Un médecin cubain qui rêve de travailler dans l'Yonne menacé d'expulsion

Dans l'Yonne, un médecin originaire de Cuba rêve d'exercer son métier à Joigny. L'hôpital, en manque de bras, est prêt à l'engager s'il obtient son titre de séjour. Mais la préfecture a refusé sa demande d'asile et veut l'expulser.

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Arael Ortiz Cartier est médecin, spécialisé en chirurgie orthopédique et en traumatologie. Pourtant, à 54 ans, le voilà obligé de se nourrir auprès des Restos du cœur. "Partout où je vais pour demander du travail, on me dit : 'désolé Monsieur, mais sans titre de séjour il est impossible pour nous de vous en donner', raconte-t-il. Il y a beaucoup d'endroits où on cherche du monde, mais c'est impossible pour moi d'obtenir un travail."

Le Docteur Ortiz Cartier est cubain. L’envoi de médecins dans des États étrangers qui en manquent est une pratique courante pour son pays. En 2016, ils étaient 50 000 praticiens expatriés. Arael, lui, a été envoyé en zone de guerre, au Yémen. Il a fui ce système en s’installant à Joigny.

Un médecin de perdu pour le territoire

"Mon grand rêve serait d'exercer en tant que médecin, ici en France, et de m'installer comme spécialiste d'orthopédie et de traumatologie, ou d'utiliser mes compétences dans le domaine du sport", poursuit-il. Avec tout le temps qu'il a pour réfléchir, il n'arrête pas de se demander : "Quand est-ce que je pourrai aider un peu plus les autres ?"

Après le refus de son titre de séjour, Arael a reçu l’ordre lundi de quitter le territoire français. Une situation dommageable également pour les Joviniens. L’hôpital de Joigny, en manque de personnel, lui avait promis de l’embaucher s'il obtenait ses papiers. C'est donc un médecin de perdu pour le territoire.

Certains habitants, comme Frédéric, ont décidé de le soutenir. "On va renvoyer à Cuba un homme qui est ici, qui est prêt à travailler, à faire l'effort d'apprendre à maîtriser la langue française, fait-il valoir. Je trouve qu'il y a quelque chose qui cloche dans notre administration française. J'espère que le préfet va utiliser les droits qui sont les siens pour trouver une solution qui lui permette de rester ici."

La réponse de la préfecture de l’Yonne est peu encourageante : "En France, la pratique d'une profession dans le champ de la santé est réglementée pour assurer la sécurité des patients", oppose-t-elle. Avant de rajouter que le Docteur Ortiz Cartier n’a pas la possibilité de travailler dans le monde médical "en l’absence d'une attestation d'exercice de la médecine en France".

À court de recours, Arael et Frédéric espèrent interpeller les autorités pour faire bouger les choses. Si le médecin est renvoyé à Cuba, il a de grandes chances d’y être emprisonné pour désertion médicale.

Propos recueillis par Louis Mallejac et Audrey Champigny.

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