Violences urbaines en Bourgogne : "c’est de pire en pire. On n’en peut plus"

Le week-end a été émaillé par de nouvelles tensions et destructions en pleine nuit dans certains quartiers sensibles de Dijon (Côte-d’Or) et Sens (Yonne). Pour certains habitants, la situation devient intenable.

Le 15 juin dernier, une expédition punitive menée par 150 Tchétchènes faisait 20 blessés dans le quartier des Grésilles à Dijon (Côte-d’Or). Dans les quatre nuits qui suivirent, les habitants du secteur ont subi et assisté à de nouvelles fortes tensions. Des événements qui ont choqué l’opinion publique et fait la une des médias.

Près de 9 mois plus tard, s’il n’a plus connu de faits d’une même ampleur, le quartier est toujours marqué par des problèmes de violences civiles et urbaines. Le 25 février dernier, les Grésilles ont été placés sous le label de "quartier de reconquête républicaine" (QRR) par la préfecture de Bourgogne-Franche-Comté.

Ce samedi 13 mars au soir, des habitants ont entendu plusieurs détonations de tirs de mortier à partir de 20h30 et des véhicules ont été incendiés. Des faits provoqués par des différends privés selon nos informations. "On a vu de la fumée, ça sentait le brûlé, décrit une résidente qui vit aux Grésilles depuis près de dix ans. C’est dramatique. Quand on est dans son logement, on se pose des questions, la peur prend le dessus".

Les violences urbaines ce sont des destructions et incendies de véhicules, des tirs de mortier, des destructions de nos boîtes aux lettres et le vol de leurs contenus, des motos qui font des rodéos. C’est un contexte de peur.

Une habitant du quartier des Grésilles, Dijon

Le 8 mars dernier, le quartier avait déjà été en proie à des faits similaires, les locaux entendant en effet des tirs de feux d’artifice sur les coups de 20h30 et deux véhicules étant brûlés. "On a trop de violences urbaines. Je vis dans la peur depuis un certain nombre d’années", confie la retraitée. En une décennie, cette dernière a vu les tensions augmenter progressivement dans le quartier, et n'a constaté aucune amélioration malgré certaines annonces en juin dernier et la venue du ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti le 2 septembre 2020.

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Un quartier en proie aux trafics

"On n’avait pas tous ces problèmes il y a quelques années. Tout ça est lié au fait qu’il y a plus de banditisme, et face à cela il n’y a aucune répression. Notre quartier est un quartier de non-droit". Pour elle, ce sont les trafics de drogue et d’armes qui gangrènent le secteur. Le 11 mars dernier, la police y a d’ailleurs procédé à une importante saisie.

"On est dans un système d’insécurité. Ce sont des bandits qui détruisent le quartier. On a un quartier de gens simples, qui galèrent pour obtenir des petites choses. Et tout leur est détruit. Ils n’ont aucune barrière, et tant qu’ils n’en ont pas ce sera dramatique.".

Des habitants réclament une surveillance renforcée

La résidente réclame alors le renforcement des effectifs de police. "Il faudrait de nombreux policiers et gendarmes. Des caméras de surveillance, ce serait aussi un premier pas. On a une caméra mais elle ne filme rien. Il en faudrait une qui soit dirigée vers notre copropriété pour la protéger", exhorte-t-elle.

À Sens dans l’Yonne, les forces de l’ordre réclament elles-mêmes des moyens plus importants pour répondre aux violences urbaines. Ce vendredi soir, plus de 40 personnes ont incendié des poubelles et des voitures, vandalisé une boutique et blessé légèrement quatre policiers dans le quartier des Chaillots.

Eric Henry, représentant du syndicat Alliance Police Nationale dans le département, affirme qu'"il y a un besoin urgent d'effectifs au sein de la circonscription pour juguler cette délinquance, qui peut pourrir la vie du quartier et donner une image qui n'est pas représentative du bien vivre ensemble à Sens".

Les habitants du quartier des Chaillots expriment également leur colère : "C'est les locaux qui en prennent plein leur poire. Les bâtiments sont dégradés, tout est brûlé, ils cassent les portent. Ce ne sont les jeunes qui payent, ce sont les locataires directement. Et ça c'est inadmissible".

Des violences urbaines parfois expliquées par le contexte social au sein de ces quartiers. Ainsi, aux Grésilles, le taux de chômage est trois fois plus élevé que la moyenne française.

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