Un nouveau variant de la fièvre catarrhale ovine se propage dans le nord de la France depuis début août. Pour éviter une large contamination, une "zone régulée" est mise en place, touchant 800 communes en Bourgogne-Franche-Comté. L'État a lancé une campagne de vaccination, sur la base du volontariat.
C'est la nouvelle grande inquiétude des éleveurs. La fièvre catarrahale ovine se propage depuis le nord de la France, où de plus en plus de communes de départements proches de la Belgique sont touchées par la maladie. Les symptômes principaux sont la coloration de la langue en bleu, mais aussi des animaux qui se mettent à baver, qui commencent à avoir du mal à se mouvoir et à s'alimenter.
Pour tenter de lutter contre cette épidémie, une "zone régulée" a été mise en place sur certains territoires, et évolue chaque semaine "en fonction de la confirmation de nouveaux foyers", précise le Ministère de l'Agriculture. Au début de la semaine, seules onze communes de Côte-d'Or étaient concernées par ce périmètre selon la préfecture du département, mais ce vendredi 16 août, la zone de vigilance s'est grandement étendue sur tout le nord de la Bourgogne et de la Franche-Comté.
Désormais, 354 communes de l'Yonne sont concernées, tout comme 278 communes dans le département de Côte d'Or, ainsi que 168 communes de Haute-Saône. Avec des conséquences directes sur les élevages bovins, caprins et ovins : l'annulation de certains concours, mais aussi des exports suspendus malgré la vaccination, au cas par cas en fonction des politiques de chaque pays.
En cas d'infection, une perte possible de "30% sur les moutons"
Ces conséquences, Julien Pané, éleveur spécialisé en race Île-de-France à Dampierre-en-Montagne et président du syndicat d’élevage ovin de Côte-d'Or, en est bien conscient. Mais il tient avant tout à rappeler les effets plus graves que pourraient avoir des contaminations sur les exploitations. "C'est une maladie transmise par les moustiques, à laquelle les moutons sont très sensibles", explique-t-il.
D'autant plus que si la fièvre catarrhale est présente en France depuis 2017, ici, "c'est un nouveau variant", le sérotype 3, ou BTV3, que l'on a "jamais eu", confirme l'éleveur. Sa propagation a débuté aux Pays-Bas en 2023, avant de se répandre en Belgique, en Allemagne, et d'arriver il y a deux semaines en France.
Selon Julien Pané, sans traitement et en cas d'infection de ses troupeaux, "on pourrait avoir une perte de 30% sur les moutons", avec un "réel impact économique". Il reste cependant prudent, au vu de l'absence de retours de ses collègues touchés dans les autres départements, mais invite les agriculteurs à la plus grande prudence : "on incite vraiment les agriculteurs à être vigilants, même si certains sont réticents."
Une campagne de vaccination volontaire financée par l'État lancée lundi
La bonne nouvelle pour les éleveurs, c'est qu'un vaccin existe pour lutter contre la fièvre ovine catarrhale. "On m'a rapporté que le prix d'une dose serait autour de 4€ la dose", estime le président du syndicat d'élevage ovin.
Mais aucun exploitant n'aura à financer cette vaccination importante : les services de l'État ont lancé lundi "une campagne vaccinale ciblée" sur la base du volontariat, "avec la fourniture par les services de l’État de doses de vaccin gratuites aux éleveurs", précise la préfecture de Côte-d'Or par communiqué.
"On est très satisfaits de l'attitude de l'État, il y a un gros effort pour prendre en charge la vaccination, d'autant plus que les anciens variants n'avaient pas fait l'objet de ce type de campagne", se réjouit Julien Pané. Selon lui, "la zone de vigilance va s'étendre [sur le territoire], c'est inévitable", même si l'échelle de cette extension est très incertaine, et qu'elle dépendra de nombreux facteurs aléatoires, comme le climat.