Joigny rend hommage à la résistante Irène Chiot-Rossel, dite "la Tigresse"

Les 7 et 8 octobre, la ville de Joigny rend hommage à une femme emblématique de la Résistance, Irène Chiot-Rossel en inaugurant une rue à son nom. Un colloque sera à sa mémoire ainsi que celle du résistant espagnol Jorge Semprùn, tous deux arrêtés par la Gestapo le 8 octobre 1943 à Joigny.

C'est l'association Résistance et Déportation de l’Yonne (ARDY) qui rend hommage à cette femme résistante, avec un colloque samedi et l'inauguration dimanche 8 octobre à 11 heures d'une plaque de rue, au nom de cette jovinienne surnommée "La Tigresse" par les Nazis devant son courage.

Une femme cheffe de la résistance dans l'Yonne

Bernard Moraine, président de l'assocation Résistance et Déportation de l’Yonne (ARDY) et ancien maire de Joigny a décidé de rendre hommage à Irène Chiot-Rossel et Jorge Semprun ce week-end. 

Irène Chiot était la seule femme à être cheffe d’un réseau de résistance dans l’Yonne.

Bernard Moraine rappelle que "c'était une femme exceptionnelle.  Femme de gauche, militante à la S.F.I.O., syndicaliste à la C.G.T., assistante-sociale dans plusieurs entreprises, comme chez le couturier « Jean Patou» ou chez le fabricant de papier à cigarettes ZIG-ZAG , journaliste dans la presse de Gauche voire d’extrême Gauche et Franc-Maçonne à l’ordre Maçonnique Mixte International «LE DROIT HUMAIN ». "

Le Président de l'Association Résistance et Déportation de l'Yonne rappelle le parcours d'Irène Chiot : "Au moment de l'invasion allemande en 39-40, à Toulouse, elle rentre en contact avec un réseau de Résistance : « Trait d’union » et participe à son développement. Mais, très vite, elle revient sur ses terres bourguignonnes et crée un groupe familial de résistance avec sa cousine Paula Buchillot, son cousin Roger Rouard et d'autres voisins. Ce réseau va mener des actions les plus diversifiées : petits sabotages, propagande, collecte de renseignements, émission et distribution de tracts. 

Puis, elle et son groupe intègrent les Francs tireurs partisans (FTP). Plus tard, elle s’engage dans un réseau plus important : « Action Jean-Marie » émanation des services anglais, le Special Operations Executive (SOE). Comme de nombreux Résistants, Irène CHIOT a appartenu à plusieurs groupes. Ainsi, son nom fait partie des effectifs du Groupe Jovinien Bayard.

Dans la nuit du 6 au 7 octobre 1943, c’est son groupe qui fait exploser en gare de Pontigny 7 wagons de munitions de l’armée allemande. Mais le lendemain, le 8 octobre au matin, la maison d’Irène au 28 rue d'Epizy à Joigny est encerclée par la Gestapo qui arrête Irène. Jorge Semprun des Francs Tireurs Partisans, qui est de passage chez Irène, est arrêté alors en même temps.

Irène est transférée le 21 janvier 1944 à Compiègne, puis déportée le 31 au camp de concentration de Ravensbrück.

Début avril 1945, comme les troupes alliées se rapprochent de Ravensbrück, les nazis décident d’évacuer ce camp vers le camp mouroir de Bergen-Belsen. Commencent alors les sinistres marches de la mort, qui verront des milliers de détenus mourir sur les routes et chemins d’Allemagne. Irène et quelques centaines de ses camarades, sur plus d’un millier, arrivent à bout de forces à Bergen-Belsen. 

C’est la maladie qui l’emportera à Bergen-Belsen le 6 juin 1945."

Le résistant espagnol Jorge Semprun

Bernard Moraine détaille le parcours de Jorge Semprun après son arrestation : "il sera déporté au camp de Buchenwald, il y survit, jusqu’à l’arrivée des troupes américaines du général Patton, le 11 avril 1945. Il rentrera à Paris à la fin du mois d’avril 45. Jorge a alors, 22 ans et une vie bien remplie l’attend.

Jorge Semprun est un républicain espagnol, résistant, membre des Francs Tireurs Partisans – section Mains d’œuvres Immigrés, il deviendra plus tard un grand romancier (dont le Grand Voyage , l'écriture ou la vie, etc ...) et aussi un homme politique espagnol (Ministre de la culture de 1988 à 1991). La majorité de son œuvre est écrite en français tant il est amoureux de la France et de sa langue.
Il est décédé le 7 Juin 2011 à Paris à 87 ans. Il repose dans le cimetière de Garentreville en Seine-et-Marne. En Décembre 2023, il aurait eu 100 ans."

80ème anniversaire de la double arrestation

C'est devant le N°28 rue d'Epiry à Joigny qu'un rassemblement en hommage à la mémoire d'Irène Chiot et de Jorge Semprun aura lieu dimanche 8 octobre à 11 heures.

Une plaque de rue au nom de d'Irène Chiot sera dévoilée en présence du maire de Joigny Nicolas Soret et de Bernard Moraine, président de l'Association pour la Résistance et Déportation de l’Yonne.