugés pour harcèlement sur une collègue : la plaignante accable les prévenus

Mardi 2 février 2016, la 10e chambre du tribunal correctionnel de Paris a jugé les deux gradés, en poste à Joigny au moment des faits, pour harcèlement aggravé sur une de leurs collègues. A la barre, la plaignante a accablé ses supérieurs.

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La plaignante décrit les propositions graveleuses et les gestes déplacés

Gestes obscènes, propositions salaces, chaque jour ou presque : le procès de deux gendarmes poursuivis pour harcèlement sexuel aggravé contre une jeune collègue se tenait, aujourd'hui, à Paris. Ça a commencé "dès que j'ai téléphoné pour me présenter", avec une allusion sexuelle sur ses origines réunionnaises. La plaignante, âgée de 26 ans, a accablé à la barre les deux gradés avec qui elle a travaillé d'octobre 2012 à novembre 2013 à Joigny. 
"Ça te dit un plan à trois?", "Fais-moi une pipe", "Les Réunionnaises, elles sont chaudes, montre-moi ce que tu sais faire". Sans compter des "gémissements" sur son passage, ou un geste obscène mimé avec une matraque... "C'était normal, c'était habituel". En uniforme, la jeune femme a répondu aux questions de la présidente du tribunal d'une voix le plus souvent forte et nette. Elle a toutefois a dû s'asseoir un instant, en réprimant des pleurs.

Reportage : Cécile Claveaux et Lucie Denechaud
Montage
: Philippe Sabatier
AvecMe Elodie Maumont - Avocate de la victime
Me Véronique Costamagna - Avocate d'un des deux prévenus
Mardi 02 Février 2016, au tribunal correctionnel à Paris : le procès de deux gendarmes de la brigade de Joigny poursuivis pour harcèlement sexuel aggravé contre une de leur jeune collègue. Compte-rendu de l'audience. ©France 3 Bourgogne

Des prévenus impassibles

Derrière elle, Julien G., adjudant, 38 ans, et Ludovic F., maréchal des logis chef, 37 ans, ont écouté, le visage impassible. Pendant l'enquête, ils avaient parlé de "plaisanteries" avec leur jeune collègue niant tout harcèlement. La présidente a dressé le portrait du premier en "excellent militaire" et "meneur" d'une brigade désorganisée. A l'inverse Ludovic F. est jugé par sa hiérarchie "fainéant", peu intelligent et "obsédé par le sexe". "C'est à se demander comment il a pu rester gendarme si longtemps?" a lancé la présidente. La jeune femme gendarme assure que ce dernier l'a aussi menacée de son arme de service.

Une affaire "extrêmement délicate"

La présidente a également parlé d'une affaire "extrêmement délicate", reposant sur une cinquantaine de procès-verbaux d'auditions, parfois contradictoires, et sur des "impressions" de la hiérarchie. Cette dernière s'est révélée divisée face aux affirmations de la jeune femme, en novembre 2013. Certains supérieurs décrivent une sportive, adepte de boxe au "fort caractère", lui reprochant d'intriguer pour se faire muter auprès de son compagnon en région parisienne. D'autres décrivent une gendarme "au bout du rouleau", physiquement et psychologiquement marquée.

Les deux gradés, suspendus, risquent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende. 
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