Lundi soir, trois jeunes ont été interpellés dans le quartier des Chaillots à Sens (Yonne), dans le cadre d’une enquête pour des faits de violence commis en mars 2021. Depuis l’an dernier, les incidents se multiplient dans ce quartier populaire de la ville. Retour sur ces épisodes de violences urbaines.
Feux de poubelles, commerce vandalisé, policiers légèrement blessés … Le 12 mars 2021, les habitants du quartier des Chaillots de Sens vivaient une nuit agitée. Près d'un an après les faits, trois jeunes âgés de 20 à 21 ans ont été interpellés lundi et devaient être jugés ce mardi après-midi en comparution immédiate. Ils sont poursuivis pour atteinte à l'autorité, dégradation de bien public, entrave à la circulation et violences sur policiers en réunion avec détention d'armes. L'audience a finalement été renvoyée au 15 février prochain.
C'est la troisième nuit de violence en moins d’un an aux Chaillots. Un quartier dit sensible, à une centaine de kilomètres de Paris et qui fait régulièrement l’objet d’interventions contre le trafic de drogues. Coïncidence ou pas, les violences précèdent régulièrement des opérations anti-drogue programmées depuis plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
Interrogée au printemps dernier, la maire de Sens, Marie-Louise Fort (LR), rappelait que ces phénomènes de violences urbaines n’étaient pas « complètement nouveaux, mais sans atteindre ce degré-là ». Et depuis un an, ces violences se multiplient.
Nuit du 12 au 13 mars 2021
Ce sont les locaux qui en prennent plein la poire. Les bâtiments sont dégradés, tout est brûlé, ils cassent les portes …
Un riverain du quartier des Chaillots
Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 mars 2021, une quarantaine de jeunes incendient poubelles et voitures, vandalisent un salon de coiffure et blessent légèrement quatre policiers. Un déchainement de violence qui pourrait être lié aux interpellations effectuées quelques jours avant, visant les acteurs d’un trafic de drogue. Insupportable pour les habitants : « ce sont les locaux qui en prennent plein la poire. Les bâtiments sont dégradés, tout est brûlé, ils cassent les portes … Ce ne sont pas les jeunes qui payent, ce sont les locataires. Et ça c’est inadmissible ».
Eric Henry, représentant du syndicat Alliance Police Nationale, déplore à l’époque le manque d’effectifs « au sein de la circonscription pour juguler cette délinquance qui peut pourrir la vie du quartier et donner une image loin du bien vivre ensemble de la ville ».
Nuit du 5 au 6 juin 2021
Le matin du 6 juin 2021, les habitants du quartier des Chaillots découvrent les incidents de la nuit, trois magasins saccagés et cambriolés, des poubelles et des voitures prises pour cible, un mât de vidéosurveillance scié et des caméras détériorées par une trentaine de jeunes. Dans la soirée, des tirs de mortier avaient retenti au sein de la cité entre minuit et trois heures du matin. « Tout est cassé à l’intérieur, les vitrines, les ordinateurs, même le garage a été visée », raconte la gérante de la station-service, l’une des boutiques prises pour cible.
Dans un communiqué, la maire de Sens, Marie-Louise Fort, condamne ces actes « dont la violence est encore montée d’un cran ». De son côté, la sous-préfecture évoque même un « guet-apens », dans ce quartier où le trafic de stupéfiants a pris de l’ampleur depuis les deux dernières années.
Nuit du 15 au 16 janvier 2022
Derniers incidents en date, ceux de ce début d’année. Le 16 janvier, entre quatre et six heures du matin, une quinzaine d’individus cagoulés s’en prennent à une armoire électrique et plongent le quartier dans le noir. Des feux de poubelles sont déclenchés et la pharmacie des Chaillots est vandalisée. « On est repartis pour à nouveau des violences, déplore la maire, qui réclame des renforts de police sur le long terme. Je considère que dans une ville moyenne comme la nôtre, ça commence à bien faire », .
C’est désormais une délinquance qui vient toucher une commune qui apparaissait tranquille et qui est désormais une grande banlieue parisienne
Gérald DarmaninMinistre de l'intérieur
Interrogé sur le sujet lors d’une visite dans un commissariat du Jura le 17 janvier, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin a assuré qu’il fallait d’abord « former, recruter et ensuite mettre des policiers dans les commissariats. La promesse de l’Etat sera tenue. Sans doute qu’à Sens comme ailleurs - parce que c’est désormais une délinquance qui vient toucher une commune qui apparaissait tranquille et qui est désormais une grande banlieue parisienne – il y a des besoins particuliers ». L’enquête pour retrouver les auteurs de ces violences est en cours. Une compagnie de CRS a été déployée en renfort dans le quartier des Chaillots.