Face à la flambée des prix de l'énergie et pour éviter une augmentation des impôts, la mairie de Migennes a décidé de ne plus payer l'électricité aux associations de la commune. Un coup dur pour les Restos du Cœur, alors que le nombre de bénéficiaires augmente fortement cet hiver.
Chaque année dans leur hymne, Les Enfoirés chantent que nous n'avons "plus le droit, ni d’avoir faim, ni d’avoir froid". Ce refrain, la mairie de Migennes (Yonne), semble l’avoir oublié selon les représentants locaux des Restos du Cœur. Depuis ce 1er janvier, la commune ne paye plus le chauffage dans le local mis gratuitement à disposition de l’association.
La facture s’élève à 1 800 euros tous les ans et pourrait encore augmenter en 2023. "C’est un manque à gagner pour les Restos. Des charges en plus, c’est des repas en moins que l’on peut distribuer. Les conséquences sont surtout là", explique Alain Servion, président des Restos du Cœur de l'Yonne.
300 personnes aidées chaque semaine par les Restos à Migennes
Pour ce dernier, le maire de Migennes est le seul du département à prendre une telle décision, alors que l’association vient chaque semaine en aide à environ 300 personnes dans sa commune. "Il refuse systématiquement de nous voir. Il n’y a aucune discussion possible avec lui. On trouve ça dommage car c’est eux qu’il met en danger. Toutes les autres villes continuent à payer de l’électricité. Toutes les villes qui nous prêtent un local payent l’eau, l’électricité et le gaz", détaille Alain Servion.
Dans l’Yonne, les Restos du Cœur disposent de 320 bénévoles répartis dans 15 centres. Du côté de Migennes, les responsables de l’association doivent s’adapter. Mais pas question de couper les congélateurs pour la nourriture.
"On ne pourra pas investir dans la restauration des locaux ou l’achat de véhicules frigorifiés. On va reporter des investissements et faire le nécessaire pour que les bénéficiaires aient quelque chose à manger malgré ce coup dur financier", avance Bénédicte Maison, vice-présidente des Restos du Cœur de l'Yonne
Pour rappel, le nombre de bénéficiaires des Resto du Cœur a bondi de 12 % par rapport à l’hiver dernier en France. 60 % d’entre eux vivent dans l’extrême pauvreté, avec moins de la moitié du seuil de pauvreté (qui s’établit à 1 102 euros par mois).
Le maire défend la décision
Contacté, le maire de Migennes, François Boucher (LR) justifie et défend sa décision, validée par les 22 élus de la majorité au conseil municipal – les 7 élus d’opposition ont voté contre. Il rappelle qu’elle concerne toutes les associations locales. "Nous sommes en pleine crise énergétique, toutes les municipalités auront un mal fou à boucler leur budget", explique-t-il, évoquant les 450 000 euros d’économies que la commune doit trouver.
Les contrats flambent ! On n’a rien contre les Restos du cœur, au contraire. Mais nous ne reviendrons pas sur la politique de bonne gestion. On ne peut pas augmenter les impôts
François Boucher, maire (LR) de Migennes
Selon le maire, le gaz et l’électricité ont respectivement augmenté de 360 à 160 % dans sa commune. Les associations continueront de ne payer aucun loyer mais toutes doivent désormais assumer elles-mêmes leurs charges. "Juridiquement, il n’y a aucune autre solution que celle-là. On leur demande de reprendre à leur compte les compteurs électriques. Ils auront une augmentation moindre que nous, peut-être 15 à 30 %", assure-t-il.
Chaque année, la ville accorde 100 000 d’euros de subventions aux associations locales. "On ne les a jamais baissé depuis que nous sommes élus ! Mais l’argent public est rare. Qui paye maintenant ? Les habitants. Ils ne peuvent plus financer toutes les taxes. À un moment stop !", se défend l'élu.
En cas de retour à une situation normale, François Boucher assure que la commune de Migennes reprendra l’aide aux associations.