Le 18 décembre, la clinique vétérinaire avec laquelle ils travaillent a décidé de fermer son activité rurale. Conséquence, plusieurs éleveurs sont inquiets. Ils se retrouvent seuls dans la période essentielle du vêlage.
"C'est plutôt dramatique. Je ne sais pas comment ça va finir car il n'y aura pas de solutions mises en place pour le 19 décembre". Jérôme de Winter est désemparé.
Eleveur laitier à Hauterive, il a reçu de la part de la clinique vétérinaire avec laquelle il travaille un courrier lui indiquant la fin de l'activité rurale, l'activité consacrée aux animaux dits de rente : bovins, ovins, moutons, chevaux.
A la tête d'un cheptel de 70 vaches laitières, en pleine période de vêlage, la mise bas chez les vaches, il va se retrouver sans vétérinaire. "A partir du 19 décembre, on sera livré à nous-mêmes puisqu'aujourd'hui, on n'a aucun vétérinaire susceptible d'assurer un service de remplacement pour l'instant."
On peut être amené à perdre un animal. Cela fera encore une perte et cela engendrera des souffrances en plus aux animaux"
Cette fermeture d'activité va priver plusieurs agriculteurs d'un vétérinaire proche et suscite leur inquiétude. L'accès aux soins va devenir de plus en plus compliqué. "On peut être amené à perdre un animal. Cela fera encore une perte et cela engendrera des souffrances en plus aux animaux", déplore l'agriculteur.
La période de vêlage est une période à risques où des opérations en urgence peuvent être pratiquées comme les césariennes d'urgence. "On risque d'appeler incessamment sous peu un vétérinaire pour tout ce qui est vêlage", explique le jeune agriculteur.
Autre problème, la prophylaxie, la surveillance des maladies chez les bovins. Pour cet éleveur, elle ne devrait plus être assurée par la clinique à partir de début janvier. "Reste à savoir s'ils tiennent parole. On verra par la suite."
Un contrôle traumatisant pour deux jeunes vétérinaires
Contacté, François Mestrallet, le président de la clinique du Sel du Buisson de Villefargeau, cette décision fait suite notamment au départ de sa vétérinaire, responsable de l'activité rurale. "A partir du moment où l'on est vétérinaire rural, on doit assurer la permanence des soins et vous devez être disponible 7 jours sur 7. Cela veut dire que vous devez travailler beaucoup. Cela a entrainé du stress chez notre vétérinaire responsable et elle a décidé d'arrêter."
Mais c'est un contrôle de la brigade nationale d'enquêtes vétérinaires et phytosanitaires (BNEVP) qui a surtout pousser le président de la clinique à stopper l'activité de vétérinaire rural.
Ces jeunes vétérinaires ont été littéralement dégoutés.
Deux jeunes vétérinaires, franco-espagnols qui étaient en formation dans la clinique ont été, selon lui, "confrontés à un contrôle qui les a traumatisé et dégoutés". Ce qui les aurait incité à partir et ne pas continuer dans cette voie rurale. Les deux jeunes ont décidé de partir dans le sud et de continuer dans l'activité canine. "Ces jeunes vétérinaires ont été littéralement dégouté", rapporte le responsable de la clinique.
Le président de la clinique vétérinaire estime aujourd'hui qu'il n'a "plus les moyens de faire assurer la clientèle rurale à Villefargeau. Je n’ai plus l’envie de recruter pour ça car ce n’est pas vivable. On ne peut pas continuer comme ça."
Les syndicats réagissent
Les représentants syndicaux déplorent cette situation et travaillent en ce moment avec les services de la préfecture et de la chambre d'agriculture de l'Yonne afin de trouver une solution.
"Les élevages ont besoin de vétérinaires donc c'est un arrêt brutal. Cela les met en difficulté car trouver des solutions en 15 jours avec les fêtes, cela ne va pas être facile," prévient Damien Brayotel, président de la Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles de l'Yonne.
Pour Maxime Boucher, président des jeunes agriculteurs de l'Yonne, "cela pose un énorme et réel problème pour notre département et pour la filière élevage. Nous sommes aujourd’hui avec le reste de la profession à la recherche d’une solution."
Une réunion devrait être organisée pour tenter de trouver une solution d'urgence pour les éleveurs.
Une crise de vocation
Cette situation met en lumière les difficultés à recruter des jeunes vétérinaires ruraux. Avec davantage de contraintes que dans la médecine pour animaux de compagnie, la crise de l’élevage, la désertification, les vétérinaires ruraux se font de plus en rares dans les étables.
Jérôme de Winter peut en attester. "Cela fait quelques années qu'on va droit dans le mur. On ne cesse de diminuer le nombre de cheptels dans l'Yonne. Dès lors qu'il y a moins d'élevages, cela a des conséquences sur d'autres secteurs comme le secteur vétérinaire. Il y a un effet domino".
Le constat d'un cercle vicieux partagé par Damien Brayotel. "On manque de vétérinaires. L'arrêt d'un vétérinaire qui avait une zone importante cela met beaucoup de monde en difficulté."