Au service des habitants de Sens pendant près de 15 ans, Marie-Louise Fort était aussi fortement engagée au niveau national. Elle a notamment joué un rôle essentiel dans la reconnaissance pénale de l'inceste, qui a marqué un tournant majeur dans le combat contre ce fléau.
Tous la décrivent comme une femme de convictions. Et c'est peut-être de cela dont on se souviendra à l'avenir, lorsque le nom de Marie-Louise Fort sera évoqué : son engagement pour les plus démunis. "Elle se battait toujours pour les gens qui étaient en difficulté", se remémore Ghislaine Pieux, adjointe au maire de Sens en charge de la santé. "Elle aimait réellement les gens."
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Une carrière politique de plus de 45 ans
Marie-Louise Fort débute sa carrière politique en 1977, lorsqu'elle intègre le conseil municipal de Saint-Clément, une petite ville en périphérie de Sens. "Elle est alors arrivée dans un monde d'hommes", explique Clarisse Quentin, deuxième adjointe au maire de Sens. "C'était extrêmement compliqué de se faire un chemin."
Mais Marie-Louise Fort parvient bel et bien à se faire sa place. En 1979, elle devient elle-même adjointe, avant d'être élue présidente de la communauté de communes du Sénonais en 1992. "C'était son premier combat : que les femmes politiques puissent exister", affirme Dominique Vérien, sénatrice (UDI) de l'Yonne.
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À peine dix ans plus tard, elle marque définitivement les esprits en remportant les élections municipales à Sens. Elle devient ainsi la première femme à accéder à un poste de maire d'une grande ville en Bourgogne. Une ascension qui connaît une poussée fulgurante en 2007, lorsqu'elle est élue et députée et accède ainsi à l'Assemblée nationale. Réélue en 2012, elle quitte finalement le palais Bourbon en 2017 pour se consacrer entièrement à sa ville.
"C'est l'une des premières à avoir évoqué ouvertement le sujet de l'inceste"
C'est peut-être ce qui restera sa plus importante victoire : la reconnaissance pénale de l'inceste. En 2009, avec une cinquantaine d'autres députés, elle dépose une proposition de loi visant à lutter plus efficacement contre l'inceste. Un projet initié par sa rencontre avec Ghislaine Pieux, elle-même victime d'inceste pendant son enfance. "Quand je lui ai apporté ce débat, elle n'était pas encore députée", se souvient-elle. "Mais c'est tout de suite devenu un vrai sujet pour elle et elle s'est immédiatement engagée."
Je lui ai demandé d'inscrire l'inceste au code pénal pour que ce soit vraiment reconnu comme un crime spécifique. Ce qu'elle a fait.
Ghislaine Pieux, adjointe au maire de Sens en charge de la santé
"C'est énorme ce que ça a changé", juge Marie Mercier, sénatrice (LR) de Saône-et-Loire. "Grâce à elle, l'inceste a été reconnu comme un crime, la société le reconnaît comme tel, et la justice a désormais des peines pour ça."
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Après plus de quatre décennies d'engagement en politique, Marie-Louise s'est donc éteinte dans la nuit du 23 au 24 septembre. Elle avait 71 ans.