À Saint-Florentin, dans l'Yonne, un rassemblement d'une centaine de personnes a dégénéré devant la gendarmerie ce jeudi soir. Les manifestants dénoncent une "bavure" et réclament "justice pour Ayman", cet homme touché au menton par un tir lors d'une interpellation musclée dans une station-service.
Il n'était pas l'homme recherché ; le véritable suspect est toujours en fuite. Le parquet d'Evry le confirme : Ayman, cet habitant de Saint-Florentin touché au visage par un tir de la police mercredi lors d'une interpellation dans une station-service, n'était pas la bonne personne. Hier soir, amis, famille et habitants de Saint-Florentin, se sont rassemblés pour exprimer leur colère envers ce qu'ils estiment être une "bavure policière".
Feux de poubelles, jets de projectiles, gaz lacrymogènes
"Justice pour Ayman", réclamaient les participants à la marche. Ils étaient entre 100 et 150, selon le comptage de France 3 Bourgogne. Le rassemblement a dérapé lorsque le cortège est arrivé devant la gendarmerie de Saint-Florentin : feux de poubelles, matériel de chantier incendié, obstacles déposés sur la route, projectiles. En face, les forces de l'ordre ont répliqué avec des jets de gaz lacrymogène. Les tensions sont retombées peu avant minuit.
La famille d'Ayman précise qu'elle se désolidarise de ces violences. Hier, la sœur du jeune homme a confié à France 3 être "triste, choquée et en colère". Son frère est "défiguré" selon elle, et très marqué psychologiquement.
Le vrai suspect toujours en fuite
La scène s'est déroulée mercredi, à la station-service de l'Intermarché de Saint-Florentin. Vers 17h10, des policiers en civil tentent d'interpeller les occupants d'une Peugeot 208 grise qui fait la queue pour payer après avoir fait le plein. Sur des images de vidéosurveillance, on voit les policiers encercler le véhicule et braquer leurs armes. Le conducteur démarre et prend la fuite. C'est à ce moment-là que les coups de feu sont tirés.
Ayman, le conducteur, est touché. Il perd connaissance quelques rues plus loin et est interpellé. Sauf qu'il n'est pas la bonne personne : c'est en réalité l'un des deux passagers que les policiers voulaient arrêter, et cet homme est toujours en fuite. Il est soupçonné de violences sur fond de trafic de stupéfiants.
"On peut estimer raisonnablement qu'il y a eu quatre tirs d'arme à feu"
Hier après-midi, le procureur de la République d'Auxerre Hugues de Phily a précisé les circonstances des événements. "Un équipage de police de région parisienne suivait un individu recherché par le parquet d'Evry, et l'a localisé à Saint-Florentin où il a fait l'objet d'une tentative d'interpellation. À cette occasion, il y a eu tirs d'arme à feu."
Hier, le procureur restait très prudent et refusait d'être catégorique : "On peut estimer raisonnablement qu'il y a eu quatre tirs. Nous avons eu un blessé léger, cette blessure est probablement due à ces tirs d'arme à feu." Le blessé, c'est en l'occurrence Ayman, touché au visage. Selon sa sœur, il s'est enfui "par réflexe de survie, en voyant des hommes en civil, avec une arme à feu, ouvrir sa portière".
"Il y a quand même eu des tirs en centre-ville, dans une zone dense. Il est bon de savoir pourquoi on a tiré."
Hugues de Phily, procureur
Le procureur d'Auxerre a demandé à la police judiciaire, en cosaisine avec l'IGPN, "de mener une enquête à la fois sur les faits commis par le fuyard et aussi de faire toute la lumière sur ces départs d'arme à feu."