Vingt-sept cadres de l'ex-Front National comparaissent ce lundi 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris. Parmi eux : Marine Le Pen, Louis Aliot ou Julien Odoul. Ils sont soupçonnés d'avoir détourné de l'argent du Parlement européen au profit du parti d'extrême droite. Le préjudice est estimé à près de 7 millions d'euros.
Le parti de Marine Le Pen a-t-il renfloué ses caisses en se servant de l'argent du Parlement européen ? C'est tout l'enjeu du procès qui s'ouvre pour deux mois ce lundi 30 septembre au Tribunal correctionnel de Paris. Vingt-sept cadres de l'ex-Front National (devenu Rassemblement National) sont jugés pour détournement de fonds publics et complicité.
Des têtes d'affiche de l'extrême droite française figurent sur le banc des prévenus : Marine Le Pen, le maire de Perpignan Louis Aliot, l'ancien vice-président du parti Bruno Gollnisch, ou encore le très médiatique Julien Odoul, porte-parole du RN et député de la troisième circonscription de l'Yonne depuis 2022.
Un système d'emplois fictifs
La justice les soupçonne d'avoir participé à un système d'emplois fictifs au Parlement européen entre 2004 et 2016. Des assistants d'eurodéputés rémunérés par Bruxelles auraient travaillé partiellement, voire à plein temps, pour le parti à la flamme.
L'enquête a débuté en mars 2015, quand le Parlement européen a saisi l'office anti-fraude de l'Union Européenne. Les investigations ont ensuite été confiées fin 2016 à deux juges d'instruction financiers parisiens.
Les magistrats suspectent le RN d'avoir détourné "de manière concertée et délibérée" les enveloppes allouées chaque mois aux eurodéputés pour rémunérer leurs assistants parlementaires, afin d'économiser sur les salaires du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Un préjudice de 6,8 millions d'euros, d'après une estimation du Parlement européen de 2018.
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Julien Odoul recruté à Bruxelles au service de Marine Le Pen ?
L'Icaunais Julien Odoul est lié à cette affaire en tant qu'ancien assistant parlementaire de l'eurodéputée Mylène Troszczynski. D'après nos confrères du Monde, il aurait été recruté pour renforcer le cabinet de Marine Le Pen. Le journal cite un SMS qu'il lui envoie en février 2015, cinq mois après son embauche à Bruxelles.
Serait-il possible que je vienne à Strasbourg demain pour voir comment se déroule une session au PE, rencontrer députés et assistants et faire la connaissance de Mylène Troszczynski à qui je suis rattaché ?
SMS de Julien Odoul à Marine Le Pen, le 10 février 2015Journal Le Monde
Le député de l'Yonne n'a pas répondu à nos demandes d'interview. Durant ce procès qui doit durer jusqu'au 27 novembre, trois audiences par semaine sont prévues. Les prévenus encourent une amende d'un million d'euros, ainsi qu'une peine de dix ans de prison.