Ce jeudi 19 septembre au soir, un contrôle de gendarmerie a révélé des conditions indignes dans un hébergement accueillant des vendangeurs espagnols à Chaux (Côte-d'Or). 35 d'entre eux ont été relogés à Chorey-les-Beaune grâce au travail de la Préfecture, de la mairie et de bénévoles de la Croix-Rouge.
Jeudi 19 septembre, en début de soirée, des militaires ont procédé au contrôle d'un hébergement d'un prestataire viticole qui accueillait des vendangeurs espagnols.
Cette opération a révélé des conditions indignes ne permettant pas de maintenir cet hébergement ouvert.
"70 personnes dans deux maisons"
Dès l'arrivée des premiers vendangeurs il y a 15 jours, Philippe Balizet, maire de Chaux, s'est étonné du nombre de personnes accueillies au même endroit : "Ça m'a interpellé directement, donc j'ai prévenu la gendarmerie au cas où. Plus tard, j'ai appris qu'il y avait près de 70 personnes logées dans deux maisons appartenant à un sous-traitant agricole. On ne peut pas laisser faire ce genre de choses, je pense qu'il y a d'autres solutions qui existent."
Laissés sans domicile, 35 travailleurs ibériques ont ainsi été relogés en urgence dans un gymnase de Chorey-les-Beaune par la préfecture de la Côte-d'Or, des bénévoles de la Croix-Rouge et la mairie. Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon, confirme qu'une "enquête préliminaire" est "en cours pour conditions d'hébergement indignes et non déclaration d'hébergement collectif". Pour le moment, aucune garde à vue n'est "en cours", conclut-til.
Un départ en catastrophe pour les vendangeurs
C'est par un mail qu'une certaine Alizée a contacté France 3 Bourgogne vendredi. Elle se présente comme étant "l'une des vendangeuses". L'ouvrière agricole relate le contrôle de gendarmerie : "Hier soir à Chaux, un lieu de logement de vendangeuses, espagnoles pour la plupart, a été contrôlé à la suite d'une dénonciation du village. Selon la MSA (mutualité sociale agricole), ce sont les pires conditions de vie qu'ils ont vues."
Si elle explique que certaines personnes se sont vues proposer d'être logées par un agriculteur, toutes n'ont pas accepté l'offre. "Personne ne parle Français", précise-t-elle. "Ils ont été emmenés à 5 h du matin à la gare de Beaune après une journée de travail qui commençait à 6 h jusqu'à 18 h, sans argent, sans couverture..." Alizée confie que "le patron" a donné "150 € pour qu'ils partent, certifiant un virement plus tard". Dans son message, on apprend que les vendangeurs étaient employés depuis le jeudi 12 septembre.
Contactée, la vendangeuse n'a pas donné suite aux sollicitations de France 3 Bourgogne pour le moment.
20 bénévoles de la Croix-Rouge mobilisés
"On a été déclenchés à 19h19 précisément", se rappelle Christophe Talmet, le président de la Croix-Rouge de Côte-d'Or. "C'est dans les missions de la Croix-Rouge, on a répondu à l'appel de la Préfecture pour aider à reloger 35 vendangeurs espagnols en urgence, parce que, pour la plupart, ils n'avaient aucune solution, que ce soit pour dormir ou pour rentrer chez eux."
Ce genre de mission, c'est l'une des raisons d'être de la Croix-Rouge
Christophe Talmetprésident de la Croix-Rouge de Côte-d'Or
20 bénévoles de la Croix-Rouge ont donc mis en place un centre d'hébergement d'urgence à Chorey-les-Beaune grâce à la mairie. "On a installé ce qu'il fallait dans la salle des fêtes et le gymnase", explique Christophe Talmet. "Il y avait de quoi manger, des douches et des lits. Quatre de nos bénévoles sont restés toute la nuit jusqu'à 10 heures du matin pour aider."
La préfecture et la Croix-Rouge ont ensuite aidé les travailleurs à organiser leur retour pour l'Espagne. "Certains sont partis en FlixBus, d'autres ont rejoint la gare, les derniers ont levé le camp ce samedi matin", conclut le président de la Croix-Rouge.
Les services de la Préfecture précisent que "le travail des services de l'État est toujours en cours pour les aider" et qu'une dizaine de vendangeurs sont toujours en Côte-d'Or pour tenter de "trouver de nouvelles opportunités".