La Gendarmerie nationale ne paie plus ses loyers : "c'est pas compliqué, c'est inacceptable !"

Les loyers impayés de casernes, locaux et logements de fonction de la Gendarmerie représenteraient au niveau national une dette de 200 millions d'euros. Cela menace l'équilibre des comptes de centaines de communes. Exemple dans l'Yonne.

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A Montholon (Yonne), rien ne va plus ! C'est par un mail laconique que le président (DVD) de la Communauté de Communes de l'Aillantais, Mahfoud Aomar, a appris que la Gendarmerie ne paierait plus son loyer. Un "gel" jusqu'à nouvel ordre, mais qui ne passe pas.

"Ce n'est pas poli, et irrespectueux"

Mahfoud Aomar est aussi le président de l’Association des maires de France (AMF) dans l'Yonne, le courrier qu'il a reçu n'est donc pas passé inaperçu, et l'a littéralement estomaqué : "On ne s'y attendait pas du tout ! (il lit la lettre) 'je vous informe par la présente de l'annonce de notre direction d'un gel des paiements de loyer à compter d'octobre 2024. Seriez vous dans une situation de fragilité importante qui nécessiterait de ne pas appliquer de cette mesure.' En plus, il faut que je me soumette ! Eh bien c'est pas compliqué, c'est inacceptable !" 

Le président de la Communauté de Communes donne un ordre de grandeur : "Aujourd'hui c'est 75.000 euros de loyer, ça représente 3,5% du budget en fonctionnement. Imaginez que l’on demande à la France de faire une économie de 3,5% de son budget, tout le monde vous dira que ce n’est pas possible."

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Hormis le manque à gagner pour la collectivité, c'est aussi sur la forme que Mahfoud Aomar fustige la décision, estimant que ce n'est "pas poli et irrespectueux. On nous demande de l'exemplarité, on nous dit les collectivités gèrent mal. Mais on se rend compte que c'est l'Etat qui gère mal !"

3 casernes dans l'Yonne

Cette annonce de mise en pause des loyers, révélée par France Bleu, plusieurs communes de France l’ont découverte ces derniers jours.
Dans l’Yonne, au moins 3 casernes sont concernées : celle de Montholon, mais aussi celle de Chablis et de Chéroy.

"C'est un peu gonflé !"

Au total, une centaine de communes françaises seraient concernées par ce gel des loyers. Elles devront se servir dans leurs propres réserves pour essuyer les retards de paiement.

Les habitants questionnés sur ce sujet dans la commune de Montholon ont tous la même réaction."Je pense que c'est un peu gonflé, qui est-ce qui va trinquer, c'est encore les mêmes ! réagit la gérante du café. C'est un petit peu dommage de mettre la faute sur eux, c'est nous qui allons payer. On va payer pour leur bêtise".

Pour la boulangère, même stupéfaction : "Je trouve ça gênant, c'est les habitants qui vont payer, je pense qu'on paye déjà assez d'impôts comme ça. L'Etat doit donner l'exemple". Cette passante paraît moins surprise car pour elle, "l'Etat se désengage sur tout : l'éducation, la santé, tous les domaines !"

"Tout devrait rentrer dans l'ordre au début de l'année prochaine"

Cette situation est due à trois raisons, selon le ministère de l'Intérieur : une "insuffisance initiale de crédits", des "dépenses engagées en raison des événements en Nouvelle-Calédonie qui n'avaient pas été anticipées" et le "paiement des dépenses liées à la sécurisation" des Jeux Olympiques qui "n'avaient pas été évaluées à leur juste niveau".

Le ministère a donc dû "faire des choix" et de prioriser des dépenses, par exemple le carburant. Le paiement des loyers de septembre, octobre et novembre a été "reporté à décembre".


Mais les "loyers seront réglés", a précisé le ministère à l'AFP, qui dit attendre pour ce faire "la loi de fin de gestion et l'ouverture de nouveaux crédits en décembre", soit une enveloppe de 320 millions d'euros. "Il ne s'agit que d'un report de paiement, tout devrait rentrer dans l'ordre au début de l'année prochaine".

► Avec Louis Malléjac et Audrey Champigny

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