Yonne : "On rumine, on pleure, c’est très dur", un second confinement difficile à vivre pour les personnes âgées

Ce second confinement est plus mal vécu que le premier sur un plan psychologique, notamment pour les seniors comme c'est le cas à Joigny, dans l'Yonne. Depuis le premier confinement, élus et bénévoles s'activent pour maintenir le lien social et venir en aide aux plus isolés. 

"C’est affreux, c’est épouvantable mais ce moment est difficile pour tout le monde. Le confinement, il le faut, il n’y a pas de problème. Mais cet horrible virus empoisonne la vie, gâche tellement de choses et cela crée de la distance, obligatoire, mais c’est très dur à vivre seul. On rumine, on pleure, c’est très dur." Au téléphone, ce matin, nous avons réussi à joindre Jacqueline Sturtzer. 

Agée de 86 ans, cette habitante vit seule et ne peut pas bouger de son domicile en raison de soucis physiques. Aujourd'hui, elle doit de nouveau vivre confinée et isolée seule chez elle. Une période compliquée. "Ce second confinement, il est très très difficile à vivre."
 

Plus de 500 seniors suivis 

Alors pour qu'elle ne se sente pas isolée et qu'elle conserve un lien social, elle reçoit presque quotidiennement l'appel d'un agent ou d'un élu de la municipalité de Joigny. Sur les 1250 seniors que compte Joigny, ce sont près de 500 personnes qui sont appelées au quotidien par les agents de la Ville ou des bénévoles de l'association les Petits frères des pauvres. 

La municipalité veut renforcer ce dispositif d'aide et notamment sur la question de la mobilité. "S’ils ne peuvent pas faire leur course ou autre, c’est parce que la mobilité n’est pas là. Cela va être être un travail très important à mener", explique Bernadette Monnier

Un service d'écoute mis en place par la mairie

Depuis le premier confinement, une petite cellule, composée de plusieurs conseillers municipaux a été mise en place par la mairie de Joigny. L'objectif est d'être à l'écoute des seniors et de leurs besoins. 

"On leur demande leur besoin et tous les vendredis, on se retrouve pour rassembler mutualiser les informations", explique Bernadette Monnier, adjointe aux personnes âgées. "Tous les renseignements remontent ensuite au centre communal d'action sociale afin que les actions deviennent concrètes sur le terrain. Bien souvent, ils ont peur de sortir donc ils sont contents que l’on soit le relais de leur vie coutumière. Mais ils ont surtout besoin qu’on leur téléphone car ils s’ennuient."
 

L'occasion pour ces seniors de régler des soucis de courses, de médicaments, de livraisons de repas, d'aide à domicile mais surtout l'occasion d'échanger, de discuter et de se confier. "Beaucoup se renferment sur eux. Quand on les appelle, ils ont parfois du mal à parler. certains sont dans un état un petit peu dépressif donc on est là pour les aider". 
 

Sans eux, je serais complètement perdue."

Jacqueline Sturtzer, 86 ans, habitante de Joigny.



Pour Jacqueline, cette initiative solidaire portée par la ville est essentielle pour tenir le coup moralement. "Cette équipe, qui nous soutien, c’est magnifique car sans eux, je serais complètement perdue. Nous sommes nombreux à avoir besoin de ce soutien car il y a trop de gens malheureux."

Quand on les appelle, les témoignages sont assez noirs. On a des seniors qui s’effondrent en larmes."

Nicolas Soret, maire de Joigny.



Etat dépressif, sentiment d’abandon et de rejet, solitude, beaucoup de personnes âgées comme Jacqueline traversent une période particulièrement difficile de leur existence depuis le début de ce nouveau confinement. 

Un constat réalisé par Nicolas Soret, le maire de Joigny. "Ce deuxième confinement est plus dur sur un plan psychologique car il y a un cumul de choses. Il y a ce sentiment d’injustice d'être confiné chez soi. Il y a le fait que pour la deuxième fois, on prive ces personnes de lien social en général, de liens familiaux car ils ne voient plus leurs enfants et leurs petits-enfants parce que que ces derniers ne veulent pas prendre risque de les contaminer. Et il y a bien sur l’absence de perspective immédiate sur les fêtes de Noël qui sont traditionnellement un moment où les familles se retrouvent. Quand on les appelle, les témoignages sont assez noirs. On a des seniors qui s’effondrent en larmes" relate l'élu. 

Opération "masqué mais pas isolé"


A Joigny, certaines entreprises de la "silver economy" ont décidé également de lancer des initiatives solidaires à l'égard des seniors. C'est le cas de Joachim Tavares, patron de la start-up papyhappy. Avec sa dizaine de collaborateurs, comme lors du premier confinement, il a pris l’initiative de proposer aux seniors d’appeler directement et gratuitement les équipes de la plateforme icaunaise. L'objectif est de nouer des liens au détour d’une conversation sur des thèmes de leur choix.  

"On a des gens qui nous appellent pour parler de tout et de rien. Si les gens s'ennuient, ils sont content de papoter et d'avoir quelqu'un qui les écoute", témoigne Joachim Tavares. La start-up a lancé cette plate-forme au niveau national. Tous les collaborateurs prennent les appels. 

Baptisée "Masqué mais pas isolé", cette opération relationnelle a pour but de favoriser le dialogue avec ces personnes âgées isolées. Le service est fonctionnel du lundi au vendredi de 9 heures à 16 heures.  
 

 
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