Le spécialiste du nucléaire Areva n'exclut pas des suppressions d'emplois dans le cadre du plan de redressement qu’il a dévoilé en partie mercredi 4 mars 2015. De son côté, le ministre du Travail François Rebsamen assure qu"à ce stade aucune suppression de poste n'a été évoquée".
La situation est suivie de près en Bourgogne où la filière nucléaire représente environ 10 000 emplois. En Saône-et-Loire, où le groupe possède plusieurs site, la CGT a annoncé il y a quelques jours craindre des restructurations.
Les salariés du site de Saint-Marcel se disent très inquiets depuis l'annonce du plan de redressement.
Reportage : Gabriel Talon et Jean-Louis Saintain / Montage : Philippe Sabatier
Intervenants :
- deux salariés
- Philippe Varin, président du conseil d'administration d'AREVA
- François Rebsamen, ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social
- Patrick Buchot, délégué syndical CFDT
- François Maitre, délégué syndical CGT
Pourquoi Areva doit faire un milliard d'euros d'économies
Le groupe doit ses résultats catastrophiques aux difficultés (retards et surcoûts) engendrées sur les projets d'EPR Olkiluoto 3 en Finlande, et de Flamanville en France, au fiasco financier de l'acquisition d'Uramin en 2007, à la morosité du secteur nucléaire depuis l'accident de Fukushima en 2011 et aux pertes dans ses activités dans les énergies renouvelables. A l'avenir, le groupe entend se recentrer sur "le coeur des procédés nucléaires" et faire de son développement en Chine une priorité.Le groupe nucléaire a confirmé mercredi une perte record de 4,8 milliards d'euros pour 2014 et a annoncé un plan de redressement incluant notamment 1 milliard d'euros d'économies d'ici 2017, d'importantes cessions et un recentrage stratégique. Mais, il a remis à plus tard le volet social de ce plan.
Y aura-t-il des licenciements ?
"Nous ferons tout pour que, s'il doit y avoir des départs, ils se fassent sur la base du volontariat", a déclaré le directeur général du groupe Philippe Knoche lors d'une conférence de presse à l'occasion de la présentation des résultats du groupe, détenu à plus de 87% par des capitaux publics.Areva prévoit d'engager "à partir de la fin du mois de mars" une phase de concertation avec les organisations syndicales sur "un projet d'accord-cadre" relatif à "l'emploi, aux rémunérations et au temps de travail", a indiqué la direction.
Le ministre du Travail, François Rebsamen a assuré sur France Inter que le gouvernement suivait "de près" le dossier et qu"à ce stade aucune suppression de poste n'a été évoquée, notamment lors d'une rencontre lundi avec le président du conseil d'administration d'Areva, Philippe Varin en présence du ministre de l'Economie Emmanuel Macron. "S'il y avait des suppressions de postes cela se ferait bien sûr sans licenciements", a-t-il affirmé.
De son côté, Emmanuel Macron avait aussi assuré mardi soir qu'il n'y aurait "en aucun cas de carnage social" chez Areva.
Quelles sont les solutions envisagées par Areva ?
Areva a un besoin urgent de se renflouer mais n'annoncera un plan de financement 2015-2017 que d'ici à la publication de ses résultats semestriels le 30 juillet.Le groupe a cependant d'ores et déjà annoncé une nette réduction des investissements qui seront ramenés à moins de 3 milliards d'euros d'ici 2017 contre 4,6 milliards entre 2012 et 2014.
il y aura aussi un programme de cessions d'actifs supérieur aux 450 millions d'euros annoncés en octobre dernier.
Le groupe annonce aussi "la levée de financements bancaires au niveau des actifs industriels" et "des partenariats comportant un volet financier".
Un rapprochement capitalistique avec EDF, qui pourrait prendre une participation dans le groupe ou dans certains actifs, n'est pas exclu, mais des discussions sur ce point n'interviendront que "dans un second temps", a affirmé Philippe Knoche.
La "refonte" du partenariat entre l'électricien et le spécialiste du nucléaire qu'annonce Areva pourrait aller "jusqu'à un rapprochement, y compris capitalistique", a également affirmé Emmanuel Macron dans un entretien au Figaro paru mercredi.