Plus d'une semaine après le début du procès de Monique Olivier à Nanterre, que retenir ? Parole de l'ex-femme de Michel Fourniret, réactions des familles des victimes... France 3 fait le point.
Le 28 novembre s'est ouvert un procès attendu par tout un pays. Celui de Monique Olivier, l'ex-femme de Michel Fourniret. Elle est jugée pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre d'Estelle Mouzin, de Marie-Angèle Domèce, et Joanna Parrish.
Celui qu'on surnomme l'ogre des Ardennes a reconnu en 2018 avoir enlevé et tué Marie-Angèle Domèce dans l'Yonne. Mais son corps n'a jamais été retrouvé. Joanna Parrish a été retrouvée morte en 1990 dans une rivière à Monéteau (Yonne). L'autopsie a révélé qu'elle avait été violée et battue à mort. Elle est l'une des nombreuses victimes du tueur en série.
Monique Olivier, plus libérée et prête à révéler la vérité ?
C’est la première fois que Monique Olivier est sur le banc des accusés sans Michel Fourniret, mort en 2021. Durant ce procès, on sent la femme âgée de 75 ans beaucoup plus libérée, peut-être parce qu’elle n’est pas sous l’emprise de son ex-mari. Elle s’exprime plus facilement, et les familles des victimes confiaient en avoir besoin.
"Il y a eu un changement entre le début du procès et maintenant. Au début, elle parlait très peu et avec une petite voix. Depuis, elle est plus affirmée, elle répond aux questions. Mardi, elle a été interrogée pendant sept heures où elle a été poussée par les juges", raconte Audrey Champigny, l'une des journalistes de France 3 Bourgogne qui couvre le procès.
Monique Olivier a dévoilé de nouveaux détails sur la chronologie des faits, mais ils ne concordent pas avec les rapports des enquêteurs. "Mais on sait maintenant que Joanna Parrish a été appâtée par annonce pour donner des cours au fils du couple, et que Joanna Parrish est la victime de Michel Fourniret qui a été la plus torturée", souligne Audrey Champigny.
“Ça a dû le contrarier de savoir qu’elle avait un petit ami et qu’elle n’était plus vierge", explique Monique Olivier lors du procès. "Il voulait toujours être le premier donc ça l’a énervé. Pour lui, les femmes ce n’est rien, il les méprisait.”
Les familles des victimes soudées
On assiste également à beaucoup de solidarité entre les familles des victimes. À chaque début ou reprise d'audience, ils arrivent tous ensemble et s'assoient aux premiers rangs. "Lorsque le père de Joanna Parrish avait fini de témoigner, le père d’Estelle Mouzin a posé sa main sur son épaule comme pour lui faire savoir qu’il n’était pas seul, qu’il savait ce que c’était."
Il n’y a pas un seul jour sans qu'on ne pense à elle, la douleur de son absence n’a jamais disparu.
Roger ParrishPère de Joanna Parrish
Dans la salle, on voit les membres des familles s’échanger des regards, donner des accolades. Quand une personne est à la barre, on sent beaucoup d’empathie de la part des familles.
Ces dernières sont persuadés que Monique Olivier a joué un rôle majeur dans l'enlèvement de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin. L'ex-femme de Michel Fourniret a jusqu’à présent dédramatisé son rôle dans ces affaires, même si elle reconnaît certains faits et s'est excusée publiquement.
Le président de la cour et la justice contestés
On note aussi que le président de la cour d’assises est loin de faire l'unanimité. Il faut savoir que le procès de Monique Olivier dure trois semaines, et qu’il y a un planning à respecter. Tout est minutieusement préparé : qui parle, quand s'exprimer à la barre et combien de temps… Les premiers jours, ce sont les familles des victimes qui ont été entendues.
On n’arrivera jamais à obtenir une quelconque réponse de Monique Olivier en procédant ainsi.
Éric MouzinPère d'Estelle Mouzin
Ces dernières estiment que c’est à ce moment-là que Monique Olivier aurait dû être interrogée. "Pour les familles, elle ne pourrait ne plus se souvenir de tout vu son âge. Il aurait fallu lui poser des questions à chaud lorsqu'elle écoutait les témoignages des proches des victimes", explique Audrey Champigny.
Le président a préféré s’en tenir au planning. Sur celui-ci, l’ex-femme de Michel Fourniret devait être interrogée plus tard dans le procès.
Une décision vivement contestée par les familles des victimes. Didier Seban, avocat de la partie civile, a reproché à Didier Safar de ne pas bien faire son travail. Selon lui, le président de la cour d’assises est passé trop vite au moment du témoignage de Monique Olivier à la barre. Didier Safar a vite désamorcé la bombe, il a bien entendu les requêtes mais doit s’en tenir au planning.
D’autres manquements reviennent dans les discussions. Il est reproché aux enquêteurs de l’époque de ne pas avoir bien fait leur travail. Pour les familles des victimes, le rapprochement entre les affaires a été trop long, alors que les meurtres s'enchaînaient. L'attente entre le meurtre de Marie-Angèle Domèce, en 1988, et le procès de Monique Olivier est également jugée interminable.
Le procès de Monique Olivier continuera jusqu'au 15 décembre. Les familles des victimes ont encore espoir de faire toute la lumière sur la mort de Joanna Parrish, Marie-Angèle Domèce et Estelle Mouzin.