Dans l'Auxois, en Côte-d'Or, on élève une race de chevaux de trait qui fête ses 111 ans en 2024. Mais avec seulement une centaine de naissances par an, ces "trait-Auxois" sont aujourd'hui menacés. La filière essaie donc de la relancer en organisant des concours d'élevage.
Une tête courte, des oreilles prononcées, une encolure musclée... et puis "une belle ligne de dos, une bonne arrière-main, un jarret bien prononcé, de bons aplombs", détaille Arnaud Dupaquier, éleveur à Posanges (Côte-d'Or). Voilà, en somme, ce qui fait un cheval de trait-Auxois.
"On était moins productif"
Élevée en plein cœur de la Bourgogne, cette race fête, en 2024, ses 111 ans. Pourtant, un siècle après sa naissance d'un croisement entre l'ardennais belge et le nivernais, elle fait face à l'éventualité de la disparition. "Au niveau national, on ne compte qu'une centaine de naissances par an", affirme Alexandra Bailly, présidente de l'Union du cheval de trait-Auxois.
Un déclin largement dû à l'évolution des pratiques agricoles, et particulièrement à la démocratisation des tracteurs. Car le trait-Auxois, en raison de sa puissante carrure, était très utilisé pour le travail dans les champs ou les vignes. "Comme ils sont très musclés mais pas trop larges, ils sont idéaux pour passer entre les rangs de vignes", explique Arnaud Dupaquier.
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"Ils étaient également utilisés au départ pour le labour des terres", abonde Alexandra Bailly. "Et puis ils servaient aussi pour le débardage du bois dans le Morvan. Mais le travail était plus pénible et fastidieux, plus lent avec des chevaux. On était moins productif. Les tracteurs ont fini par les remplacer."
De fait, de moins en moins d'éleveurs se consacrent à cette race en particulier. "L'élevage de trait-Auxois est aujourd'hui un élevage passion, plus un élevage de métier." Ce qui, d'ailleurs, est le cas d'Arnaud Dupaquier : "mon arrière-grand-père a commencé, mon grand-père et mon père ont continué, et j'essaie de le faire à mon tour... mais pour gagner de l'argent, on élève des vaches à côté."
Faire découvrir la race
Pour endiguer le déclin de la race, des concours d'élevage sont régulièrement organisés dans la région. "Ils ont pour but premier de montrer nos chevaux au grand public", souligne Florian Bizouard, président du jury du concours de Vitteaux (Côte-d'Or), qui s'est tenu jeudi 15 août. "Le fait de les présenter au grand public, ça encourage les échanges entre éleveurs et novices, qui pourraient avoir un coup de foudre pour ces chevaux."
Plus on montre la race, plus on a de chances d'avoir des acquéreurs, donc plus on a de chances d'avoir des poulains qui naissent.
Florian Bizouard,président du concours d'élevage de chevaux trait-Auxois de Vitteaux
La filière espère ce faisant voir grimper la valeur marchande de la race. Et, par la même occasion, faire augmenter le nombre de naissances chaque année. "À 100, 120 par an, on est à un seuil critique", indique Florian Bizouard. L'ambition : dépasser, dans un avenir proche, les 150 naissances à l'année.