Monique Olivier, l'ex-femme du tueur en série Michel Fourniret, est jugée à la cour d'assises de Nanterre depuis ce mardi 28 novembre. Entre tristesse, colère et frustration, le déroulement du procès a heurté les familles des victimes et leurs avocats, déçus de ne pas pouvoir interroger l'accusée.
"On n’arrivera jamais à obtenir une quelconque réponse de Monique Olivier en procédant ainsi", regrettait dans une colère froide Éric Mouzin, le père d'Estelle Mouzin, une des victimes de Michel Fourniret, en sortant de la salle d'audience.
Depuis ce mardi 28 novembre, Monique Olivier, ex-femme du tueur en série tristement célèbre Michel Fourniret, est jugée à la cour d'assises de Nanterre pour complicité dans les enlèvements et les meurtres de Joanna Parrish, Estelle Mouzin et Marie-Angèle Domèce. À la sortie de la salle d'audience ce vendredi 1er décembre, cette première semaine laisse de nombreux regrets aux familles des victimes et leurs avocats.
"J’étais un peu choqué par la manière d’interroger les derniers témoins"
Accompagné par Didier Seban, l'avocat de parties civiles, Éric Mouzin ne tenait pas en place. "On nous explique que c’est compliqué d’interroger Monique Olivier, qu’il faut du temps, qu’il faut la laisser s’exprimer…" a-t-il commencé, la voix agacée dans le micro d'Audrey Champigny. "Or, depuis le début de l’audience, chaque fois qu’il est question de poser une question à Monique Olivier, le président refuse. La première matinée, quand on a présenté les personnalités de l’enquête, il a interrompu Monique Olivier à chaque fois qu’elle parlait pour aller vite. On a l’impression d’être à la SNCF, ce n’est pas possible."
"Là on a l’impression qu’il faut aller vite pour tenir le délai, j’étais un peu choqué par la manière d’interroger les derniers témoins."
Éric Mouzinpère d'Estelle Mouzin
Pour son avocat, même son de cloche, la manière dont le président Didier Safar mène le procès ne correspond pas à l'attente des familles après toutes ces années. Son regard noir trahissait ses émotions alors qu'il expliquait : "On a l’impression qu’on fait ce procès juste pour mémoire. On a affaire à quelqu’un qu'il faut interroger, réinterroger et encore interroger pour essayer d’avancer sur une vérité. […] Il faut créer les conditions du contradictoire et du débat, ça passe par une audience d’assises qui soit vivante et qui ne soit pas seulement un planning".
Au-delà d'obtenir des réponses, il y a le sentiment que depuis toutes ces années l'affaire n'avance plus. Pour le père d'Estelle Mouzin, depuis que Michel Fourniret a reconnu avoir tué sa fille, il y a toujours cet espoir de retrouver le corps, qui dépend grandement d'une éventuelle information de Monique Olivier. Malgré plusieurs fouilles, ni le corps d'Estelle Mouzin, ni celui de Marie-Angèle Domèce n'ont encore été retrouvés à ce jour. "On s’attendait vraiment à autre chose au bout de tout ce temps-là", a-t-il lâché avec dépit.
"Je n'ai pas de mot pour dire ce que je pense de cette justice"
La famille Domèce aussi attendait beaucoup de cette première semaine. C'est en juillet 1988 que Marie-Angèle Domèce a disparu à 18 ans. Elle devait aller prendre son train à Auxerre pour rejoindre sa famille d'accueil.
Pour les sœurs de cette disparue de l'Yonne, il y a cette sensation que la justice les a laissé tomber, déjà à l'époque, mais toujours aujourd'hui. Corinne Herrmann, leur avocate, a partagé les ressentiments de ses clientes : "Marie-Angèle était vraiment l’affaire pauvre dans ce dossier et si on s’était intéressé à elle peut-être que les autres victimes n’auraient pas existé. Elles pensent qu’elles n’ont pas été considérées, même en tant que famille, même quand elles ont voulu déclarer les choses. Je n’ai pas de mot pour dire ce que je pense de cette justice".
Selon l'AFP, lors du procès, Patricia Domèce, présente en visioconférence, a déclaré avec tristesse : "La justice n'a rien fait. Ils ont fermé les yeux sur nous, les enfants de la DDASS (Direction départementale des affaires sanitaires et sociales)". Dans un sanglot glaçant, Véronique Domèce, son autre sœur, a décrit Marie-Angèle comme une "jeune fille timide" et "gentille". "Elle adorait quand on sortait en boîte toutes les deux", relayait Audrey Champigny, notre journaliste présente sur place.
Le procès de Monique Olivier continuera jusqu'au 15 décembre. D'ici-là, les familles des victimes espèrent obtenir des réponses de l'ex-femme de Michel Fourniret.